Cataloguer : mode d’emploi

initiation aux techniques du catalogage

par Yves Desrichard

Association des bibliothécaires français

3e éd. revue et augmentée. – Paris : ABF, 2006. – 56 p. ; 24 cm. – (Médiathèmes ; 2).
ISBN 2-900177-28-6 : 23 €

Le catalogage reste encore une activité importante dans les établissements, même si la fourniture de notices informatisées et le souci de développer les services aux lecteurs font qu’il ne constitue plus le principal « pilier identitaire » de la profession.

Les normes continuent à évoluer, tout comme les pratiques. Aussi la réédition de Cataloguer : mode d’emploi 1, est-elle plus que bienvenue. Cet ouvrage, coordonné par Christiane Delacour et Michelle Pastor, est le fruit d’un travail collaboratif de l’Association des bibliothécaires français.

Une réussite

On pourra regretter que, dans l’introduction, « Pourquoi cataloguer ? », ne soit pas abordé le point de vue de l’usager, alors même qu’on sait que peu nombreux sont ceux qui utilisent le catalogue (même informatisé), et qu’on ignore, faute d’études précises, si ceux qui l’utilisent le font à bon escient, et avec réussite. Ce n’était pas, certes, le but de l’ouvrage. C’est cependant prendre le risque, justement, de limiter l’utilisation du catalogue aux seuls bibliothécaires.

Heureusement, comme dans la précédente édition, le reste de l’ouvrage dément très largement cette première impression et, en fait, va bien au-delà de son titre, puisque, non content de s’intéresser au catalogage, il s’intéresse aussi à l’indexation des documents.

Pour ce qui est du catalogage, les monographies (que, dans le monde normal, on appellerait plutôt livres, ou ouvrages…), les documents sonores (CD), les vidéogrammes (DVD), les ressources électroniques, bénéficient de présentations claires et allégées, évidemment moins techniques, moins précises, que les normes auxquelles il est fait référence, avec des exemples clairs et bien choisis, une typographie adaptée et le souci d’une mise en page qui mette en valeur, de manière structurée, les informations importantes en matière de catalogage 2. Les puristes, sans doute, n’y trouveront pas leur compte, mais ceux qui sont confrontés au catalogage disons « allégé » pourront largement s’en satisfaire, surtout si l’on considère le coût largement prohibitif des normes diffusées par l’Afnor (Association française de normalisation).

On sera plus dubitatif sur l’intérêt des chapitres consacrés à l’établissement des « fiches de renvoi », aux catalogues manuels et aux règles de classement idoines. Même pour les petits établissements aux moyens limités, il existe désormais un certain nombre de logiciels libres et gratuits qui permettent à bon compte, et avec un souci ergonomique de plus en plus marqué, de proposer aux usagers un catalogue informatisé. Il faut croire, cependant, que nombre d’établissements continuent à utiliser et à proposer à leurs usagers des catalogues papier, pour qu’autant de pages soient consacrées à ce sujet.

Une masse considérable d’informations

À l’inverse, peut-être aurait-il fallu consacrer plus de pages (à peine une dizaine) au format Unimarc, format de catalogage qui, qu’on le regrette ou qu’on s’en félicite, reste très utilisé dans les modules de catalogage des systèmes informatisés de gestion des bibliothèques. Certes, la présentation du format est claire, précise et complète. Certes aussi, Unimarc n’est qu’un format de catalogage, et, si l’on connaît les règles de catalogage, on doit pouvoir, sans trop de difficulté, utiliser le format Unimarc (l’inverse, on l’oublie souvent, n’étant absolument pas vrai). Mais dix pages ne suffisent pas pour maîtriser, même schématiquement, ce format.

La partie consacrée à l’indexation, sujet problématique à l’heure de Google, est soigneusement traitée, le manuel proposant tout à la fois l’indexation Blanc-Montmayeur et l’indexation Rameau (Répertoire d’autorité matière encyclopédique et alphabétique unifié, comme l’on sait). La présentation de la classification Dewey est, elle, beaucoup trop succincte pour être utilisable dans un contexte professionnel. Là encore, on regrette que ne soit pas soulignée l’utilité de l’indexation, tout comme les méthodes utilisées pour passer de la connaissance d’un document à l’expression de ces sujets sous forme de « mots-clés » ou de « vedettes-matière » : cette procédure, pour autant, est difficilement formalisable, et dépasse largement le cadre de l’ouvrage.

De nombreux exemples, une bibliographie, une webographie, complètent le livre. Les critiques de détail qui précèdent ne doivent pas tempérer l’intérêt de Cataloguer : mode d’emploi qui, pour un prix raisonnable, propose au néophyte une masse considérable d’informations.

  1. (retour)↑  Voir le compte rendu de la 1re édition par Isabelle Dussert-Carbone, BBF, 1998, no 2.
  2. (retour)↑  On regrettera cependant que la zone 8 de l’ISBD ne soit pas évoquée, alors même qu’une réforme de l’ISBN va être mise en œuvre.