L'économie de la petite édition

Juliette Doury-Bonnet

Le Centre régional des lettres (CRL) de Basse-Normandie a organisé le 18 mars 2005, lors du Salon du livre de Paris, une table ronde consacrée à la petite édition animée par Vincent Gimeno, de l’association Circé. Ce dernier proposa sa définition de la petite édition (la « haute édition » contre le « prêt à lire ») mais suggéra que le débat mette plutôt l’accent sur les questions de diffusion. Il déplora une « situation économique catastrophique ». Il en appela aux CRL pour « entamer une vraie concertation » et « commencer à mettre des actions concrètes en place », dans un cadre de travail plus interrégional que national.

Dans le public, Stéphanie Meissonnier, de la Fédération française pour la coopération des bibliothèques, des métiers du livre et de la documentation, intervint pour rappeler les missions de la FFCB. Elle signala qu’un dépliant, Hors des sentiers battus *, proposait un parcours pour découvrir les petits éditeurs régionaux présents au Salon du livre.

Bernard de Fréminville (Dilicom), à l’origine d’une étude du ministère de la Culture et du Syndicat national de l’édition (SNE) sur la question, se montra optimiste : « Les petits éditeurs ne sont pas dans une économie de survie. » « Les libraires leur donnent une place plus importante que leur poids économique. » Il souligna que, si les nouvelles technologies leur offrent une visibilité, les petits éditeurs sont bien lents à s’en emparer : Dilicom et Électre ont du mal à récupérer leurs données et beaucoup de livres ne sont pas déposés à la Bibliothèque nationale de France, alors même que le dépôt légal est obligatoire.

Cet appel au professionnalisme fut repris par d’autres intervenants. Par Françoise Cartano (Société des gens de lettres) qui insista en particulier sur la nécessité de contrats avec les auteurs. Elle encouragea les petits éditeurs à adhérer à la Sofia (Société française des intérêts des auteurs de l’écrit), administrée à parité par les auteurs et les éditeurs et agréée par le ministre de la Culture pour la gestion du droit de prêt en bibliothèque. Par André Chabin (Ent’revues) qui, s’il a reconnu que les revues étaient aidées en région, a regretté le mauvais accueil que leur font Électre, la presse et les librairies : ce sont « des laboratoires de la petite édition, mais qui les voit ? » Il a conseillé aux petits éditeurs de « s’aider eux-mêmes ».

Dans le prolongement des Assises régionales de la culture, Yves Frémion, conseiller régional, est chargé d’un rapport sur la politique du livre pour la région Île-de-France. Il resta assez flou : « Difficile de dire ce que l’on va faire. » Mais il ne s’agit pas d’interférer dans ce que fait l’État… Cependant, certaines mesures sont urgentes : une enveloppe d’un million d’euros est prévue pour le livre et la lecture dès cette année.

Le SNE commence lui aussi à s’intéresser à la petite édition. « C’est suspect, mais attendons… », proposa Vincent Gimeno.