Liber Quarterly : the Journal of the European Research Libraries
volume 13, no 1-4
ISBN 3-598-01161-X : 248 € ( pour les non-membres de Liber)
Accessible en ligne sur abonnement à l’adresse :
http://liber.library.uu.nl
Ce treizième volume publié par la Ligue des bibliothèques européennes de recherche (Liber) est le reflet des ateliers et conférences qui ont ponctué la vie de l’association pendant l’année universitaire 2002-2003. Si les travaux de la Ligue au cours de cette période ont accordé une large place à la conservation des collections spécialisées (cartes, plans et manuscrits, en particulier), l’année 2003 a également été consacrée à des débats plus politiques. Avec la définition d’un programme stratégique pour la période 2003-2006, les membres de Liber ont identifié les défis auxquels leurs bibliothèques sont aujourd’hui confrontées. Cette réflexion de plus long terme a précédé la conférence annuelle de la Ligue.
La conservation des cartes et plans
Le premier numéro de cette livraison intéressera les professionnels chargés de la conservation des cartes et plans puisqu’il réunit les principales communications de la treizième conférence du Groupe des cartothécaires de Liber. Des spécialistes venus principalement de Grande-Bretagne, de Scandinavie et d’Europe centrale se sont réunis à Helsinki en septembre 2002 autour du thème « Stratégies de survie : collections, données, institutions ». Leurs articles abordent les thèmes suivants : la sauvegarde des cartes, trésors du patrimoine finlandais ; la difficile conciliation de la préservation et de la consultation des cartes ; le dépôt légal des cartes en Grande-Bretagne ; les services cartographiques en ligne 1. Sont évoqués des développements très prometteurs issus de la rencontre entre géographes, bibliothécaires et spécialistes de l’informatique documentaire : la préservation du patrimoine comme la diffusion d’informations cartographiques de haute précision s’appuient désormais sur les technologies digitales (traitement numérique des cartes, utilisation de métadonnées), comme en témoignent les expériences finlandaises, parmi les plus avancées dans ce domaine.
Modernisation et organisation des BU
Le deuxième numéro de Liber Quarterly présente un intérêt notable pour les bibliothèques universitaires. Il offre en effet une synthèse des grands enjeux auxquels sont aujourd’hui confrontés les établissements de l’enseignement supérieur : au-delà des spécificités nationales, le programme stratégique de Liber propose une analyse prospective des questions de modernisation et d’organisation qui mobilisent aujourd’hui les bibliothécaires dans l’Université. Ce texte dresse d’abord quelques constats : les politiques publiques cherchent à faire des économies, à renforcer l’autonomie des universités et à ajuster l’offre de formation aux besoins du marché du travail. De leur côté, les universités prêtent une nouvelle attention à leurs bibliothèques et leur accordent une plus grande autonomie de gestion. Elles cherchent également à valoriser leur production scientifique sur la Toile et explorent dans ce but des modèles économiques, techniques et scientifiques alternatifs à l’édition commerciale. Dans ce contexte, Liber invite les bibliothèques universitaires à se concentrer sur les chantiers suivants : le travail en réseau et le rassemblement autour de nouvelles alliances nationales, régionales et internationales, pour faire face aux effets conjugués des restrictions budgétaires et de la concentration économique ; la numérisation des collections imprimées, destinées à être partagées en réseau ; l’archivage, la conservation et le dépôt légal des documents numériques ; une transformation profonde du catalogage.
Ces chantiers impliquent une vigilance et des compétences accrues, qu’elles soient techniques (innovation, normalisation), juridiques (droit de la propriété intellectuelle, gestion des droits), ou économiques (gestion et répartition des coûts). Afin d’encourager ces évolutions, Liber s’assigne pour les prochaines années des objectifs qui visent surtout à favoriser la coopération institutionnelle, européenne et régionale, en particulier pour ce qui concerne la production, la conservation et la diffusion de la documentation électronique.
Ce texte, qui s’apparente à un manifeste, est accompagné d’un document exemplaire issu de la Conférence des recteurs du Danemark. Celui-ci définit les objectifs prioritaires des bibliothèques universitaires danoises. Il a paru intéressant de publier conjointement le programme de Liber et le fruit de la réflexion stratégique conduite dans l’un de ses pays membres. Les deux documents présentent d’ailleurs une cohérence réelle : au Danemark, les grands projets confiés aux bibliothèques universitaires sont la construction de la bibliothèque numérique, la mise en place de services personnalisés, l’enseignement à distance (e-learning), le partage des connaissances, la coopération documentaire.
Partenariats des bibliothèques
Le troisième et dernier numéro de l’année 2003 est en fait un double numéro au contenu assez dense et varié. Il fait suite au 32e congrès annuel de Liber consacré aux partenariats des bibliothèques 2. Les communications sont regroupées autour de quatre grandes thématiques : les nouveaux modèles de publication ; l’imprimé et le numérique ; l’intégration des ressources imprimées et manuscrites ; l’évaluation des partenariats.
En matière de conservation, l’exposé de David F. Kohl dresse un panorama complet des magasins de grande taille (comparables à ceux du Centre technique du Livre) implantés dans plusieurs États américains et évoque également les « magasins numériques » destinés aux collections digitales. L’article d’Erik Oltmans porte sur la mise en place du dépôt légal électronique à la Bibliothèque royale des Pays-Bas et explique le fonctionnement de ce modèle qui s’appuie surtout sur la collaboration des grands éditeurs. La question de la documentation électronique est encore abordée sous d’autres aspects : archives ouvertes (Donatella Castelli) ; systèmes d’information documentaires (Tamar Sadeh).
Les articles répondant à la question difficile de l’évaluation des partenariats en bibliothèque témoignent d’approches assez différentes. Roswitha Poll recense les techniques et les méthodes connues pour mesurer l’impact des bibliothèques sur la population et la « valeur ajoutée » qu’elles apportent à la société. Des approches plus sectorielles s’avèrent assez convaincantes, notamment l’analyse de l’évolution du prêt entre bibliothèques comme indicateur de travail en réseau en Allemagne (T. Mrowka et R. M. Schmidt).
Signalons enfin que c’est à Sylvie Chevillotte qu’incombe de représenter les couleurs de l’Hexagone et du site Formist dans cette livraison de Liber Quarterly où la participation française se caractérise malheureusement par sa discrétion : raison de plus pour s’intéresser aux publications de la Ligue qui permettent de faire régulièrement le point sur les projets de nos voisins européens.