Le livre et l'édition
Christian Robin
Christian Robin, coauteur de l’ouvrage dirigé par Bertrand Legendre, Les métiers de l’édition (Cercle de la librairie, 3e éd., 2002), propose avec Le livre et l’édition un guide pratique à l’usage des étudiants ou des personnes souhaitant faire rapidement le tour de la question. Selon le principe de la collection « Repères pratiques », dans laquelle était paru La recherche documentaire de Martine Darrobers et Nicole Le Pottier, il s’agit d’un petit volume maniable et bien présenté, organisé en doubles pages. La page de gauche offre une synthèse de la notion traitée, introduite par un résumé. Celle de droite zoome sur un point particulier, sous forme d’un encadré illustré, au ton plus personnel, enrichi de tableaux et de graphiques. Mode d’emploi en début de volume, onglets rappelant le plan d’ensemble sur chaque double page, titres et sous-titres en couleurs, mise en page lisible, encadrés, résumés et phrases surlignées en caractères gras, écriture concise, le formatage est scolaire mais le résultat est clair et efficace.
L’ouvrage se compose de six parties d’une vingtaine de pages chacune. La première rubrique, « Histoire », rappelle les principales étapes de l’histoire du livre et de l’édition. Elle met l’accent sur les grandes figures, comme Louis Hachette ou Jérôme Lindon, et brosse le mouvement de concentration qui a abouti à la création d’un « duopole ». La suite dans une prochaine édition…
La deuxième rubrique, « Les productions », répertorie les différents secteurs du livre, selon la classification du Syndicat national de l’édition, et analyse les stratégies éditoriales spécifiques mises en œuvre dans chaque cas. La place des revues scientifiques est soulignée. L’auteur insiste sur les conséquences du développement d’Internet, en particulier sur l’édition de sciences humaines (il rappelle le modèle d’édition numérique en pyramide préconisé par l’historien du livre américain Robert Darnton), et sur l’édition juridique, avec le rôle de l’État éditeur face aux maisons privées. Quelques phrases glanées au fil des pages laissent le lecteur rêveur : en sciences humaines et sociales, « un seul éditeur, L’Harmattan, publie près d’un quart des livres » ; « Il existe d’ailleurs plus de membres de jurys que d’employés dans l’édition. »
La troisième rubrique, la plus étoffée, « Le processus », aborde successivement les différentes étapes de la chaîne éditoriale du livre. L’auteur résume le circuit par un schéma : il s’agit « non pas [d’] une chaîne, mais [d’] un système éditorial d’interactions », mû par trois forces, « l’évolution des connaissances, celle des techniques et celle de l’économie ».
La quatrième rubrique est consacrée aux techniques utilisées par les différents acteurs de la chaîne du livre. C’est une partie un peu « fourre-tout », puisque « comment se faire publier » côtoie la typographie, le traitement des textes structurés ou de l’image, le papier, l’impression, le travail du représentant, etc.
L’aspect législatif du secteur est traité dans la cinquième rubrique, qui s’attache à l’organisation de l’édition et à l’économie du livre. Une page concerne le prêt en bibliothèque. Une double page évoque le rôle de l’État à travers l’action de la Direction du livre et de la lecture et du Centre national du livre. L’auteur aborde la formation et consacre une page au DESS d’édition de l’université de Paris XIII où il est maître de conférence. Cette partie s’achève sur un aperçu de l’édition dans le monde.
La dernière rubrique concerne l’édition électronique. Le mode conditionnel est de rigueur. La filière est analysée selon le même canevas que l’édition traditionnelle. Des annexes complètent l’ensemble : un tableau des maisons d’édition françaises en 2003, une bibliographie, un lexique et un index.
Un petit volume clair et agréable à lire qui donnera envie d’en savoir plus. Petit bémol, la place accordée aux publications Nathan (la série Adibou citée au moins trois fois, une page pour le cartable électronique « qui a équipé quatre classes de troisième dans quatre collèges » en 2000 !). On n’est jamais si bien servi que par soi-même.