4es rencontres Formist
Montserrat Farguell
Les 4es rencontres Formist 1 se sont tenues à la Bibliothèque municipale (BM) de la Part-Dieu à Lyon le 8 juin 2004 sur le thème « Quelle place pour les dispositifs de formation à distance dans l’enseignement de la maîtrise de l’information ? ». Patrick Bazin, directeur de la BM de Lyon, a insisté sur l’importance de cette thématique non seulement pour les bibliothèques universitaires mais aussi pour les BM à l’heure du développement de la société de l’information et de l’apprentissage tout au long de la vie.
Ouverture de Formist à l’étranger
Dans la poursuite de l’ouverture de Formist à l’étranger, Sylvie Chevillotte avait invité Jo Parker, Information Literacy Unit (ILU) manager à l’Open University Library, et Pierre Dillenbourg, professeur à l’École polytechnique de Lausanne.
Créée en 2002, ILU a pour objectif d’aider à comprendre l’importance de l’information literacy pour les étudiants et à intégrer ces compétences dans son programme scolaire. Pour cela, les étudiants suivent Mosaic 2 un module qualifiant de 12 semaines, représentant 70 à 90 heures de cours, dont les objectifs sont de connaître plusieurs systèmes pour trouver des informations, d’apprendre des techniques de recherche et de formuler des jugements sur la qualité des informations. En dehors du matériel pédagogique, les inscrits sont encadrés à distance par des bibliothécaires et la validation passe par un dossier d’évaluation.
P. Dillenbourg a souligné qu’il n’y a pas d’effet intrinsèque du médium informatique sur l’efficacité de la formation et qu’il n’est pas à lui seul la garantie d’une plus grande motivation des étudiants. En réalité, les technologies éducatives présentent un éventail de logiciels très différents fondés sur les principes d’écoles pédagogiques différentes – béhaviorisme, constructivisme, etc. Leur pertinence dépend des objectifs définis par les enseignants. Le web n’est qu’une technologie permettant d’intégrer plusieurs méthodes et donc de s’intégrer aux autres moyens d’enseignement en cessant d’être un élément isolé.
Quels didactiels pour l’initiation à la recherche documentaire ?
Cette journée fut aussi l’occasion de découvrir des réalisations. Ainsi, Arlette Mauriès, conservateur au service commun de la documentation (SCD) Lyon I, a présenté Iridoc, didacticiel d’initiation à la recherche documentaire pour les étudiants de première année de licence.
La formation des utilisateurs est une préoccupation de longue date au SCD Lyon I et, à partir de 1999, structurer l’offre de formation devint une priorité. Le bilan de cette première expérience permit aux bibliothécaires de tirer certaines conclusions : une formation doit être intégrée au cursus, progressive et obligatoire, elle doit utiliser des méthodes pédagogiques attractives et interactives et pouvoir s’appliquer à un grand nombre d’étudiants.
La mise en place du LMD (licence, master, doctorat) et l’appel à projet pour la création de documents pédagogiques multimédias ont permis la création d’Iridoc, conçu en collaboration avec un scénariste, le service des nouvelles technologies de Lyon I et des informaticiens en 2003-2004. Les bibliothécaires et le scénariste travaillèrent ensemble sur la définition d’objets de connaissance multimédia articulés selon un scénario, chacun contenant un contenu théorique, une simulation, des exercices, des liens et des aides. Le développement fut réalisé par les informaticiens et l’équipe Nouvelles technologies. Iridoc correspond à 6 séances de travaux pratiques avec une évaluation sous forme d’un dossier bibliographique à rendre et d’un questionnaire à choix multiples. Il sert de support pour des TP encadrés par des tuteurs universitaires.
La pause méridienne offrait la possibilité aux participants d’assister à des démonstrations de différents didacticiels : Calis 3, Defist 4, Metafor 5 et Réseaux-doc 6.
Christiane Guillard, vice-présidente de l’Université Paris X chargée des systèmes d’information et des technologies éducatives et médiatisées et responsable du projet Réseaux-doc, est intervenue sur l’expérience des campus numériques. Leur développement, en réponse aux appels d’offre de 2000 à 2002, répond à un triple enjeu, à la fois politique, institutionnel et pédagogique. Référentiel pédagogique, corpus de ressources en ligne, formation pour les enseignants, Réseaux-doc s’est heurté à des pôles de résistance tant du côté des enseignants que des étudiants, rappelant que l’hybridation entre des enseignements classiques et à distance ou des TICE (technologies de l’information et de la communication pour l’enseignement) nécessite une réflexion sur les processus d’apprentissage.
Apprendre en ligne à l’épreuve des normes
Parallèlement à ces expériences concrètes, plusieurs interventions ouvraient une réflexion globale sur le thème de la journée. Jacques Perriault, professeur à l’Université Paris X-Nanterre, est intervenu sur l’apprentissage en ligne et les normes et standards. Après l’éclatement de la « bulle e-learning » en 2002, mirage poussé par la technologie et un universalisme supposé – alors que l’on observe une montée des particularismes culturels de grandes régions du monde –, l’enseignement en ligne répond désormais à des offres ciblées pour un public précis ayant des besoins existants, sans rejeter l’importance de la médiation humaine dans la formation à distance. De nouvelles perspectives sont liées aux lendemains de catastrophe naturelle ou à la gestion du risque.
Après un rappel de la différence entre norme et standard, J. Perriault a indiqué qu’en réponse à la demande américaine de dépôt d’une norme Iso pour la création d’un standard de l’enseignement à distance, un groupe Afnor avait été créé sur ce thème. Or des standards existent déjà (Scorm, IEEE, LOM). Des travaux sont en cours vers une norme Learning Resources Management (LRM), mais c’est difficile en raison des différences entre les cultures éducatives. Par ailleurs, procéduralisation et réflexion sont bien différentes et, face aux nouvelles générations expertes en procédures, un débat semble urgent.
En conclusion de cette journée, Frédéric Saby a rappelé que, si le contexte du LMD permet des réalisations et que l’enseignement à distance peut résoudre, par exemple, la question du nombre ou offre la possibilité d’individualiser un parcours, beaucoup de questions demeurent encore posées… Pour les cinquièmes rencontres Formist en 2005 ?