Les réseaux sociaux : de Facebook aux nouveaux intranets, la généralisation des réseaux sociaux

par Thomas Chaimbault

Alain Lefebvre

Dessins de Fix
2e éd. actualisée et augmentée, Paris, M21 Éditions, 2008, 200 p., 24 cm
ISBN 978-2-9162-6031-0 : 23 €

Consultant TIC et fondateur d’un réseau social professionnel, Alain Lefebvre évoque dans son dernier ouvrage la montée en puissance des logiciels sociaux. Conscient de la rapidité d’évolution de ces derniers, l’auteur nous propose une seconde édition revue et augmentée d’un développement sur l’utilisation de ces logiciels dans les intranets des entreprises.

Fondements historiques et conceptuels des logiciels sociaux

Les logiciels sociaux sont d’abord définis et limités aux outils centrés autour de profils d’usagers et permettant d’afficher la liste des connexions de ces derniers. Exeunt les services de partage de contenus comme Flickr ou YouTube, le propos va essentiellement évoquer des outils comme LinkedIn, MySpace ou Facebook et leur utilisation d’un point de vue professionnel.

Après un rapide historique des différents mouvements ayant mené au succès actuel d’un Facebook, l’auteur explique plus longuement les concepts qui sous-tendent le succès des réseaux et des logiciels sociaux. Il revient ainsi sur la théorie du sociologue Milgram selon laquelle les individus ne seraient pas séparés de plus de six degrés et qui souligne l’importance d’une dynamique de réseau, dont la valeur serait d’autant plus forte que le réseau est important. Il aborde également le concept de la force des liens faibles, imaginé par le sociologue américain Granovetter. Ce dernier affirme que nos liens faibles, par exemple les personnes avec lesquelles nous entretenons un lien occasionnel, peuvent apporter plus d’informations et d’opportunités que les liens forts, notamment parce qu’ils évoluent dans des sphères différentes. La richesse d’un réseau social vient donc de cette visibilité qu’il donne au-delà du premier cercle du réseau relationnel. Voire, il dessine des liens potentiels, amis d’amis, qui pourront former la matière d’un « capital relationnel ».

Participer revient également à assurer la visibilité de son identité numérique, l’ensemble de ces traces que l’on laisse sur internet. Une gestion nécessaire, puisque nombre de recruteurs feraient des recherches sur leurs futurs collaborateurs dans des moteurs de recherche au moment de l’entretien d’embauche, mais une gestion difficile à contenir et maîtriser. Par la « mise en relation », les logiciels sociaux participent de cette hypervisibilité, mais ils permettent également de gérer efficacement sa réputation en ajoutant de la transparence et donc de la crédibilité à l’information proposée, notamment en dévoilant le parcours d’une personne et en affichant son signal social, des données éphémères indiquant ce qu’elle cherche, ce qu’elle est (son humeur), ce qu’elle veut, ce qu’elle rejette, etc. Le signal social permet une visibilité constante et l’animation de sa présence sur le web. Une fonction que l’on retrouve d’ailleurs dans le succès d’outils de micro-blogging comme Twitter.

Usages des logiciels sociaux

Les logiciels sociaux s’adressent à tous. Sans changer profondément la façon dont les professionnels entrent en relation les uns avec les autres, ils généralisent les possibilités de se créer un réseau et offrent de la visibilité à chacun. Dans le milieu de l’entreprise cité par Alain Lefebvre, les réseaux apparaissent utiles pour développer ses affaires, rechercher un poste ou un candidat, trouver des experts, retrouver des contacts depuis longtemps perdus de vue, voire piocher des profils hors du commun dans la « longue traîne ». Il s’agit donc de développer son réseau, gérer, afficher sa présence en ligne et se mettre en avant ; autant d’actions dont on a besoin tout au long de sa carrière, qu’on soit étudiant ou professionnel confirmé.

Au-delà, c’est la mise en place de tels réseaux dans les intranets des organisations que l’auteur préconise. Par l’utilisation d’applications « peopleware » regroupant les profils des agents riches de ce qu’ils recherchent, ces logiciels pourront mettre en relation les bons contenus, synthétisés sous forme de tags, avec les bonnes personnes. Il n’en sera ensuite que plus facile de mettre en place des outils permettant aux collaborateurs d’échanger, partager et, partant, de faire avancer les projets. Pour le mettre en œuvre, l’auteur propose soit de créer un nouveau réseau soit d’utiliser les profils déjà créés dans des logiciels existants et d’y interfacer les services de l’organisation, à l’instar de ce qu’a déjà développé l’université de Lyon-1 qui propose un accès vers sa plateforme pédagogique Spiral depuis Facebook.

Le livre se veut pratique. Il est volontairement didactique, agrémenté de dessins humoristiques et de captures d’écran. Le propos, renforcé par des témoignages et des encadrés donnant un sentiment de vécu aux affirmations, se veut simple et accessible. On peut certes regretter parfois le ton trop familier et péremptoire des démonstrations qui gâche l’impression finale, mais il n’empêche que l’ouvrage constitue une bonne entrée en matière sur les logiciels sociaux.