Le catalogue de la bibliothèque à l’heure du web 2.0 : étude des opacs de nouvelle génération
Tosca Consultants
Paris, ADBS éditions, 2008, 305 p., 24 cm
Coll. Sciences et techniques de l’information, ISSN 1762-8288
ISBN 978-2-8436-5105-2 : 26 €
Avec Le catalogue de la bibliothèque à l’heure du web 2.0, l’indispensable Marc Maisonneuve propose l’étude fouillée de dix produits qui s’efforcent, avec plus ou moins de bonheur, de porter les catalogues en ligne de bibliothèque « au niveau » des outils de recherche très majoritairement privilégiés par les internautes. Les guillemets s’imposent là où d’aucuns pourront parler plutôt de régression que de progression. Certes, comme le dit le proverbe, « la simplicité est le fruit d’un long travail », mais considérer la fameuse interface Google comme l’aboutissement de l’ergonomie en ligne semblera singulièrement réducteur.
Une caractéristique paradoxale
Dans une solide « introduction » documentée et argumentée, l’auteur présente les caractéristiques plus ou moins communes de ces outils. La première, et non la moins paradoxale, est que, pour être efficace, l’interface « web 2.0 » du catalogue doit être gérée indépendamment du système intégré de gestion de bibliothèques (SIGB)… et de son module d’interrogation du catalogue. Un tel choix suppose la mise en place de mises à jour parfois complexes entre le SIGB et l’outil en question, où procédés off-line (disons : en différé) et solutions dynamiques sont, selon les cas, proposés. Ce type de solution fera surgir quelques nostalgies chez ceux qui ont connu les mises à jour dites en batch, mais laissera perplexe quant à l’avancée que constitue la consultation d’une base de données non mise à jour en temps réel.
Ce n’est évidemment pas là, mais dans les possibilités de recherche et d’affichage des données extraites du catalogue – que celles-ci soient exploitées sous forme Marc, XML, ou à l’aide de formats de métadonnées comme le Dublin Core – qu’il faut chercher les principales avancées de ces opacs (Online Public Access Catalogs) dits « de nouvelle génération ».
À la recherche, deux absolus s’imposent : proposer une recherche « à la Google » et exclure le silence dans les réponses. Du bruit plutôt que du silence : bibliographiquement résumé, voilà un concept un rien civilisationnel… On remarquera au passage que, tout comme Google, nombre de prestataires restent très discrets sur les moteurs de recherche qu’ils utilisent.
À l’affichage, l’exploitation de notices enrichies domine, que cet enrichissement soit le fait des usagers (commentaires sur les documents, nombre d’emprunts…) ou de services extérieurs : couverture du document, données biographiques relatives à l’auteur, critiques de provenances diverses, voire extraits conséquents – essentiellement dans le cas de livres. L’usage de Wikipédia, d’Amazon, est évoqué – ce qui ne manquera pas de relancer les polémiques sur ce type de sources.
Un principe de base
L’approfondissement d’une recherche par l’utilisateur semble guidé par un principe de base : ne pas supposer la saisie de nouvelles informations. L’utilisation des facettes (si pratiques dans le catalogue en ligne de La Redoute) est de plus en plus généralisée – même si l’application de cette notion n’a que peu à voir avec la fameuse mais mythique classification de Ranganathan. Les « nuages de mots » sont eux aussi la norme, même si on a (encore) le droit de rester perplexe quant à leur pertinence. L’élaboration de ces facettes et nuages de mots se fait de façon très variée suivant les logiciels étudiés, et l’auteur élabore à chaque fois une précieuse typologie, très utile pour le choix d’un produit selon les objectifs recherchés.
Enfin, ce sont les contributions possibles des usagers à la richesse du catalogue qui donnent la vraie « touch 2.0 » à ces opacs de nouvelle génération : commentaires, tags, notations et évaluations diverses sont autant d’interventions possibles. L’imitation (servile ?) des possibilités offertes par Amazon déjà cité, ainsi que d’autres, semble être devenue le nec plus ultra des développeurs, sans qu’on sache trop si cela correspond effectivement à une demande avérée des usagers.
Dernière innovation qui, celle-là, suscitera une adhésion sans réserve : l’adaptation des opacs aux besoins des déficients visuels, dont l’auteur rappelle opportunément qu’elle est rendue obligatoire par la loi du 11 février 2005 pour « l’égalité des droits et des chances […] des personnes handicapées ».
On peut se demander s’il y a encore quelque utilité à s’investir, en temps et en argent, dans la mise en œuvre d’un catalogue en ligne dont, si sophistiqué soit-il, toutes les (rares) études sur la question prouvent qu’il reste peu utilisé en bibliothèque. Même si Marc Maisonneuve souligne que « support d’une offre en ligne rénovée et adoption de l’ergonomie des outils de référence du web sont les deux caractéristiques des opacs de nouvelle génération », il n’est pas sûr que, même rénové, le catalogue soit un axe prioritaire d’évolution pour les gestionnaires d’établissements, confrontés à des choix, budgétaires et autres, autrement cruciaux.