Aide-mémoire d’informatique documentaire

par Yves Desrichard

Alexis Rivier

Paris : Éditions du Cercle de la librairie, 2007. – 156 p. ; 24 cm. – (Bibliothèques).
ISBN 978-2-7654-0953-3 : 31 €

« La simplicité est le fruit d’un long travail », dit le proverbe. Et, de fait, quand on lit certains ouvrages techniques complexes, digressifs, trop longs, on se dit que leurs auteurs auraient gagné à faire un effort de clarification, de synthèse, à discerner les points essentiels, à présenter les pistes principales et non les chemins de traverse – mais que cela demande beaucoup de temps, d’intelligence et de compréhension du public.

On l’aura compris, c’est le principal bénéfice du petit (par la taille) Aide-mémoire d’informatique documentaire d’Alexis Rivier, conservateur des nouvelles technologies (sic) à la bibliothèque de Genève.

Le propos de l’auteur n’est certes pas de faire pièce au tout aussi remarquable Bibliothèques et documents numériques copublié par le même auteur avec Alain Jacquesson, pas plus qu’à L’art d’informatiser une bibliothèque de Pierre-Yves Duchemin, parus dans la même collection. Son ouvrage est issu de sa longue expérience d’enseignement, dans le domaine de l’informatique documentaire, à l’université de Genève, et n’a d’autre ambition que d’être « un aperçu systématique, mais sous une forme volontairement concise, de tous les concepts de base de cette discipline ». C’est peu dire que le résultat final est à l’aune exact de cette déclaration d’intention.

L’auteur, en effet, dans six chapitres dont le plus long a vingt-cinq pages, présente, de manière détaillée dans les notions abordées, mais succincte dans les explications, les éléments de base, mais aussi d’autres plus spécifiques, qui relèvent de l’« informatique documentaire », « c’est-à-dire l’application de l’informatique aux techniques de la documentation ».

Un panorama exhaustif

L’ouvrage présente, dès lors, toutes les qualités qu’on est en droit d’attendre d’un cours : structuration solide, appréhension rapide des principaux concepts, clarté systématique des présentations. On regrettera juste que des exemples, ici ou là, ne viennent pas étayer l’évocation de points techniques délicats, par exemple par la présentation de réalisations spécifiques au monde des bibliothèques.

Mieux encore, fort de son expérience, l’auteur sait, d’une part insister sur les principes fondamentaux qui restent indispensables à connaître en matière d’informatique documentaire, d’autre part traiter avec mesure – voire avec une distance rare et d’autant plus salutaire – les évolutions les plus récentes, pour l’heure spectaculaires, mais qui, pour certaines, ne seront pas forcément d’avenir.

Alexis Rivier, « sans effort apparent », nous propose un panorama exhaustif de l’informatique documentaire, d’autant plus passionnant qu’il invite à l’approfondissement, d’autant plus captivant que tout est défini avec pertinence et concision, avec à-propos et sans pédanterie. Des renvois sont ménagés à d’autres parties de l’ouvrage, procédé stimulant, même si moins convaincant à la lecture qu’il pourrait l’être (bien sûr) si l’ouvrage se présentait sous forme de fichiers hypertextes.

L’auteur de ces lignes, qui avoue en toute humilité n’avoir jamais vraiment compris, avant lecture, ce qu’était un applet Java, l’a compris d’un coup, en quelques lignes, grâce à l’auteur.

Un ouvrage recommandé, indispensable

De nombreuses annexes (bibliographie limitée mais affinée, notamment) sont présentes et, pensée rare, la liste, traditionnelle, de sigles et d’acronymes, si nombreux dans ces domaines, est complétée par une liste de sites de référence, preuve supplémentaire de l’originalité de la démarche, et surtout de son souci de synthèse (des informations de base) et de rebond (là où des approfondissements pourraient être nécessaires).

Que cet ouvrage soit recommandé, indispensable, pour tout professionnel engagé dans des actions de formation, à destination de tous types de publics, va presque sans dire. Mais qu’il soit aussi indispensable à tous ceux qui abordent le domaine doit être plus que souligné : rarement l’adage phare des années 68, si célébrées ces temps-ci, n’aura été à ce point vérifié : less is more.