Médial a 20 ans
Gil-François Euvrard
La journée « Médial a 20 ans * » s’est tenue le 1er décembre 2008 dans la salle d’honneur du rectorat de l’académie Nancy-Metz. Au-delà de l’anniversaire du centre régional de formation aux carrières du livre et des bibliothèques (CFCB) pour l’Alsace, la Lorraine et la Champagne-Ardenne, anniversaire accompagné d’un hommage appuyé rendu par de nombreux intervenants à l’action de Maurice Didelot, ancien directeur, cette journée a permis de réunir en un même lieu tous les acteurs de la politique de formation aux métiers des bibliothèques de la région, qu’ils soient responsables, enseignants ou stagiaires.
Retours sur l’histoire des CFCB
Après les allocutions d’accueil de Julien Barthe, directeur de Médial, et d’Herbert Néry, directeur de l’IUT Nancy-Charlemagne, une première table ronde, « La création des CFCB », animée par Christophe Pavlidès (Médiadix) a permis, avec les interventions d’Isabelle Dussert-Carbone, Gérard Briand et Cécil Guitart, de rappeler les objectifs poursuivis et les difficultés rencontrées pour parvenir à l’installation de douze CFCB en 1987 et 1988. Il fallait repenser entièrement le dispositif, pour répondre aux besoins liés à des recrutements massifs. Prendre en compte la réorganisation des examens et concours, ainsi qu’assurer la formation des futurs professionnels, constituaient les axes majeurs de la politique à construire.
Les intervenants ont rappelé les réticences et obstacles rencontrés, soulignant que, sans la volonté conjointe de trois directeurs, Denis Varloot (Direction des bibliothèques, des musées et de l’information scientifique et technique), Jean Gattégno (Direction du livre et de la lecture) et André Miquel (Bibliothèque nationale), les objectifs n’auraient pu être atteints. Passer de 28 centres de formation à 12 CFCB fut l’occasion d’un appel d’offres national au caractère tout à fait révolutionnaire pour l’époque.
La seconde table ronde, « La création de Médial », animée par André Markiewicz (directeur de la bibliothèque municipale de Nancy), fut l’occasion de retracer le long chemin parcouru par le centre nancéien. En préambule, Maurice Didelot rappela les différentes étapes « locales » qui ont conduit Médial à devenir un acteur reconnu. Jacqueline Quesada, directrice de la BM de Ludres, et Pierre Bruthiaux, directeur de la BM de Laxou, ont ensuite souligné la qualité des formations dispensées, la réussite revenant pleinement aux équipes successives de professionnels d’origines multiples. Répondre aux besoins de formation initiale et continue et être capable d’anticiper constituaient des préoccupations majeures pour l’enseignement.
Comme l’a rappelé Philippe Alexandre, enseignant à Nancy-2, l’ouverture vers d’autres bibliothèques dans le cadre de voyages d’étude a contribué à faire évoluer la réflexion sur les orientations prévisibles. Roger Mossovic, libraire, insista de son côté sur les liens tissés au sein de Médial entre les différents professionnels du livre.
La communication de Daniel Renoult, doyen de l’Inspection générale des bibliothèques (IGB), apporta ensuite un regard rétrospectif sur la formation dans les bibliothèques avant de fournir quelques pistes de réflexion sur le devenir et les contenus de la formation professionnelle.
Quelques thèmes fédérateurs apparaissent autour du patrimoine, des métiers du livre, des sciences de l’information ; il est nécessaire de veiller à ce que l’offre prenne en compte la demande et que les enseignements puissent s’ouvrir aux universitaires. La formation professionnelle est un enjeu majeur : de nombreux bibliothécaires doivent être formés, la formation continue se structure, de nouveaux parcours se dessinent, un nouvel équilibre est à trouver entre formations initiale et continue, qui intègre le principe d’une formation tout au long de la vie.
Vingt ans au service des bibliothèques
Pour cette seconde thématique, deux tables rondes à nouveau. La première, modérée par Jacques Deville, conseiller livre et lecture à la direction régionale des affaires culturelles de Lorraine a montré, par les interventions de Jean-Marie Arnoult (IGB), Isabelle Chave (directrice des Archives départementales des Vosges) et Philippe Hoch (conseil général de Moselle), la diversité des interventions de Médial – des collections patrimoniales aux archives et à l’action culturelle.
La seconde table ronde, modérée par Valérie Tesnière (IGB), réunissait autour de la thématique « Coopération et réseaux, utopie et réalisations » plusieurs intervenants d’horizons divers. Maurice Didelot a évoqué les différents aspects que recouvre la coopération : outils bibliographiques, partenariats, réseau national de l’Abes, avant de rappeler les réalisations en matière d’outils et de catalogues collectifs. Gilles Pierret, directeur de la Médiathèque musicale de Paris, évoqua le rôle des 65 bibliothèques municipales dans la politique culturelle de la capitale, avant que Georges Perrin (IGB) ne rappelle la création des pôles associés, les chantiers de la conversion rétrospective des fonds anciens et la mise en œuvre du Sudoc, vue du service commun de documentation d’Aix-Marseille-1.
À sa suite, Raymond Bérard, directeur de l’Abes, présenta le Sudoc comme une « utopie réalisée », avec un système unique pour l’accès et la localisation des documents (25 millions dans le catalogue), la rationalisation du travail de catalogage et la constitution d’un vaste réseau de bibliothèques utilisatrices.
Il revenait à Dominique Arot, président de l’Association des bibliothécaires de France (ABF) de conclure l’échange sur l’importance de l’échelon régional en matière de coopération et de rappeler que l’ABF soutient le principe d’une loi qui préciserait le partage des compétences en matière de bibliothèques entre communes, départements et régions.
Michel Melot eut le mot de la fin. Il dressa tout d’abord un bilan positif des vingt dernières années, avec le développement des BDP et des BM, mais aussi avec la BnF, cette dernière faisant longtemps figure de monstre avant d’être « domestiquée par les bibliothécaires volontaristes qui en avaient la charge » ! Puis il évoqua un avenir fait de questions : l’ouverture le dimanche, à l’instar des autres structures culturelles, le positionnement sur les nouvelles technologies de l’information via internet, et de défis : l’autonomie des universités, l’intercommunalité et le développement des bibliothèques scolaires… Autant de besoins en formation.