Bibenligne
Annuaire de liens spécialisé en sciences humaines et sociales dans le domaine des études méditerranéennes
Bibenligne est une sélection raisonnée de catalogues de bibliothèques et de centres documentaires en sciences humaines et sociales interrogeables sur le champ des études méditerranéennes et ouvrant un accès direct aux documents primaires. Cette base de données est issue d’un projet développé depuis 1998 par des professionnels de l’information et des chercheurs, au sein de la Maison méditerranéenne des sciences de l’homme à Aix-en-Provence
Bibenligne is a selection of descriptive catalogues of libraries and information centres in the humanities and the social sciences which can be searched in the field of Mediterranean studies. It also offers direct access to primary documents. This database was born of a project, developed since 1998, by information professionals and researchers within the Aix-en-Provence Mediterranean Institute of Human Sciences
Bibenligne ist die konsequente Auslese der Kataloge von Bibliotheken und Informationszentren für Human- und Sozialwissenschaften auf dem Gebiet der Mittelmeerstudien und erlaubt den direkten Zugriff auf Primärdokumente. Diese Datenbank beruht auf einem seit 1998 von Informationsspezialisten und Wissenschaftlern entwickelten Projekt an der Maison méditerranéenne des sciences de l’homme in Aix-en-Provence
Bibenligne es una selección razonada de catálogos de bibliotecas y de centros documentales en ciencias humanas y sociales interrogables en el campo de estudios mediterráneos y que abre un acceso directo a los documentos primarios. Esta base de datos emerge de un proyecto desarrollado desde 1998 por profesionales de la información e investigadores, en el seno de la Casa mediterránea de las ciencias del hombre en Aix-en-Provence
Bibenligne 1 est un annuaire de liens scientifiques en sciences humaines, spécialisé dans le champ des études méditerranéennes. C’est une base de données réalisée par des professionnels de l’information et des chercheurs en lien direct avec les domaines de recherches et les disciplines enseignées à la Maison méditerranéenne des sciences de l’homme 2. Sa création correspond à la naissance d’une nouvelle communauté de chercheurs, d’enseignants et d’ingénieurs qui s’installe en 1997 à la MMSH, à Aix-en-Provence. Cette naissance a eu lieu au moment où l’accès à une infrastructure informatique à haut débit permettait une utilisation d’Internet sans équivalent jusqu’alors.
Très rapidement, en tant que professionnels de la documentation et de l’information, nous avons constaté que les pratiques de la communauté pour laquelle nous étions chargés de développer des services étaient en retrait dans ses usages du réseau. Nous avons alors mis en place un enseignement auprès des étudiants et des chercheurs, délibérément limité au périmètre documentaire induit par la MMSH : la création de cette maison institutionnalisait l’existence du champ scientifique des « Études méditerranéennes ». Il était naturel pour nous d’accompagner et de soutenir les chercheurs et enseignants chercheurs dans l’exploration de ce champ dont l’identité était en questionnement permanent. Plus qu’un simple descriptif du site, nous avons voulu décrire ici comment des documentalistes se sont approprié des outils informatiques pour publier en ligne une sélection de ressources documentaires, à même de rendre leurs utilisateurs autonomes.
La création de la MMSH incitait à des actions à caractère pluridisciplinaire et fédératif. Des programmes transversaux se sont rapidement mis en place, dans une dynamique collaborative et ouverte, sur la rencontre entre ingénieurs, chercheurs, enseignants et étudiants. C’est dans cette perspective que, dès 1998, le Pôle images, sons, recherches en sciences humaines de la MMSH 3, programme de recherche orienté sur le multimédia, a été créé.
Parmi toutes les contradictions que nous décelions dans l’usage des chercheurs, il nous semblait – avec d’autres – que la notion de validation des contenus était essentielle. Les pratiques des utilisateurs du web en sciences humaines et sociales (SHS) semblaient mal appropriées :
- ils avaient perdu leurs repères sur Internet et, en particulier, ils ne savaient pas comment citer les ressources électroniques ;
- ils ressentaient une forte déstabilisation due à la forme toujours identique du document numérique, réduite à un écran ;
- ils n’arrivaient pas à identifier clairement ces ressources et leurs qualités à cause de l’absence d’usage de la publication électronique et ne retrouvaient pas sur le web les critères d’identification de la publication scientifique imprimée sur papier : comité de rédaction, comité scientifique, appartenance à une maison d’édition… ;
- enfin, passer du papier à l’écran demandait l’acquisition de nouvelles compétences qui n’étaient pas encore des prérequis à la formation universitaire.
Devant la fascination pour la nouveauté des technologies du web, notre mission de médiateur documentaire nous poussait à accompagner l’émergence d’usages de lectures et d’utilisation de la documentation numérique en ligne.
Nombre d’utilisateurs du web limitaient leurs recherches à quelques mots-clés qu’ils tapaient dans des moteurs généralistes de type Google. Ils se contentaient alors des résultats affichés ou, au contraire, se désespéraient de la profusion désordonnée des résultats obtenus. Le projet de Bibenligne est donc né de cette volonté d’introduire de la rareté dans l’abondance, d’ajouter une plus-value documentaire. Borner l’étendue de l’espace documentaire que nous avions investi permettait non seulement de mettre en lumière les zones d’ombre du web invisible, mais aussi de valoriser le travail souvent méconnu des équipes et des projets employés à créer des ressources électroniques utiles à notre communauté. L’objectif était aussi de faciliter l’accès au document primaire dans un environnement de virtualité et de citation.
Cela ne pouvait se faire sans créer un réseau de compétences et d’expertises. Une veille documentaire traitant à la fois des ressources, des usages et des technologies a donc été mise en place. Il fallait identifier les acteurs, c’est-à-dire à la fois les individualités avec lesquelles nous pouvions collaborer, mais aussi les acteurs institutionnels du champ des études méditerranéennes et les acteurs engagés dans le même type d’action que la nôtre sur des champs différents. Aujourd’hui, Bibenligne est composé d’une équipe 4, toujours ouverte, de chercheurs, d’enseignants chercheurs et de professionnels de l’information qui rédigent et valident collectivement des notices. Ce réseau de compétences sélectionne les sites recensés en fonction des qualités documentaires offertes et selon les critères de validation scientifique classiques (appartenance à une institution, existence d’un comité de rédaction, d’un comité scientifique…), tout en restant ouvert aux espaces frontières. Les sites associatifs ou les fondations à caractère culturel sont également pris en compte. Les sites commerciaux sont signalés si le gain est avéré sans qu’un paiement de la part de l’internaute soit engagé, ni la responsabilité de Bibenligne.
Pour réaliser ces objectifs nous avons fait, au départ, le choix d’outils dont la nature induisait une démarche de type collaboratif et ouvert. Au fur et à mesure que le projet prenait forme, ces outils nous ont permis de formuler plus clairement nos objectifs et de suivre naturellement l’évolution du web.
Bibenligne s’est peu à peu transformé en projet pilote qui nous a poussés à recourir à des procédures et des méthodes de travail adaptées au web, que nous n’aurions peut-être pas adoptées dans d’autres cas : CMS 5, liste de diffusion, comité de rédaction, comité scientifique, syndication, messagerie instantanée, wiki…
Du web statique à la publication dynamique
En 1998, nous réalisions des listes de signets et imprimions ensuite des catalogues de listes organisées : c’était encore le temps de l’édition papier de sélections de sites web… Très vite, les limites d’un tel fonctionnement sont apparues, en particulier les difficultés et la lenteur des mises à jour, de la recherche et de la diffusion.
En 2000, Bibenligne a été publié en HTML statique. Là encore, les mises à jour étaient laborieuses, et, surtout, alors que nous souhaitions travailler en collaboration avec des experts thématiques, la production de site en HTML statique était un frein à l’appropriation du projet et aux rédactions collectives. De plus, la gestion des catégories thématiques de l’annuaire devenait un véritable casse-tête. En décembre 2003, nous avons repensé le projet en fonction des nouvelles possibilités offertes par les outils de publication dynamique.
Quatre outils nous ont apporté la souplesse nécessaire et des modalités de diffusion en ligne satisfaisantes :
- le site a été redéployé dans une version dynamique avec un gestionnaire de contenu 6 ;
- nous avons créé une liste de diffusion 7 qui réunit les acteurs du projet ;
- la pratique collective du suivi et de la documentation du projet a été assurée par la création d’un wiki 8 ;
- la syndication de contenu 9 a été développée en août 2004.
Quatre contraintes présidaient au choix du gestionnaire de contenu : le respect de la politique informatique de la MMSH ; la poursuite d’un projet sans budget affecté ; l’ouverture au développement informatique nécessaire à l’évolution rapide du web ; le respect des principes d’édition électronique développés dans les communautés SHS comme Revues.org 10, du CNRS et de l’ADAE (Agence pour le développement de l’administration électronique) 11 qui encouragent fortement l’utilisation de standards ouverts et libres.
Le logiciel a été choisi avant tout pour sa facilité d’installation et d’adaptation à un projet d’annuaire, mais aussi pour son respect de l’environnement technologique de la MMSH. Le projet prioritaire de Bibenligne pour l’année 2006 est de migrer vers un autre CMS, plus à même de convenir aux aspirations collaboratives de respect des standards, d’accessibilité et d’interopérabilité des contenus que nous produisons. C’est vers le logiciel Lodel 12 que nous nous tournons, pour ses qualités de respect des critères d’édition scientifique et son ancrage fort dans la communauté SHS 13. La question de la catégorisation de l’arbre thématique de l’annuaire est aussi une des raisons de notre orientation vers Lodel, car ce logiciel permet une grande souplesse dans l’indexation des ressources.
Diffusion, valorisation, évaluation
Aujourd’hui, Bibenligne est une base de données qui recense plus de 600 sites auxquels s’ajoutent des conseils de recherche, d’utilisation des outils et de méthodologie. Notre objectif n’est pas d’aboutir à l’exhaustivité dans le repérage des sites, mais de fournir à nos utilisateurs une sélection adaptée à leurs besoins sur nos domaines de spécialité.
Dans un esprit de diffusion et de partage des connaissances, nous avons choisi de placer les contenus produits sous la licence Creative Commons 14. C’est l’occasion de nous donner les moyens de générer des collaborations avec des sites proches, comme Internet per gli Umanisti, maintenu par Carlo Favale 15. Et aussi de nous ouvrir à des projets qui travaillent dans la même direction : au sein de la MMSH, le Pôle images, sons, recherches en sciences humaines travaille depuis longtemps en partenariat avec la fédération de revues en sciences humaines et sociales, Revues.org, qui est productrice d’un annuaire en SHS, à vocation beaucoup plus large, l’Album des sciences sociales. Bibenligne en est désormais partenaire et nous avons commencé à fournir à l’Album des notices sur notre champ de compétence. Cette collaboration sera formalisée au cours de l’année 2006.
Le référencement et la mise en place de statistiques de fréquentation nous permettent d’assurer la diffusion et la valorisation de notre travail hors des murs de la MMSH. Documenté sur le wiki, le travail de référencement passe par la suggestion systématique de nos adresses aux moteurs de recherches généralistes et spécialisés, le signalement sur les forums et listes de diffusions spécialisées. Le référencement se complète nécessairement par l’examen systématique des statistiques de fréquentation. Celles-ci nous permettent de savoir avec précision quels sont les points d’entrée du site, de connaître ceux qui font des liens vers lui, ainsi que les moteurs de recherche qui l’indexent régulièrement et la fréquence de cette indexation.
Pour le moment, ces données sont consultables uniquement depuis l’Intranet de la MMSH 16. La fréquentation de Bibenligne est passée de 4 439 pages vues en juin 2004 à 36 755 en janvier 2006. La hausse de la fréquentation correspond à la montée en charge du travail de rédaction des notices, à l’adhésion de nouveaux collaborateurs, aux améliorations techniques apportées au site (développement de la syndication tout particulièrement) et au référencement dans l’ODP 17.
L’utilisation de la syndication de contenu a été un tournant dans l’évolution de notre projet : nous prenions enfin conscience de l’intérêt de l’interopérabilité et de son utilisation au quotidien. Au-delà de la lecture de nos flux par les internautes au moyen d’agrégateurs, la syndication nous a permis de mutualiser nos contenus en les proposant à des sites sur le domaine des études méditerranéennes. La Revue des mondes musulmans et de la Méditerranée (REMMM) 18 republie par exemple, à travers la syndication de contenu, l’actualité des dernières notices de Bibenligne sur son propre site, sous la rubrique « SHS Méditerranée en ligne 19 ». L’idée de la syndication nous a séduits au point de nous suggérer celle de sa reproduction sur support papier. L’intégration au sein d’une maison des sciences de l’homme nous permettait de travailler directement avec des rédacteurs en chef de revues. Ainsi, depuis juin 2004, deux revues scientifiques reprennent les notices de Bibenligne au sein de leurs publications, en lien avec la thématique de chaque numéro, sous une rubrique dédiée aux ressources en ligne. Il s’agit de Rives-Nord méditerranéennes 20 et de la Revue des mondes musulmans et de la Méditerranée.
Pour terminer, il faut aussi évoquer les prises de contacts directes par les internautes avec le site de Bibenligne. Nous recevons régulièrement des demandes de renseignement par courriel et des lecteurs ou des producteurs de sites nous suggèrent des adresses de sites en ligne, commentées ou non. Nous nous rendons compte à cette occasion que les usages du web sont encore mal assurés et en cours de constitution. Il nous arrive régulièrement de recevoir des demandes de copie de thèses ou des demandes directes de documents primaires…
La recherche sur le web est totalement dominée par un petit nombre d’acteurs industriels. Les annuaires de liens généralistes ont peu à peu cédé leur place en page d’accueil 21 à de grands portails de service. L’ODP reste un des derniers annuaires généralistes de poids en raison de la vivacité de son modèle de production et de la place toute particulière qu’il occupe au sein du fonctionnement des moteurs de recherche.
L’apparition des folksonomies 22 et des outils sociaux de partage de savoir tels que le social bookmarking ont considérablement modifié les usages du web et démultiplié les sources d’informations. Loin de nous exclure des stratégies d’acquisition et de production de l’information par les chercheurs, l’intrusion du web dans notre communauté a accru la demande de médiation des ressources documentaires. Cela nous a conduits à repositionner nos offres de service ainsi qu’à réorienter nos réflexes professionnels.
Aujourd’hui, au cœur des processus d’acquisition et de production de l’information, il est essentiel pour le documentaliste de comprendre l’imbrication de la maîtrise des techno-logies du réseau et de l’utilisation des informations qu’il transporte. Cette intimité entre technologie et contenu le place plus que jamais comme médiateur des ressources électroniques. Les annuaires de liens scientifiques sont un élément de ce dispositif de médiation pour la recherche et l’enseignement.
Classer, valoriser, ordonner les ressources électroniques, donner à lire, voir et écouter ces mêmes ressources selon des critères de sélection adaptés à son public sont, à n’en pas douter, des tâches de choix pour les professionnels de l’information et des bibliothèques. La demande reste forte pour une médiation non marchande des contenus culturels et scienti-fiques : les annuaires spécialisés ont encore de beaux jours devant eux.
Février 2006