Biblioflux

Une introduction aux biblioblogs et aux flux RSS

Marie Guinchard

Willy Tenailleau

De l’énergie créative issue de la biblio-blogosphère à la généralisation de l’adoption des flux RSS par les professionnels, il s’agit de montrer comment une communauté active tente de partager ses pratiques, informationnelles et technologiques, avec le plus grand nombre. L’objectif étant à terme de réduire le décalage entre les technologies existantes et les pratiques en matière de veille et d’information. La genèse collaborative de Biblioflux, conçu dans le but de promouvoir « l’outil blog » auprès des professionnels du livre et des bibliothèques, est analysée ici à travers le modèle de diffusion de l’innovation d’Everett Rogers et la notion d’usage.

This article looks at the ways in which the creative energy of the biblio-blogosphere and the widespread take-up of RSS feeds by professionals de-monstrate how an active community tries to share its practices – both in terms of information and technology – with the wider public, with the long-term objective of reducing the gap between existing technology and information and monitoring practices. The collaborative origins of Biblioflux, designed to promote blogs as tools for book trade and library professionals, are analysed here through Everett Rogers’ diffusion of innovations model and the concept of use.

Von der kreativen Energie, die aus der Biblioblogosphäre hervorgegangen ist, zur Verbreitung der Einführung von RSS-Fluss durch die Fachleute: es geht darum, aufzuzeigen, wie eine aktive Gemeinschaft versucht, ihre Informations- und Technologiepraktiken mit der größt möglichen Anzahl gemeinsam zu nutzen. Das Ziel ist es, den Abstand zwischen den existierenden Techno-logien und den Praktiken hinsichtlich Informationssichtung und Information zu verringern. Die kollaborative Entstehung von Biblioflux, konzipiert mit dem Ziel, das « Werkzeug Weblog « bei den Fachleuten des Buch- und Bibliothekswesens zu fördern, wird hier anhand des Models zur Verbreitung der Innovation von Everett Rogers und der Benutzungskenntnis analysiert.

De la energía creativa desprendida de la biblioblogósfera a la generalización de la adopción de los flujos por parte de los profesionales, se trata de mostrar cómo una comunidad activa intenta compartir sus prácticas, informacionales y tecnolólogicas, con el más grande número. Siendo el objetivo a término reducir el desfase entre tecnologías existentes y las prácticas en materia de vigilia y de información. La génesis colaborativa de Biblioflux, concebido con el objetivo de promover “la herramienta blog” para con profesionales del libro y de las bibliotecas, es analizada aquí a través del modelo de difusión de la innovación de Everett Rogers y la noción de uso.

Le 15 mars 2007, à Paris, s’est tenu le premier Bibliocamp : une rencontre informelle entre blogueurs liés par le livre, internet et/ou les bibliothèques. Pour préparer ce rendez-vous, une discussion débuta dans les pages de Bibliopedia – un site collaboratif pour les bibliothécaires, documentalistes et archivistes francophones 1. On peut, à partir de cette heureuse expérience, mesurer l’efficacité des wikis dans le cadre d’un brainstorming à distance : les cogitations furent nombreuses, chacun soumettant son idée ou rebondissant sur une proposition précédente.

Ainsi Jean-Michel Salaün d’écrire sur cette page : « Le blog est plutôt, contrairement au wiki, une pratique personnelle, et un travail co-opératif demande beaucoup d’investissements de la part d’un ou plusieurs animateurs pour motiver les troupes. Mais un repérage transversal serait très utile. Un simple agrégateur collectif du type Original Signal : www.originalsignal.frserait pour moi déjà un vrai plus. Je pourrais m’y référer et construire par ailleurs mes propres fils RSS sur d’autres sites. Pour les extérieurs à la communauté, ce serait aussi un outil de référence essentiel et donc de promotion pour les francophones 2. » En outre, les propositions axées sur la nécessaire formation des personnels en place ne manquaient pas.

Biblioflux 3 a pris son élan sur cette proposition, souhaitant promouvoir « l’outil blog » auprès des nombreux professionnels qui ne cessent d’entendre parler de cette forme de publication, des flux RSS et de la syndication, sans toutefois savoir par où commencer, ni être sûrs que ce phénomène mérite qu’on lui consacre trop de temps.

Illustration
Page d’accueil du site Biblioflux.

Biblioflux, de l’idée à la concrétisation

Une réflexion commune

Deux grands courants ont émergé des débats : un site ouvert (chacun pouvant ajouter ses sources) et tendant à offrir de nombreuses ressources, ou bien un site fermé agrégeant un nombre limité de blogs. La seconde solution a été retenue : il existe des sites, tel Netvibes, qui, couplés à la liste quasi exhaustive des biblioblogs sur Bibliopédia, permettent d’ores et déjà aux initiés de constituer un agrégateur thématique complet. En parallèle, profitant du service protopage, une liste beaucoup plus fournie fut proposée par David Liziard, Biblioblogs : les blogs francophones en sciences de l’information 4.

L’organisation du site fut également le fruit d’une réflexion commune : d’abord concentrées sur une seule et longue page, les sources devinrent séparées selon leur thématique principale mais toujours en lien avec le monde des bibliothèques et internet. Trois grands axes furent retenus : Monde des bibliothèques (blogs de bibliothécaires discutant de l’actualité de la profession), Sciences de l’information (internet et perspectives de gestion de l’information) et Univers du livre et de l’édition (communautés de lecteurs, actualité de l’édition).

S’il est un point sur lequel la collaboration a péché – et qui montre combien travailler ensemble demande plus qu’une simple volonté –, c’est celui de la sélection des sources. Après avoir soumis sur le blog La Conjuration 5 et sur le réseau alors naissant « bibliothèques.ning » une première sélection, puis demandé aux lecteurs leur propre liste, force fut de constater que les contributions n’affluaient pas. Documentalistes de formation et familiers de la « biblioblogosphère » active et pertinente, nous nous sommes résolus à travailler sur notre propre sélection.

La sélection

Voici la liste publiée sur le site www.laconjuration.net/notes

Sciences de l’information et internet

Affordance

http://affordance.typepad.com

Blog d’un maître de conférences en sciences de l’information rompu au blog puisqu’il fut le premier rédacteur du blog des unités régionales de formation à l’information scientifique et technique (Urfist).

Urfist Info

http://urfistinfo.blogs.com

Blog collaboratif du réseau des Urfist.

Outils Froids

www.outilsfroids.net

Christophe Deschamps axe sa réflexion sur le knowledge management et les nouveaux outils associés.

Homo Numericus

www.homo-numericus.net

Webzine collaboratif proposant une approche sociologique d’internet, il regroupe de nombreuses plumes qualifiées (le fondateur de revues.org, un enseignant de l’École normale supérieure…).

Internet Actu

www.internetactu.net

Lieu de recherche, publié par la Fonda-tion internet nouvelle génération (FING) fondant ses travaux sur internet et les usages associés.

Les petites cases

www.lespetitescases.net

Got est un spécialiste des sciences de l’information particulièrement intéressé par XML et ce qu’on nomme le « web sémantique ». Il est aussi connu dans la communauté pour ses travaux sur Lodel.

Monde des bibliothèques

/home/nicomo/pro/notes

www.nicolasmorin.com/blog

et Marlene’s corner

http://marlenescorner.blogspirit.com

Les deux fondateurs de BiblioAcid (revue web sur les bibliothèques) et précurseurs de la biblioblogosphère.

Figoblog

www.figoblog.org

Manue est une autre figure pionnière de la biblioblogosphère.

Tour de Toile

http://blogbbf.enssib.fr

Le blog du BBF.

Bibliobsession 2.0

http://bibliobsession.free.fr/dotclear/index.php

Blog récent mais rapidement devenu important de par sa fréquence de publication et sa plume légère.

Bloc-notes de Jean-Michel Salaün

http://blogues.ebsi.umontreal.ca/jms/index.php

Très connu des bibliothécaires, JMS a une approche économique du document qui en fait une voix originale de la biblioblogosphère. Et il fut celui qui proposa l’idée de Biblioflux.

Bibliofrance

http://bibliofrance.fr

Site collaboratif plus que blog, Bibliofrance a une approche très transversale des questions liées au monde des bibliothèques : il se définit comme « le portail des bibliothécaires ».

Vagabondages

www.vagabondages.org

Blog d’un bibliothécaire d’État, au style agréable et prompt à découvrir d’autres territoires culturels et littéraires.

XG_blognotes

www.xaviergalaup.fr/blog

Xavier Galaup est connu pour son travail sur la liste discothécaires.fr. Si le blog est récent, nombre de ses interventions sont riches et pertinentes.

Univers du livre et de l’édition

La feuille

http://lafeuille.blogspot.com

Hubert Guillaud, qui participe également à Internet Actu, interroge sur ce blog l’avenir du monde de l’édition face aux changements technologiques.

Zazieweb

www.zazieweb.fr

et L’agora des livres

www.agoradeslivres.com

Plus que des blogs, Zazieweb et l’agora des livres sont des communautés de lecteurs.

Le Monde des livres

www.lemonde.fr/web/sequence/0,2-3260,1-0,0.html

Est-ce utile de le présenter ?

Le tiers livre

www.tierslivre.net/spip

François Bon, rédacteur du tiers livre, est un auteur-expérimentateur dans son temps. Le tiers livre interroge, provoque, tente et remue ainsi le monde de l’édition. C’est le seul blog d’écrivain présent dans la liste.

Mille-feuille

http://livres.fluctuat.net/blog

Blog livre du collectif fluctuat.net, volontiers provocateur et iconoclaste.

Bien entendu, cette sélection a ses défauts : ainsi certains sites pourraient changer aisément de catégorie (La feuille par exemple) quand certains manquent à l’appel (Des Bibliotheques 2.0, B&C, KotKot…).

    Usages et usagers

    Le public visé par Biblioflux est celui des bibliothécaires et documentalistes désireux de mieux connaître l’informatique, pour lesquels le flux RSS reste une notion confuse et les agrégateurs en ligne un territoire inconnu. Il s’agit sans doute de la partie majoritaire de la profession et c’est à eux surtout que le site se doit d’être utile. Une attention toute particulière a donc été portée à la page « Aide » : il semblait nécessaire de définir brièvement et simplement ce que sont les flux RSS et la syndication et d’expliquer comment le site fonctionne.

    Si Biblioflux a été développé pour l’occasion, le principe sur lequel le site s’appuie reste celui de Netvibes : des onglets comme des chapitres et une mise en page par « boîtes ». Si ce principe de veille par flux intéresse l’internaute, la meilleure chose reste alors de l’initier à Netvibes. En effet, cet outil ne devrait pas le désorienter autant qu’un agrégateur peut-être plus difficile d’accès tel que Bloglines. Une partie du site est donc dédiée à la découverte de Netvibes, à l’identification des flux RSS et à leur manipulation.

    De la technologie à la construction des usages

    Le phénomène des blogs

    Comme nous le faisaient remarquer Nicolas Morin et Marlène Delhaye, « Il faut noter que les blogs, s’ils ont pris beaucoup d’ampleur, sont encore un phénomène neuf, dont l’usage ne s’est pas entièrement généralisé ; le site Médiamétrie estimait en janvier 2007 que seul un internaute sur trois consultait un blog au moins une fois par mois 6 ». Cette idée a été confirmée par l’étude sur la biblio-blogosphère publiée en mai 2007 : à propos des non-lecteurs de blogs, Daniel Bourrion et Pascal Krajewski montrent que « leur non-lecture s’explique principalement par une méconnaissance du champ, et un manque de temps. Par contre, c’est un domaine largement reconnu pour être à suivre, à considérer (« La petite chaîne qui monte, qui monte »…) puisque près des deux tiers envisagent de suivre la BBS [Biblio-BlogoSphère] 7 ». C’est à cette catégorie de non-lecteurs intéressés (mais pressés !) que Biblioflux s’adresse.

    La lecture régulière des blogs est presque indissociable de l’abonnement à leurs flux. Sans abonnement, il est bien difficile de suivre une publication caractérisée par de fréquentes mises à jour et ce, sans périodicité propre. C’est pourquoi nous présentons ici autant les blogs que leur technologie associée : les flux RSS.

    Le processus de diffusion de l’innovation

    L’objectif était de réduire le décalage entre les technologies existantes et les pratiques professionnelles en matière de veille et d’information. Comme le notait Jean Davallon en 1997 à propos des cédéroms dans les musées, les usages n’étaient pas encore construits : « Tout portait à penser que les usagers n’étaient pas encore massivement engagés dans le processus d’appropriation de l’objet 8. » On peut sans doute dire la même chose aujourd’hui à propos des flux RSS en constatant que seule une minorité de professionnels connaît et utilise pleinement les TIC, les technologies de l’information et de la communication.

    Pour bien comprendre l’utilité de promouvoir l’outil blog, on peut se rapporter au modèle d’Everett Rogers sur la diffusion de l’innovation. Rogers distingue cinq vagues d’usagers selon le moment où ils vont adopter une même innovation : les innovateurs, les premiers utilisateurs, la première majorité, la seconde majorité et les retardataires 9.

    Concernant la lecture des blogs via l’utilisation des flux RSS, nous en sommes sans doute aux premiers utilisateurs, même si la première majorité apparaît, notamment avec la nouvelle génération, sensibilisée à l’intérêt de ces outils dans le cadre des formations supérieures. Si les premiers blogs ont été créés il y a plusieurs années, l’étude sur la biblio-blogosphère francophone montre que « dans leur majorité, les “non-lecteurs” n’ont entendu parler de cette chose qu’on appelle “blog” que depuis moins de 6 mois (et même quelquefois moins de 3 mois) ». Le processus de diffusion est bien en cours…

    Toujours selon Everett Rogers, la diffusion est le processus par lequel une innovation est communiquée, dans le temps, à travers divers canaux, aux membres d’un système social. Comme les formateurs qui initient leurs étudiants à ces technologies, Biblioflux se propose d’être l’un de ces canaux de diffusion. En effet, il facilite la compréhension de cette technologie en proposant sur une seule page une réponse simple à de multiples questions : à quoi servent les flux RSS ? Quel intérêt ont-ils pour un professionnel du livre ou des bibliothèques ? Comment s’utilisent-ils ? Quelles problématiques sont abordées dans la biblio-blogosphère ? etc. Par son approche simple et progressive, Biblioflux peut ainsi servir de base à l’enseignement.

    Le passage à l’acte

    Le modèle de diffusion de l’innovation tel qu’il est décrit ci-dessus ne permet pas encore de bien comprendre comment peut se dérouler la décision d’adoption, plus personnelle. Nous parlons ici de l’adoption des flux RSS par les bibliothécaires en fonction. Pour Rogers, certains attributs de l’innovation vont jouer un rôle décisif dans ce processus. Il s’agit de :

    • l’avantage relatif (par rapport à ce qui existe déjà) : les flux permettent une veille adaptée et personnalisée de manière simple et instantanée, en veillant à une sélection pertinente des sources en fonction de ses propres centres d’intérêts ;
    • la compatibilité (avec les valeurs, les normes et les besoins du groupe d’appartenance de l’adoptant potentiel) : la veille informationnelle fait partie de la culture métier des bibliothécaires ;
    • la complexité (telle que perçue par les usagers potentiels) : l’utilisation des flux peut sembler complexe au départ, c’est entre autres pour cela que Biblioflux a été conçu ;
    • la possibilité de tester, de juger : elle existe mais elle est coûteuse en énergie et en motivation. Elle demande une petite formation ou une réelle motivation personnelle.
    • la visibilité (l’innovation et ses conséquences doivent être observables) : Biblioflux et ses pairs (le Netvibes de Bibliofrance 10 ou de Juriconnexion 11, donnent une visibilité concrète à la diversité des sources d’information et leurs fréquentes actualisations. L’utilisation des flux permet aux professionnels de se tenir au courant des débats et évolutions du métier en cours, et ainsi de s’inscrire dans une pensée diverse et collective autour des nouveaux services.

    Si les usages ne sont pas encore construits, la vision de Serge Proulx 12 peut nous aider à comprendre pourquoi. Ce dernier voit l’ « usage » comme fortement soumis au poids de contraintes externes, au premier rang desquelles se trouve l’état de l’offre technique. Concernant les flux RSS, l’offre est bien là, présente sur de nombreux sites, mais elle est dispersée, souvent peu lisible, voire transparente pour un lecteur non averti. Il faut en effet être bien au fait pour repérer l’icône du flux et ne pas se laisser perturber par ses nombreuses variantes… Cependant, la nouvelle génération de navigateurs les repère en affichant leur icône dans la barre d’adresse et permet de choisir la manière dont on souhaite s’abonner (marque-page dynamique, lecteur de flux installé sur son ordinateur ou services web comme Netvibes, Bloglines, My Yahoo! ou Google Reader).

    Bilan, prospectives

    Biblioflux, un outil parmi d’autres au service de la veille

    D’autres outils proposent également la syndication de flux thématiques comme le Netvibes collaboratif de Bibliofrance ou celui de Juriconnexion. L’apparition de ce type d’outil montre bien qu’il y a matière à baliser les sentiers de l’information, devenant sans cesse plus nombreux.

    Si la notion de veille documentaire fait partie de toutes les formations aux métiers du livre, de l’information et de la documentation, elle est traditionnellement reliée aux métiers de la documentation (vs bibliothèque). De même, elle est plutôt considérée comme une technique que le professionnel de l’information met au service de ses usagers dans des domaines variés grâce à sa double compétence (veille juridique, technolo-gique…). À l’heure des bibliothèques numériques, la veille technologique devient indispensable pour les bibliothécaires eux-mêmes, afin de proposer les services les plus adaptés à leurs usagers.

    Un article très intéressant sur la mise en place d’une veille au sein d’une bibliothèque ou d’un réseau a été publié par Xavier Galaup en mars dernier 13. Il invite à une réflexion sur la veille des bibliothécaires sous un angle original et constructif : la mise en place d’un projet de veille collaborative au sein d’une équipe. Cette approche complète bien la mise à disposition d’outils (agrégateurs, sélections thématiques, flux…) en replaçant le débat sur le terrain du travail quotidien des professionnels et donne quelques clés pour impulser une dynamique de veille partagée. En effet, mettre l’information à disposition est un premier pas, mais tout un travail reste à mener pour que cette information soit exploitée.

    Perspectives

    La sélection des sources reste un point à améliorer. Une participation active des utilisateurs de Biblioflux pourrait revoir et actualiser cette dernière.

    Un module de propositions de sites par catégories est facilement envisageable. Le proposer sur Biblioflux (plutôt que sur des sites connexes) permettrait peut-être d’augmenter la participation. Mais participation et collaboration sont deux choses différentes. L’aspect collaboratif, lui – également plusieurs fois cité sur la page initiale de Bibliopedia –, est d’une autre nature, beaucoup plus complexe à mettre en œuvre. Une partie dite « En avant », censée regrouper les billets les plus marquants d’une période, était prévue à l’origine sur Biblioflux. Mais le Bibliobuzz et le Tour de Toile font déjà ce travail. Quelle forme pourrait prendre cette collaboration souvent explicitement souhaitée sur les différents biblioblogs ?

    Enfin, pour atteindre le public ciblé, une annonce sur biblio-fr est souhaitable (ainsi que sur d’autres listes professionnelles bien sûr). La liste historique touche une large partie de la profession et une promotion de Biblioflux via les blogs aura quelques difficultés à atteindre les non-lecteurs de ces sources !

    Plongée dans la biblioblogosphère

    La réflexion de Patrice Flichy sur la place de l’imaginaire dans l’activité technique 14 illustre bien le processus de création. Ainsi, entre l’idée de J.-M. Salaün et la tenue du premier Bibliocamp, il y a eu cette rencontre improbable entre concepteurs, usagers et dispositifs techniques différents. Cette rencontre a donné lieu à ce que Patrice Flichy appelle « l’utopie-projet ». À partir de l’utopie de départ (celle de J.-M. Salaün), « l’auteur […] tente souvent de rendre concret son projet en construisant une maquette ou en réalisant une expérimentation technique ». Ce qu’il est intéressant de noter dans le cas de Biblioflux, c’est que ce n’est pas l’auteur de l’utopie de départ qui va tenter de concrétiser son projet : ici une communauté d’acteurs (issus de la biblioblogosphère) va prendre la relève grâce à la mise en commun de compétences informatiques et documentaires.

    Quid de la biblioblogosphère ? Biblioflux est né d’une discussion sur un wiki : il est un exemple concret de la vitalité d’une communauté aux contours flous et de l’utilité des pratiques électro-collaboratives au moins comme générateur d’envie. En revanche, une fois le site en développement, les discussions ne furent pas légion et les interlocuteurs toujours les mêmes. À la même époque débutait « bibliotheques.ning », réseau social réunissant des bibliothécaires francophones. Les inscriptions furent nombreuses (63 au moment où nous écrivons) et le premier mois riche en participations. Faute d’animation (?), le groupe ne vit plus (pour l’instant ?).

    D’un autre côté, et en dehors de toute association professionnelle classique, des modèles de formations s’échangent, des personnalités motivées et porteuses d’initiatives émergent, des études se font… Richesse des énergies, mais dispersion des forces ?

    Pour conclure, nous ne savons pas ce que deviendra Biblioflux. Espérons simplement que certaines personnes trouveront dans l’utilisation des flux une plus-value utile à leur travail quotidien. Quant à améliorer Biblioflux, nous restons à l’écoute !