Vers un nouvel espace d’information : innovations et rénovations

11e Conférence européenne des bibliothèques en santé et médecine (EAHIL)

Nathalie Berriau

« Vers un nouvel espace d’information : innovations et rénovations  1 », voilà le thème de la 11e Conférence européenne des bibliothèques en santé et médecine, « EAHIL 2008  2 », qui s’est déroulée du 23 au 28 juin 2008 à Helsinki.

Cette conférence a rassemblé des bibliothécaires et documentalistes venus de tous les continents, bien au-delà de l’Europe d’ailleurs puisque l’on pouvait y rencontrer des Australiens, des Canadiens… Bref, c’était l’Europe élargie qui avait rendez-vous à Helsinki  3.

Cette conférence a de quoi impressionner les nouveaux venus : environ 400 participants et exposants, 53 conférences, 50 posters, et une organisation sans faille.

Les deux premiers jours étaient réservés à des formations sur des sujets comme la recherche d’information sur les bases de données bibliographiques comme PubMeb ou Cochrane, le marketing efficace, comment devenir un praticien de la médecine basée sur les preuves, ou encore les bibliothèques et la santé à l’heure du web 2.0.

La partie scientifique du congrès avait pour trame de fond l’innovation et la réinvention dont doivent faire preuve les bibliothèques pour attirer et fidéliser leurs utilisateurs. Se servir des nouveaux outils du web 2.0 pour renouveler ses prestations de services, pour repenser ses relations avec ses lecteurs, pour faire redécouvrir à quoi sert une bibliothèque. Cette orientation sous-tendait la plupart des exposés sur les communautés virtuelles, la politique d’information en santé et la promotion de la santé, le développement éducatif et professionnel, les spécificités du domaine vétérinaire, etc. Que retenir de ce genre de grand-messe ? se demanderont certains. La crainte est toujours qu’on nous présente des projets gigantesques que personne ne peut reproduire dans son propre centre faute de temps, de personnel, d’argent. La variété des situations, la qualité générale des interventions, la mise en perspective des expériences présentées ont globalement évité cet écueil.

Heather Todd a présenté la réorganisation de la bibliothèque de l’université de Queensland, où l’on apprend avec plaisir que l’on peut relancer la fréquentation d’une bibliothèque en réservant des espaces selon les types de ses lecteurs : exhibitionnistes, voyeurs ou introvertis. Anne Collins, de la bibliothèque de l’université de Cambridge, a exposé son expérience de communauté de lecteurs qui, sollicités à distance, sans obligation de réponse, sans prévoir une seule réunion, se mobilisent pour donner leur avis sur les projets de la bibliothèque. Olivier Obst, de la bibliothèque de l’université et de la région de Munster, a discuté de l’urgente nécessité pour les bibliothèques d’avoir recours aux techniques de marketing pour de multiples raisons. Il a rappelé les deux principales qui sont la perte du monopole de l’accès à l’information et la baisse d’interaction avec les utilisateurs fréquentant moins les bibliothèques.

Ce congrès a montré que les préoccupations des bibliothèques en médecine et santé sont, somme toute, les mêmes que celles des autres domaines : s’adapter à de nouveaux outils, à un public aguerri à de nouvelles pratiques et qui souhaite avoir accès à tout rapidement. Les bibliothèques qui n’utiliseront pas les nouveaux web services comme les wikis, blogs ou autres objets identifiés du réseau social seront à très court terme en décalage avec leurs utilisateurs qui possèdent leurs propres blogs, alimentent des wikis, récupérèrent des fils RSS… Le piège serait d’être fasciné par les sirènes de la soi-disant modernité technologique et de -mettre en place des projets gadgets. On aura vu à Helsinki des expériences réussies, modestes ou non, alliant technologies et utilité pour les bibliothèques. Alors rendez-vous à Dublin en juin 2009 pour les prochains ateliers !