Paris V : la bibliothèque universitaire hors les murs
Juliette Doury-Bonnet
Le 25 mai dernier, Jean-François Dhainaut, président de l’université René Descartes-Paris V, organisait une conférence de presse sur « la première bibliothèque universitaire à distance » en France. En effet, les chercheurs, mais aussi les étudiants, ont besoin d’avoir accès à la documentation partout où ils se trouvent, 24 heures sur 24.
Pour Jérôme Kalfon, directeur du Service commun de la documentation (SCD) de Paris V, il s’agissait de répondre à une forte demande de consultation des bases de données bibliographiques et des revues en texte intégral, en tenant compte du contexte : une communauté de 35 000 personnes et des lieux de pratique (hôpitaux, laboratoires, etc.) souvent extérieurs aux locaux de l’université.
Le projet Accès distant aux ressources documentaires (Adel) a été inscrit au contrat quadriennal 2002-2005. En septembre 2002, sept conservateurs stagiaires de l’Enssib, coordonnés par Carole Letrouit, directrice adjointe du SCD, ont été chargés de dresser un état de l’art, en particulier aux États-Unis, au Canada et en Grande-Bretagne, et d’étudier la faisabilité technique et juridique des solutions envisageables.
Jérôme Kalfon a insisté sur la collaboration étroite entre le SCD et la Direction des systèmes d’information (DSI) de l’université dans la recherche d’une solution novatrice, souple et évolutive, adaptable aux conditions contractuelles et à des périmètres variables : elle devait être accessible de partout, sans configuration du poste de travail et sans logiciel dédié.
Adel, qui a bénéficié de l’annuaire informatique de l’établissement, s’intègre dans le projet de constitution d’un environnement numérique de travail à Paris V et dans les projets de campus numériques. Patrick de Carné, directeur adjoint de la DSI, a expliqué l’intérêt d’un espace numérique de travail (ENT) pour les membres de la communauté universitaire. À Paris V, l’ENT est accessible par un portail fédérateur qui gère l’identification et l’authentification de l’utilisateur et offre un accès personnalisé aux applications. L’espace collaboratif développé par la DSI permet de partager les actualités de l’université, des cours et des corrigés en ligne, des emplois du temps et des agendas, des forums thématiques et toutes sortes de documents.
Patrick de Carné et Sébastien Abdi, de la société IdealX choisie par l’université, ont justifié la solution technique adoptée pour cette « nouvelle brique dans l’environnement numérique de travail de Paris V » : Reverse Proxy, « un relais qui permet d’accéder depuis Internet à certains services internes grâce à une authentification unique ». L’utilisateur se connecte au portail qui vérifie ses droits dans l’annuaire. Il ressort ensuite sur le réseau « avec la casquette Paris V ».
Sébastien Abdi a présenté les avantages de l’open source et de la mutualisation des développements. « Ce n’est pas gratuit », a rappelé cependant Jérôme Kalfon : les coûts du développement et de la maintenance doivent être financés. En réponse à une question de la salle, Sébastien Abdi a évalué à 30 000 euros le coût du portail pour Paris V. Tous les intervenants ont trouvé cela raisonnable et accessible à toutes les universités. Les initiatives open access proposent « des modèles économiques viables, non liés à la propriété des sources » qui sont en train d’émerger, à l’image de PLoS (Public Library of Science) ou de BioMed Central.
Jérôme Kalfon a conclu la conférence de presse sur les effets de la documentation en ligne. « On passe de l’imprimerie à l’imprimante et du savoir pouvoir au savoir partage. »