Bollettino AIB
rivista italiana di biblioteconomia e scienza dell’informazione
ISSN 1121-5934
Nombreuses recensions, bibliographie litt. professionnelle it., résumés en anglais.
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Cet ensemble de cinq numéros marque une évolution remarquable dans la réflexion des bibliothécaires italiens : le saut quantitatif – plus de données, plus d’accès, plus de lecteurs – semblerait devoir devenir un saut qualitatif. Mais il faut auparavant passer par un important travail de critique théorique. Sans que soient abandonnés les projets plus classiques, limités, maîtrisés, dont l’intérêt est indiscutable. Signalons à ce titre « Catalogo collectivo delle bibliotheche ecclesiastiche CEI-bib : obiettivi, strumenti e prospettivi » par Manuela Corbosiero et Assunta Di Sante (47, 2007, no 1/2).
Élargissement et complexification des connaissances posent de nouveaux problèmes d’intelligence des contenus. Et comme nous l’ont rappelé Borges et Foucault, les classifications sont mortelles. Les problèmes du sens, polysémie, ambiguïté sémantique, font l’objet d’une étude de Melissa Tiberi et Fulvio Mazzochi – « La gestione della polisemia nei thesauri : il caso dei termini filosofici » (id.) – portant sur les termes philosophiques.
Ces analyses critiques s’appliquent aussi plus spécifiquement aux propositions du web avec Ezio Tarantino : « Web of science, Scopus, Google Scholar : three databases compared » (46, 2006, no 1/2). Cette étude est complétée et élargie utilement par Antonella De Robbio – « Analisi citazionale e indicatori bibliometrici nel modello Open Access » (47, 2007, no 3) – qui analyse les différentes méthodes de citations. Malgré la multiplicité des instruments et l’avantage de la rapidité, elle relève certains manques, ainsi qu’une dérive commerciale cachée vers le quantitatif aux dépens du qualitatif. Ainsi les travaux mathématiques sont-ils handicapés. Ainsi la langue anglaise est-elle favorisée. C’est un lieu commun. Ce que dénonce Alberto Petrucciani dans un article pénétrant : « La catalogazione, il mercato e la fiera dei luoghi comuni » (46, 2006, no 3). Je traduis : « Ce n’est pas avec le hit-parade que l’on fait de la recherche scientifique, ou de la bibliothéconomie (ou de la médecine ou de l’histoire). » Et il dénonce « l’imitation […] ridicule des gourous du management » […] « les bibliothèques ne sont pas des entreprises vouées aux profits et aux risques. »
Les instruments de mesure de fréquentation et d’influence sociale des bibliothèques doivent aussi être repensés, en fonction de la diversification des publics. Là encore, de nouvelles méthodes doivent être envisagées et critiquées, comme l’analysent Pieraldo Lietti et Stefano Parise – « Il bilancio sociale della biblioteca » (46, 2006, no 1/2) – qui se penchent particulièrement sur trois méthodes de mesure américaines. Cette étude doit être complétée par la lecture, dans le même numéro, de « L’evoluzione della biblioteca pubblica », par plusieurs contributeurs qui remarquent, entre autres, la volonté de certains bibliothécaires d’une assistance à des publics marginaux, ou à des activités hors lecture, aux dépens de l’ensemble de la population et de leur mission principale.
Une prétention généreuse, mais très peu fructueuse, et fondée sur une vision incertaine (Maria Stella Rasetti, « La biblioteca è rock, anzi è fusion », id.). Car une enquête sur la lecture en Italie est assez préoccupante. Elle montre en effet une diminution générale du nombre de lecteurs, avec une inégalité croissante entre régions riches, du nord et du centre avec la capitale, et régions pauvres, au sud, et entre lecteurs occasionnels (1 livre, hors livre scolaire, par an), aux bas revenus, et lecteurs confirmés ayant acheté au moins un livre, dont le nombre a baissé de 35 % de la population en 2003 à 29 % en 2005 (Giovanni Solimine, « Lettura e vendita di libri in Italia », 47, 2007, no 3). La discussion est reprise dans plusieurs articles : où doivent aller les priorités ? Ne faudrait-il pas renforcer la présence des bibliothèques pour leurs utilisateurs réels, c’est-à-dire les inscrits, dont un grand nombre d’étudiants ? Qu’en est-il alors des ambitions « citoyennes » passées ? Autant de questions abordées par « Dicussioni : Ancora sull’identità della biblioteca publica » (47, 2007, no 1/2).
Et comme il faut bien en venir à l’économie, il est observé dans ce même article que le budget alloué aux bibliothèques en Italie est 10 fois inférieur à celui accordé aux théâtres lyriques, pour lesquels il est 18 fois plus élevé par établissement. Pour remédier à ce manque de subventions par l’État, Giovanni Di Domenico préconise l’appel aux fonds privés (« Per un fund raising a misura di biblioteca », id.). Il fait remarquer que le soutien des fonds privés va très peu aux bibliothèques et archives : 13,9 millions d’euros sur 420,4 pour la catégorie de l’art, des activités et des biens culturels. Cette recherche de fonds impliquerait un certain nombre de réformes dans l’organisation des bibliothèques publiques.