ISO/TC46 Information et documentation
35e Réunion annuelle
Sonia Bosc
L’ISO/TC46, comité technique « Information et documentation » de l’ISO, a été créé l’année même de la formation de l’ISO (International Standard Organization), en 1947. Le sujet de préoccupation majeur était, à l’époque, le développement des techniques de reproduction des documents : photocopie, photographie, micrographie.
Domaine d’action et représentativité du TC46
Aujourd’hui, le TC46 est au croisement de toutes les activités de la société de l’information.
Il doit répondre aux besoins créés par les répercussions des technologies électroniques sur la production, la gestion et la conservation de l’information. L’explosion du numérique produit une demande croissante de normalisation, à la fois pour assurer la maîtrise et la conservation du document virtuel mais aussi pour en garantir durablement l’accès et l’exploitation grâce à des systèmes de gestion interopérables.
Du 19 au 23 mai 2008, le TC46 a tenu à Stockholm, au siègle du Swedish Standards Institute, sa 35e réunion annuelle, avec plus de 160 participants représentant près de 30 pays. La participation s’élargit désormais aux cinq continents. Outre la forte représentation de l’Europe et du monde anglophone (jusqu’à la Nouvelle-Zélande), on a pu noter la présence, encore limitée il est vrai, de l’Afrique sub-saharienne (Kenya, Afrique du Sud) et surtout l’implication croissante de l’Asie (Japon, Corée du Sud, Chine). En revanche, on a regretté, cette année encore, des absences notables comme celles de la Russie, de l’Inde ou des pays arabes.
Chaque pays est représenté à l’ISO/TC46 par son organisme national de normalisation. En France, il s’agit de l’Afnor/CG46, commission générale « Information et documentation », miroir français de l’ISO/TC46. L’Afnor/CG46 est cofinancée par la Direction générale de l’enseignement supérieur, la Direction du livre et de la lecture et la Direction des archives de France. Depuis 2001, c’est cette instance de l’Afnor qui assure le secrétariat de l’ISO/TC46, dont la présidence est également exercée par la France 1.
Organisation du congrès et résolutions pour 2008
Comme chaque année, le congrès du TC46 a été l’occasion, pour ses quatre sous-comités spécialisés 2, de réunir leurs groupes d’experts internationaux afin de poursuivre les travaux en cours et de valider les projets immédiats en fonction de l’état d’avancement de chaque norme. À la fin de cette semaine de travail, les décisions des sous-comités ont été présentées puis adoptées, après discussion, en assemblée plénière, sous forme de Résolutions du TC46, qui constitueront, jusqu’au prochain congrès, le document de référence garantissant aux groupes d’experts la validité de leur programme de travail au regard des procédures de l’ISO 3.
Parmi les résolutions du congrès de 2008, on a noté des avancées marquantes :
• La création d’une liaison du TC46 avec l’IETF, Internet Engineering Task Force, qui est à l’origine des protocoles de communication sur lesquels fonctionne internet. L’objectif de cette liaison est l’information mutuelle des deux organismes de normalisation, en vue d’éviter les recouvrements de leurs travaux et les divergences de prescriptions qui pourraient en découler.
• Le développement rapide de plusieurs nouvelles normes techniques qui vont permettre de créer et de gérer en toute sécurité des services émergents dans les bibliothèques, comme l’utilisation de la RFID 4, l’archivage du web 5 ou l’identification de collections 6 présentant un intérêt particulier pour la recherche. Entre également dans cette catégorie la norme d’identification des « parties impliquées » à titre d’auteur, d’interprète, de réalisateur, etc., dans la publication d’une œuvre ; il s’agit de l’ISNI 7, norme destinée à faciliter la gestion des droits de propriété intellectuelle.
Par ailleurs, deux tendances se confirment en 2008 :
- Le souci d’assurer la continuité avec l’âge pré-informatique en mettant à jour d’anciennes normes nécessaires, mais rendues caduques par les nouvelles technologies. C’est une tendance qui se confirme depuis 2007 et qu’il faut saluer car, en raison de la lourdeur inhérente au travail normatif international, la tentation est grande, pour les pays, de reconduire formellement les normes lors de l’enquête quinquennale d’utilité effectuée par l’ISO, puis d’abandonner sans bruit, dans la pratique, les normes périmées et d’élaborer des règles locales sans se soucier de leur interopérabilité internationale. Il est donc positif que le TC46 ait résolu de remettre sur le métier trois sujets anciens, peu spectaculaires mais d’une importance cruciale pour la valorisation de la recherche et l’échange d’information scientifique : l’établissement des thésaurus et vocabulaires contrôlés 8, les références bibliographiques 9 et la présentation des thèses 10 – cette dernière proposition ayant été faite lors du congrès à l’initiative de la France.
- Le développement d’outils normatifs d’évaluation comparée des bibliothèques. À l’invitation de l’Unesco, le TC46 s’oriente de plus en plus vers des normes qui favorisent une véritable comparaison internationale des bibliothèques et de leurs activités 11. Dans le même esprit et sur la base d’un rapport technique allemand du DIN, Deutsches Institut für Normung, un nouveau projet de norme statistique vient d’être lancé sur les infrastructures 12 des bibliothèques.
Le TC 46 compte actuellement une trentaine de normes à son programme de travail. Le congrès de 2008 a confirmé son dynamisme et son ouverture aux besoins de secteurs professionnels de plus en plus diversifiés – records managers, sociétés de gestion de droits, consultants en ingénierie de l’information, industriels de l’édition et de l’audiovisuel, informaticiens, bibliothécaires, gestionnaires publics, architectes des bibliothèques – que réunit le besoin d’échanger et de conserver des données, et de gérer cette activité à la lumière d’indicateurs communs de performance et de qualité.
On voudrait insister ici sur l’importance de ces réunions annuelles de l’ISO/TC46 qui sont l’occasion, pour chaque pays, de mesurer son influence et de faire entendre sa voix dans les négociations. Cette année, certains groupes de travail se sont réunis sans aucune présence française, faute de délégués en nombre suffisant. Le monde des bibliothèques était représenté presque exclusivement par la Bibliothèque nationale de France. Il serait très souhaitable que les bibliothèques d’enseignement supérieur s’engagent davantage dans la normalisation internationale, dans leur propre intérêt, par l’intermédiaire de l’Afnor.
Pour 2009, le pays invitant est le Kenya. Si les conditions de sécurité n’étaient pas réunies, l’accueil du congrès serait assuré par la France.