Educación y biblioteca,
Madrid, Tilde, Asociación Educación y biblioteca, 2007
ISSN 0214-7491
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La revue espagnole spécialisée dans les bibliothèques scolaires et de jeunesse porte toujours un regard aussi aiguisé sur la littérature de jeunesse. De nouvelles rubriques apparues en 2007 dans la partie consacrée aux livres pour enfants en témoignent, nous en citerons quelques-unes aux titres particulièrement éloquents :
- « Cartes de navigation » propose à un auteur de faire la genèse d’une de ses œuvres.
- « Points de fuite » donne la parole ou plutôt crayons et pinceaux à un illustrateur encore peu connu.
- « Traces d’encre » effectue un retour sur les traces d’auteurs du xxe siècle que la revue voudrait contribuer à faire entrer dans l’histoire de la littérature de jeunesse.
- « Le galion de Manille » comme les vaisseaux espagnols du xvie siècle, ouvre de nouvelles voies et nous fait découvrir la production éditoriale de pays lointains tels que le Brésil et son original éditeur, Cosac Naify, féru d’arts plastiques.
Rappelons qu’Educación y biblioteca ne s’intéresse pas qu’au secteur jeunesse mais à tout type de bibliothèques et à tout sujet les concernant.
Une loi sur les bibliothèques
Fidèle à ses engagements, la revue a d’ailleurs largement pris part, l’an passé comme les années précédentes, aux débats, très vifs, sur le droit de prêt et sur une nouvelle loi relative aux bibliothèques. En effet, sous la pression de la Commission européenne, l’Espagne a dû se décider en 2007 à établir une redevance sur les prêts de livres. Elle s’élève à 20 centimes d’euros par ouvrage acheté et sera acquittée par l’État et les collectivités locales. Une exception est faite pour les bibliothèques scolaires et pour celles qui dépendent d’une collectivité comptant moins de 5 000 habitants. Bien que les textes soient désormais votés, Educación y biblioteca s’oppose toujours avec force à cette redevance et entend continuer le combat. La revue s’est ainsi intéressée aux analyses développées par des représentants des pays scandinaves qui sont mécontents eux aussi. Ces derniers avaient une tradition en matière de rémunération des auteurs bien antérieure à la directive européenne, mais cette question était liée aux politiques culturelles de leurs pays et non pas au problème du droit d’auteur. Comme leurs homologues espagnols, ils comptent défendre leur point de vue.
Educación y biblioteca s’est également fait l’écho des déçus de la loi sur les bibliothèques, celle-là même qui prévoit le paiement de la redevance. L’État espagnol a en effet voulu profiter de l’obligation qu’il avait de légiférer à propos du droit de prêt pour élaborer une nouvelle loi sur la lecture, le livre et les bibliothèques. Les représentants des bibliothécaires déplorent que cette loi ait été rédigée dans l’urgence. Les bibliothèques leur semblent y occuper la portion congrue et la définition du réseau espagnol des bibliothèques leur apparaît très réductrice (la Bibliothèque nationale et les bibliothèques universitaires ne seraient pas mentionnées clairement comme parties prenantes de ce réseau).
Les débats houleux qui ont accompagné l’émergence de la nouvelle loi ne sont sans doute pas étrangers au choix de consacrer en 2007 l’un des numéros de la revue à l’éthique du métier. Educación y biblioteca a tout d’abord confié à un philosophe le soin de définir les notions d’éthique et de déontologie, puis a pris l’avis d’un enseignant en sciences de l’information de l’université du Kent (États-Unis) qui ne cache pas la complexité du sujet. Les autres contributions permettent de s’interroger sur la place des bibliothèques et des bibliothécaires dans la société, sur le rôle qu’elles (qu’ils) ont à jouer en matière d’accès libre à l’information et d’éducation à l’information. Ainsi, un bibliothécaire de l’université polytechnique de Barcelone évoque le nécessaire équilibre entre droit d’auteur et droit à la culture et aborde la philosophie du libre. Quant au chef du service régional du livre des archives et des bibliothèques de Castilla La Mancha, il donne, dans un texte intitulé « Bibliothèque et éthique citoyenne », son opinion sur la question de l’engagement des professionnels et sur la neutralité, qui lui semble être un mythe. En guise de conclusion, les travaux de plusieurs associations de bibliothécaires (catalans, andalous mais aussi argentins), qui se demandent quels éléments doivent figurer dans un code de déontologie, sont présentés.
Aller de l’avant
Ces questions existentielles n’empêchent pas, bien au contraire, les bibliothèques espagnoles d’aller de l’avant. La revue s’efforce de les accompagner en proposant à travers des dossiers thématiques une réflexion sur les sujets qui les préoccupent, comme le web 2.0 ou les activités culturelles. En ce qui concerne l’animation culturelle, on remarquera qu’il est beaucoup question de clubs de lecture, qui semblent rencontrer un succès très important auprès des usagers des bibliothèques espagnoles, de manifestations orales et d’actions autour de la mémoire (pour contribuer en particulier à la préservation de traditions populaires). Nos collègues espagnols n’hésitent pas à revisiter ces activités en utilisant largement les ressources du web, de nombreux clubs de lecture utilisent des blogs par exemple. En revanche, curieusement, aucune expérience concernant des expositions n’est évoquée.
Enfin, pour donner une image complète des thèmes abordés par la revue, précisons que trois autres dossiers étaient proposés en 2007, un sur les bibliothèques de prison et deux sur des personnalités du monde du livre et des bibliothèques : Ana Pelegrín, auteur et chercheur d’origine argentine qui a travaillé sur la littérature orale, les comptines et les jeux, et José Fernández Sánchez, fils de républicain, exilé alors qu’il était encore enfant en Russie, bibliographe reconnu qui a exercé en URSS et en Espagne.