Mais à quoi servent vraiment les bibliothèques municipales ? (3)
Avec la parution de deux derniers textes dans ce numéro s’achève le débat sur un thème bien ambitieux : « Mais à quoi servent vraiment les bibliothèques municipales ? ». Thème déjà exploré tout au long du XXe siècle, depuis Eugène Morel (Les bibliothèques, Mercure de France, 1908) jusqu’à Michèle Petit (De la bibliothèque au droit de cité : parcours de jeunes, BPI, 1997), et qui appelle évidemment des réponses multiples, nuancées, voire contradictoires. Puisqu’une bibliothèque est, par essence, un objet complexe – « Il s’agit désormais de penser sous le nom de médiathèque quelque chose qui conjugue localement la Bibliothèque nationale et le Futuroscope », résumait Jean-Claude Pompougnac (Esprit, mars-avril 1991). Les services, les collections, les usages, les usagers : l’identité de chaque bibliothèque est singulière, même si elle est encadrée par le modèle de bibliothèque admis, voire promu, par les bibliothécaires. Si l’on peut généraliser, on ne peut modéliser. D’où la difficulté à parler du modèle de bibliothèque et de son essoufflement. Il faudra bien, pourtant, s’y confronter. Sauf à se résigner à ce que la bibliothèque de demain soit celle que voyait Borges : « Je soupçonne que l’espèce humaine est près de s’éteindre, tandis que la Bibliothèque se perpétuera : éclairée, solitaire, infinie, parfaitement immobile, armée de volumes précieux, inutile, incorruptible, secrète. »