Manuel de bibliographie générale

par Catherine Éloi

Marie-Hélène Prévoteau

Jean-Claude Utard

Nouv. éd. – Paris : Éd. du Cercle de la librairie, 2005. – 524 p. ; 24 cm. – (Bibliothèques).
ISBN 2-7654-0912-9 : 44 €

La dernière édition du Manuel de bibliographie générale de Marie-Hélène Prévoteau et Jean-Claude Utard datait de 1996. Les auteurs évoquaient des techniques désormais obsolètes, décrivaient différents organismes qui ont disparu (comme le Pancatalogue) au profit d’autres appellations, ou qui étaient encore à l’état de projet (comme le Catalogue collectif de France). Cet outil incontournable du bibliothécaire et documentaliste avait donc besoin d’une mise à jour prenant en compte l’évolution spectaculaire des techniques des recherches bibliographiques et documentaires de ces dix dernières années. C’est chose faite désormais avec cette nouvelle édition très attendue du Manuel.

Faire une bibliographie, c’est faire du service public

L’agencement de l’ouvrage n’a guère changé par rapport aux éditions précédentes. Le premier chapitre est consacré aux définitions évoluant autour de la notion de recherche documentaire. Qu’est-ce qu’une information ? Qu’est-ce qu’un document ? Qu’est-ce qu’une démarche de recherche documentaire ? Autant de questions auxquelles tentent de répondre Marie-Hélène Prévoteau et Jean-Claude Utard pour définir non seulement l’enjeu de l’ouvrage, mais aussi du métier de documentaliste ou de bibliothécaire.

Les définitions de l’ancienne édition, reprises ici, sont toujours d’actualité et permettent de rappeler des évidences souvent oubliées : « La bibliographie ou la recherche documentaire élabore et utilise des stocks ordonnés soit de références à des documents soit d’informations immédiates rapidement mobilisables. » Il est souligné très justement que « la bibliographie est une technique de communication qui se propose de rechercher et de rendre disponibles à des utilisateurs des références de documents ou des informations rapidement utilisables » : faire une bibliographie, c’est faire du service public.

Avoir une stratégie de recherche implique pour le bibliothécaire ou le documentaliste de se repérer parfaitement dans le foisonnement de l’information mise à sa disposition et dans l’organisation de celle-ci. C’est le thème du chapitre suivant où sont définis tous les outils utiles à une recherche bibliographique. Annuaires, bibliographies, catalogues, dictionnaires, encyclopédies et produits informatisés tels que les bases de données ont chacun une structure, un mode d’accès et de mise à jour particuliers et donc autant d’éléments à relever pour comprendre l’organisation de l’information.

Bien évidemment, c’est l’omniprésence d’Internet, « devenu un instrument de travail majeur pour les bibliothécaires comme pour les documentalistes », qui rendait la mise à jour du Manuel de bibliographie générale indispensable. Un chapitre entier y est consacré ici, soulignant le caractère indispensable des outils disponibles sur Internet dans la recherche documentaire. Si l’on y trouve des définitions, certes connues depuis un certain temps par les professionnels (messagerie, listes de diffusion, URL ou http), mais rigoureuses et tout à fait profitables pour l’étudiant bibliothécaire ou documentaliste, tout un chacun pourra étudier avec grand intérêt le panorama des outils de recherche sur Internet (annuaires, moteurs de recherche, métamoteurs) dressé avec clarté dans ce chapitre, ainsi que la grille d’analyse de site Internet proposée en fin d’ouvrage.

Un remarquable travail de mise à jour

Le reste de l’ouvrage est consacré à l’énumération et la description détaillée des instruments fondamentaux en matière de recherches bibliographique et documentaire (dictionnaires et encyclopédies, dictionnaires spécialisés de langues ou dictionnaires biographiques, annuaires et dictionnaires de sigles) puis des répertoires aidant aux acquisitions, à l’identification (le chapitre le plus riche et certainement le plus impressionnant de l’ouvrage) et à la localisation des documents.

Pour chaque chapitre, là encore, les auteurs ont fait un remarquable travail de mises à jour augmentées de nombreuses références à des sites Internet, confirmant ainsi que, pour toutes les étapes du métier de bibliothécaire ou de documentaliste, les outils et modalités en la matière ont changé en profondeur ces dernières années, au point qu’il est plus adéquat de parler désormais de recherche documentaire que de recherche bibliographique.

Car le vocabulaire a, lui aussi, évolué avec notamment l’apparition récente de notions comme « métacatalogues » ou « agrégateurs », qui désormais sont devenues familières aux professionnels. Il est particulièrement intéressant également de comprendre l’historique des catalogues collectifs et de voir à quel point, en l’espace de dix ans, les travaux ont progressé sur ce sujet.

La problématique de la recherche documentaire ou bibliographique est complexe et sans cesse en évolution. Un des mérites, et non le moindre, de cet ouvrage est de donner à l’étudiant l’explication de concepts documentaires fondateurs ou de démarches essentielles à l’apprentissage de son métier. Le professionnel pourra, quant à lui, trouver à la lecture de cet ouvrage un moment privilégié de réflexion et de mise au point de ses propres connaissances, particulièrement à un moment où l’augmentation continuelle (doit-on parler d’inflation ?) des sources documentaires nécessite plus que jamais une veille permanente et une maîtrise des outils pour l’exercice de son métier.

De nombreuses illustrations, fac-similés et copies d’écrans, appuient un propos clair et précis. On regrettera cependant que plusieurs coquilles aient perduré d’une édition à l’autre (Quérard rebaptisé Jean-Marie ne fait pas très bon effet dans un manuel de bibliographie) mais cela ne doit cependant pas nous faire bouder le plaisir de retrouver cet outil indispensable enfin mis à jour.