Un peu, beaucoup, à la folie... passionnément ?
Les bibliothécaires face à une production éditoriale pour la jeunesse toujours plus abondante
L’édition pour la jeunesse connaît un phénomène d’inflation. L’auteur de l’article s’interroge sur la réalité que recouvrent les chiffres et identifie quelques grandes tendances. Elle souligne que, si la couverture médiatique est toujours très insuffisante, les professionnels ont à leur disposition pour s’informer tout un éventail de revues spécialisées, de sélections, de journées d’étude ou de salons. Elle analyse enfin les stratégies des différents acteurs, face à la surproduction : éditeurs, libraires et surtout bibliothécaires.
Children’s book publishing is facing the phenomenon of inflation. The author of the article questions the reality that lies behind the figures and identifies a few major tendencies. She underlines the fact that although media coverage is still insufficient, professionals have at their disposal for information gathering a range of specialized periodicals, selections, study days and fairs. Finally, she analyses the different strategies of the actors concerned faced with this overproduction: publishers, bookshops and above all librarians.
Die Veröffentlichung von Jugendliteratur ist seit einiger Zeit inflationär. Die Autorin des Artikels untersucht, was sich hinter diesen Ziffern verbirgt und identifiziert einige breite Trends. Sie unterstreicht, dass dem Fachpersonal, trotz mangelnder Abdeckung durch die Medien, eine Reihe von Spezialzeitschriften, Auswahllisten, Studientage und Fachmessen zur Verfügung stehen, um sich zu informieren. Schliesslich analysiert sie die Strategien der von der Überproduktion Betroffenen: Verlage, Buchhandlungen und, vor allem, Bibliothekare.
La edición para la juventud conoce un fenómeno de inflación. El autor del artículo se interroga sobre la realidad que recubren las cifras e identifica algunas grandes tendencias. Ella subraya que, si la cobertura mediática es siempre muy insuficiente, los profesionales tienen a su disposición para informarse todo un abanico de revistas especializadas, de selecciones, de jornadas de estudio o de salones. Ella analiza finalmente las estrategias de los diferentes actores, frente a la superproducción : editores, librerías y sobre todo bibliotecarios.
Quel bibliothécaire pour la jeunesse, même chevronné, n’est pas pris de vertige devant les milliers de livres présentés au Salon du livre de jeunesse de Montreuil, passées les premières réactions enthousiastes devant tant de richesses ? Comment, année après année, face à des chiffres de production toujours en hausse, ne pas se sentir en « faute professionnelle » ? Aujourd’hui, peu de professionnels se targuent de connaître la majeure partie de ces ouvrages. Nous sommes loin des années 1930, où les bibliothécaires de l’Heure joyeuse revendiquaient de tout lire pour choisir et acheter le meilleur de la production…
En 1937, elles parlaient déjà d’abondance 1… Aujourd’hui, qu’ils s’en plaignent ou s’en réjouissent, les professionnels sont contraints de tenir compte de cette masse éditoriale et d’adapter leur politique d’acquisition. Cette situation questionne, pour des raisons diverses, tous les acteurs du livre pour la jeunesse et les bibliothécaires doivent être plus attentifs que jamais aux contraintes imposées ou subies par les éditeurs et libraires.
L’escalade
Les chiffres publiés par le Cercle de la librairie confirment cette impression : 9 000 titres pour la jeunesse ont été publiés en 2002 dont 5 651 nouveautés, soit une augmentation de 3,5 % par rapport à 2001. Il paraissait 1 495 titres en 1960 ; 2 282 en 1970, 4 549 en 1980 2.
Même si ce phénomène d’inflation ne fait que suivre la tendance éditoriale générale, il est important de noter la part croissante occupée aujourd’hui par la jeunesse. Un livre sur cinq est destiné au jeune public et cette édition a le vent en poupe.
Concernant le volume des ventes, le livre pour enfants reste un des secteurs qui connaît, avec la bande dessinée, la croissance la plus forte avec 3,2 % d’augmentation en 2002 (2,3 % pour l’ensemble de l’édition). C’est donc un secteur réputé en bonne santé. Chaque année, en septembre, Livres Hebdo publie un supplément jeunesse : l’automne 2001 « s’annonçait particulièrement riche pour la production d’ouvrages pour la jeunesse », en 2002 on y parlait « d’inflation », en 2003, « d’irrésistible ascension ».
Le chiffre d’affaires du livre jeunesse est en progression constante. En 2001, il a été de 211 millions d’euros, soit 9,4 % du CA total de l’édition (+ 39 % par rapport à 1994) pour 17, 7 % des livres vendus. Dans son Analyse du marché 2002 du livre de jeunesse 3, Isabelle Theillet confirme ce décalage : « En livres jeunesse, un volume de 80 % de ventes génère 60 % de CA, alors qu’en livres pour adultes, un volume de 20 % de ventes génère 40 %. » Nombre d’éditeurs déclarent que les rééditions et « l’entretien » du fonds représentent toujours autour de 50 % du chiffre d’affaires 4, même si peu d’éditeurs ont les moyens aujourd’hui de miser sur des ventes à long terme.
Quant aux tirages, la moyenne tourne autour de 11 000 exemplaires (13 000 en 1988) et baisse chaque année. Ce chiffre est à nuancer. Quelques best-sellers dominent largement le marché. Harry Potter – locomotive ou rouleau compresseur ? – est revenu sur le devant de la scène avec la sortie du tome V en novembre 2003 : plus d’1 million d’exemplaires du tirage français a été vendu en un mois (après 13 millions déjà écoulés en France pour les 4 premiers tomes). Les deux volumes d’Arthur de Luc Besson (Manitoba) arrivent en 3e et 4e positions (Arthur et la cité interdite, 104 400 exemplaires, Arthur et les minimoys, 76 500 ex.) et seront adaptés à l’écran en 2005.
Des titres chéris des 6-10 ans comme Tom-Tom et Nana de Jacqueline Cohen, Évelyne Reberg et Bernadette Després (Bayard), les Lili et Max de Dominique de Saint-Mars (Calligram) se sont vendus respectivement à 93 200 (tome 29) et 34 600 exemplaires (Max ne veut pas se laver). Des titres très « prescrits » par les enseignants, comme les romans historiques d’Odile Weulersse (Le chevalier au bouclier vert, Hachette, 62 700 ex.) ou Vendredi ou la vie sauvage de Michel Tournier (Gallimard 52 500 ex.) sont, année après année, dans les 50 premières ventes. En 2003, parmi les classiques pour la jeunesse, trois titres de Roald Dahl se sont vendus chacun à plus de 38 000 exemplaires 5. Même si de nombreuses petites structures éditoriales ne publient qu’une dizaine de titres par an à quelques centaines d’exemplaires, que reste-t-il pour les autres ?
Ce petit secteur de l’économie représente tout de même plus d’une centaine d’éditeurs, « un marché à la fois très concentré et très atomisé (cinq éditeurs se partagent les trois quarts du gâteau) » 6. Encouragés par le succès de certains, de nombreux éditeurs se lancent dans ce secteur prometteur : de trois en 2002, ils sont une douzaine en 2003 à proposer une collection pour la jeunesse : Picquier, POL, Bréal et même Les Belles lettres, etc. Le retour de François Ruy-Vidal avec sa maison Des Lires est à noter. Le succès immédiat n’est pas garanti : « J’ai lu jeunesse » a dû s’arrêter au bout d’un an ; cette collection se vendait pourtant à des milliers d’exemplaires, mais n’avait pas atteint les objectifs commerciaux fixés au départ par le groupe Flammarion.
Le libraire Alain Fievez résume ainsi l’évolution de ces trente dernières années : « L’histoire de la littérature jeunesse, c’est aussi celle des éditeurs. Il y a ceux qui innovent, ceux qui suivent, ceux qui imposent, ceux-qui-calculette, ceux-qui-faillite… » Il porte un regard aussi bien sur la diffusion « massive et populaire » que sur les novateurs qui ont ou non rencontré leur public. « À côté des grandes machines à produire, des structures légères d’édition demeurent… Font-elles le même métier, quand on voit par ailleurs se multiplier les produits dérivés des personnages phares ? » 7 En effet, comme dans l’édition générale, les coups éditoriaux se multiplient, « allant de pair avec la starisation tous azimuts (après Madonna et Mylène Farmer, on attend les contes de Cindy Crawford et Britney Spears), le marketing et l’inflation générale » 8.
Dans la forêt des livres, quelques tendances
En 1999 – il paraissait alors « seulement » 6 000 titres –, Françoise Ballanger, rédactrice en chef de la Revue des livres pour enfants et critique, s’interrogeait déjà sur ce phénomène : « Faut-il y voir le signe que la littérature pour la jeunesse a passé le cap d’une implantation solide dans le paysage éditorial et a maintenant atteint sa vitesse de croisière, et qu’elle manifeste ainsi sa bonne santé et sa vitalité ? Ou bien cela signifie-t-il que le livre pour enfants, devenu un produit culturel de grande consommation est dorénavant essentiellement soumis à des pressions commerciales et par conséquent menacé d’uniformisation ? » 9
Quelle réalité recouvrent ces chiffres globaux ? Cet emballement ne se cantonne-t-il pas à certains secteurs de l’édition jeunesse ? Celle-ci se caractérise en fait par une toujours plus grande diversité. En vingt ans, l’éventail des âges s’est considérablement étendu. Les collections pour les bébés se sont multipliées aussi bien que celles s’adressant aux adolescents et même aux jeunes adultes – « Pocket jeunes adultes » reprend par exemple des succès de l’édition pour adultes. Il y a vingt ans, les professionnels de l’enfance, de la santé (comme ACCES) et de la lecture se plaignaient du manque de livres pour tout-petits.
Aujourd’hui, selon Patrice Amen, PDG de Milan, « la petite enfance connaît une véritable explosion. Il y a 40 000 naissances supplémentaires cette année ; 16 000 enfants de plus sont entrés en maternelle en 2002, il y en aura 53 000 en plus en 2003 et 2004. Ce sont nos futurs lecteurs. Il est donc logique que nous leur proposions des livres. D’autant plus que les parents, avec les 35 heures, s’en occupent davantage » 10. Nombre d’éditeurs cherchent surtout dans ce domaine à imposer de nouveaux personnages qui seront déclinés « à toutes les sauces », et qui auront d’autant plus de chances de se vendre s’ils deviennent les héros d’une série télévisée ou s’ils en dérivent !
À l’autre bout de la chaîne, 2003 est « l’année des adolescents » à travers des collections toujours plus nombreuses (DoAdo/Rouergue, Scripto/ Gallimard, Tribal/Flammarion, etc.) 11.
Sur un plan plus général, la fiction domine toujours, avec la « rénovation » de plusieurs collections de poche plus ou moins intéressantes. Les séries pour « filles » comme les « Romans de Julie », collection créée pour les amatrices du magazine Julie (Milan), ont réapparu en force. Très appréciées des jeunes lectrices, elles hérissent tous ceux qui ont lutté pendant des années contre les stéréotypes féminins. Le genre le plus en vogue et le plus visible reste celui de la fantasy et du fantastique, favorisant le principe des suites, très demandées par les jeunes. Dans ce domaine, les frontières se brouillent entre édition pour adultes et pour la jeunesse : à la suite d’Harry Potter de J. K. Rowling et des Royaumes du Nord de Philip Pullman, de nombreux titres sortent dans des collections ou des formats différents pour toucher les deux publics comme Le Clan des Otori/Gallimard.
Un autre genre « inclassable » joue également sur les frontières : l’album illustré. En raison des thèmes abordés et/ou de l’originalité du style littéraire ou graphique, il s’adresse à un public « non formaté » et sans limite d’âge. Ces albums naissent souvent dans de petites maisons d’édition, pas toujours faciles à repérer, qui défendent un projet personnel, comme Qui, quand, quoi ?, les éditions MeMo, Les Oiseaux de passage, et bien d’autres.
Depuis peu, les contes ont « la cote » : les éditeurs les plus divers proposent des recueils ou des albums illustrés de grande qualité (Syros, Flies France, Didier, Milan, Grasset etc.). Du côté des documentaires, après les livres d’art, émergent la philosophie, les biographies ou encore le théâtre et la poésie. Enfin, les éditeurs de livres sont de plus en plus nombreux à proposer des livres CD : après Gallimard, qui multiplie les collections, Flammarion-Père Castor, Didier, Nathan, voici Thierry Magnier, Actes sud, Mango, etc.
Des sources d’information encore et toujours insuffisantes
Pour se repérer et être à même de choisir dans la profusion de nouveautés, encore faut-il avoir les moyens de s’informer. Paradoxalement, alors que ce secteur de l’édition s’est considérablement développé, la couverture médiatique est toujours très insuffisante. C’est un sujet de plainte récurrent chez tous les professionnels du livre de jeunesse. Malgré l’énorme effort de promotion du livre pour enfants des années 1970 12, vite retombé, et l’énergie quasi militante de ceux qui se sont faits les porte-parole de cette littérature, le livre pour enfants reste cantonné dans l’événementiel (Salon du livre de jeunesse de Montreuil, Noël, etc.).
Selon Alain Fievez, « la littérature jeunesse ne bénéficie de médiatisation que par à-coups, lorsqu’elle fait débat ou, comme dernièrement, quand l’éditeur [de Harry Potter] met astucieusement en scène l’impatience des lecteurs » 13. La presse non spécialisée, nationale et régionale, la radio et la télévision restent frileuses. Les chroniques régulières se sont encore amenuisées. Pour ne citer que quelques exemples récents, après quinze ans d’existence, la rubrique « Lire à belles dents » d’André Delobel dans La République du Centre Ouest a été supprimée ; la page mensuelle consacrée au disque pour la jeunesse de Françoise Tenier dans Diapason s’est arrêtée, tout comme la page mensuelle du cahier livres de Libération désormais épisodique. « Carrousel », animé par Ruth Stégassy a disparu, ainsi que les émissions qui lui ont succédé sur France Culture. Courageusement, plusieurs chroniques régulières perdurent dans Le Monde, Le Monde de l’Éducation, La Croix, Paris Môme, etc. et quelques émissions de radio sur France Inter, Radio Aligre, etc.
Heureusement, les professionnels ont à leur disposition tout un éventail de revues spécialisées de qualité, émanant d’horizons différents – associations, bibliothèques, librairies, Éducation nationale, etc. Parmi celles-ci, on peut citer La Revue des livres pour enfants, Nous voulons lire, Livres Jeunes Aujourd’hui, Lecture Jeunes, Lire pour comprendre, Argos, sans oublier les sites web émanant de professionnels 14. Le nombre de titres présentés est une goutte d’eau dans l’océan des livres publiés : La Revue des livres pour enfants, celle qui en chronique le plus grand nombre, présente environ 200 ouvrages par numéro (6 numéros par an) et en signale près de 2 000 sur les listes présélectives qu’elle fournit sur abonnement.
Il n’est certes pas indispensable d’avoir une information fouillée sur la totalité de l’édition ; pour un certain nombre de collections bien connues et sans surprise, les brèves notices hebdomadaires de Livres Hebdo suffisent en effet pour éliminer ou choisir. Mais le problème est que tout n’y est pas répertorié et que les notices sont simplement descriptives. Les sélections produites par des amateurs ne manquent pas sur le Net, mais elles sont le plus souvent inutilisables, car elles témoignent généralement d’une méconnaissance totale de la littérature pour la jeunesse. En revanche, de nombreux guides de lectures, bibliographies thématiques ou par âge et sélections annuelles émanant d’institutions diverses 15 sont une aide précieuse, en particulier pour constituer rétrospectivement des collections, encore faut-il en connaître l’existence. En dehors des outils cités plus haut, il n’existe pratiquement pas d’ouvrages de référence récents sur l’édition pour la jeunesse et aucun outil bibliographique scientifique complet sur la production actuelle.
Il est nécessaire de faire également appel à d’autres sources provenant d’horizons professionnels variés. Les journées de formation et d’information sur l’édition ainsi que les rencontres interprofessionnelles qui se multiplient à l’initiative de bibliothèques, d’associations de promotion du livre et de la lecture, etc., sont l’occasion de découvrir des éditeurs spécialisés, des genres littéraires ou de s’interroger sur les critères d’analyse. Le travail de sélection réalisé par les libraires spécialisés est également une source d’information essentielle, notamment la revue Citrouille ou Petit Page, hors série jeunesse de Page des libraires, etc.
Quant à l’information transmise par les éditeurs, elle est utile mais d’une autre nature. Lettres d’information, rencontres, etc., la stratégie marketing s’intensifie aujourd’hui dans le secteur pour la jeunesse, même si les éditeurs les plus importants affirment depuis toujours que les bibliothèques auraient peu de poids économique. C’est moins vrai pour les éditeurs indépendants. Certains, comme l’École des loisirs, entretiennent depuis toujours des relations étroites avec les bibliothécaires (envoi de catalogues, organisation de rencontres avec les auteurs, etc.). Les petits éditeurs cherchent, eux aussi, à témoigner de leur existence, et tout particulièrement auprès des bibliothécaires, promoteurs potentiels de leur production auprès du public.
Mais autant d’éditeurs, autant de projets et de modes de fonctionnement différents. Certains préfèrent faire cavalier seul, d’autres, en se regroupant, comme au Salon du livre de jeunesse de Montreuil, bénéficient depuis deux ans d’une visibilité plus grande. Ils se retrouvent dans d’autres salons spécialisés comme celui des petits éditeurs à Saint-Priest, ou à la Halle Saint-Pierre à Paris 16. Ils organisent également des journées d’information partout en France permettant ainsi aux bibliothécaires de découvrir ce que l’édition pour la jeunesse française mais aussi belge et suisse a de plus original.
Éditeurs, libraires et surproduction
Au-delà des problèmes d’information, cette production pléthorique interroge différemment les professionnels du livre. Les enjeux et les risques économiques et culturels ne sont pas les mêmes pour tous.
Les éditeurs
Le constat de bonne santé signalé plus haut est tempéré par l’inquiétude que manifestent les éditeurs : « Le fragile équilibre de l’édition jeunesse » titre Livres Hebdo 17 dans un article qui commence ainsi : « Malgré d’excellents résultats annoncés pour 2002, le secteur s’inquiète de la surproduction et se pose des questions sur son avenir », mais on n’en saura pas plus sur ce début alarmiste. Ce sont curieusement les éditeurs les plus importants, ceux-là même qui tentent d’occuper tout l’espace, qui parlent de « surproduction », un terme récurrent dans Livres Hebdo. Mais même des éditeurs comme POL sont pris dans le système, comme en témoigne Colline Faure-Poirée à qui a été confiée la collection PetitPOL : « Le principe est d’imposer des séries et un auteur en proposant des sorties massives pour le mettre en vedette et quelques albums-événements. »
Face à ce phénomène qui se généralise, d’autres stratégies éditoriales demeurent. Par exemple, Jean Delas, directeur de l’École des loisirs, annonce dans Le Journal du dimanche 18 qu’il préfère rester « à l’écart de cette insupportable pression du marketing universel… », et il ajoute : « Nous avons une politique de long-sellers et non de best-sellers. » Jacques Binsztok, directeur du Seuil jeunesse, déclare : « Quand nous publions des titres bizarres ou décalés, nous tirons toujours notre épingle du jeu. » 19
Les « petits » éditeurs indépendants, comme Points de suspension, Passages Piétons, Esperluette, et bien d’autres, ne se sentent pas concernés par ce débat. Ils sont obligés de toute façon de trouver des stratégies originales pour parvenir jusqu’à leur public et trouver à leurs ouvrages, qui font parfois figure d’« ovnis », une place en librairie. Confronté à cette difficulté, François Ruy-Vidal lance en février 2004 un « Appel à l’unisson : l’enfant-livre et l’ogre dévoreur : Auteurs, illustrateurs, petits éditeurs, bibliothécaires, enseignants, parents, prescripteurs, associations culturelles, presse spécialisée et libraires indépendants (500), œuvrons les uns avec les autres afin que les livres pour la jeunesse ne tombent pas dans le goulet de cette distribution facilement résignée qui, suivant les lois du marché établies par les gros groupes d’édition, devient l’ogre de la fable, l’étrangleur par lequel nous pensons être condamnés à passer… Toutes suggestions dans ce sens sont bienvenues » 20.
Les libraires spécialisés
Quant aux libraires spécialisés jeunesse interrogés, ils ont du mal à faire face à cette surabondance. Minoritaires mais dynamiques, les 52 librairies du réseau « Sorcières 21 » misent sur le qualitatif, sur la découverte, plutôt que sur la « grosse cavalerie ». Pour Nelly Bourgeois, libraire à Paris 22, il paraît effectivement trop de livres, dans la mesure où la qualité moyenne n’a pas augmenté. En librairie, s’il lui était encore possible de presque tout lire en édition jeunesse au début des années 1990, ce n’est plus le cas. Le tri est, aujourd’hui, très difficile car se pose, d’une part, le problème de la collecte de l’information et du choix, d’autre part, celui de la vente.
Pour s’informer, le libraire bénéficie, s’il le souhaite, d’un « office » de quelques éditeurs qui envoient un exemplaire de leur production. Il préfère, malgré tout, recevoir les représentants des éditeurs, à condition qu’ils se déplacent avec les livres. Il est en effet difficile de se faire une idée sur catalogue, aussi sophistiqué que soit l’argumentaire. Malheureusement les éditeurs réservent de plus en plus ces visites aux librairies qui font partie du « premier cercle », entre autres, en termes de chiffre d’affaires, et se contentent d’envoyer aux autres, par courrier électronique, le catalogue commenté et illustré.
Pour compléter, le libraire jeunesse lit les revues spécialisées et tisse tout un réseau avec d’autres professionnels. Ainsi, Nelly Bourgeois travaille et échange des informations avec des structures très différentes : les libraires de l’association Citrouille – elle écrit dans la revue –, des bibliothécaires de Paris et d’Ile-de-France, la Joie par les livres, le Centre de promotion du livre de jeunesse 93, et diverses associations comme ACCES ou LIRE à Paris (sur le livre et la petite enfance), les Trois Ourses (autour du livre d’artiste), etc. Elle s’attache tout particulièrement à connaître les petits éditeurs indépendants pour les faire découvrir à ses partenaires : « Élargir les murs de la librairie est indispensable, car l’information et les personnes doivent circuler. »
En ce qui concerne la vente, une librairie spécialisée ne peut pas prendre le risque de proposer de mauvais titres. Mais si l’ouvrage est bon, il se vendra même s’il semble « difficile ». Avoir une offre intéressante crée une demande et attire le public. Pour des librairies, comme le Scarabée, qui proposait 9 000 titres dans les années 1990, les valeurs sûres donnaient une certaine image de marque. La difficulté est d’équilibrer les collections entre les nouveautés à rotation rapide et les ouvrages de fonds à rotation plus lente qui représentent un investissement financier beaucoup plus important. Le nombre de libraires travaillant ainsi diminue, il est donc logique mais inquiétant de voir que le « fonds » disparaît aussi petit à petit des catalogues d’éditeurs.
Le marché pour la jeunesse, devenu très concurrentiel, intéresse de plus en plus les libraires généralistes qui développent des rayons de livres pour enfants. Ils ne se soucient pas forcément de s’informer et de vendre autre chose que les nouveautés demandées par le public, c’est-à-dire, ce qui marche, les livres à la mode. Il n’y a pas de notion de découverte et peu de prise de risque financière. Parfois, meilleure vente peut aussi coïncider avec qualité, et les grandes surfaces arrivent, quand elles s’en donnent la peine, à promouvoir de bons titres !
Dans ce contexte, s’inquiète Nelly Bourgeois, où le lecteur ira-t-il pour avoir un large choix, alors que même des librairies comme la Fnac réduisent leur fonds pour défendre un nombre limité de nouveautés et que peu de librairies ont la surface ou la capacité financière de maintenir des collections importantes ?
Dans ce même contexte, les bibliothécaires ont intérêt à travailler avec les libraires spécialisés pour profiter de leurs compétences. Encore faut-il que cela leur soit possible s’ils sont soumis au cadre des marchés publics. Les collectivités concernées ont intérêt à définir un « lot jeunesse » en termes de services (office, information bibliographique etc.) autant que de fourniture de livres (aptitude à servir les éditeurs plus marginaux, etc.), afin que soient retenus des libraires suffisamment spécialisés pour fournir une information bibliographique de bon niveau ou un office qui corresponde à des critères de qualité précis. Le récent plafonnement des remises aux collectivités devrait permettre à ces derniers de répondre plus facilement aux appels d’offre de ce type. Tous les fournisseurs, en particulier les grossistes qui ne disposent pas d’un personnel réellement qualifié dans le domaine de l’édition pour la jeunesse, ne sont pas capables de rendre un service aussi spécialisé.
Du côté des bibliothécaires pour la jeunesse
L’inflation éditoriale touche différemment les bibliothécaires. Jusqu’à récemment, il n’était pas si difficile à un bibliothécaire pour enfants organisé, curieux et bénéficiant de divers réseaux, d’avoir une connaissance assez bonne de la production dans son ensemble. Devra-t-il, en raison de cet afflux toujours grandissant, renoncer à la maîtrise de ses choix ? La connaissance, « livre en main », et en faisant appel aux compétences d’autres professionnels du livre pourra-t-elle être maintenue afin d’offrir aux enfants des collections répondant au mieux à leurs demandes et leur proposant de belles découvertes ?
Les collègues étrangers s’étonnent souvent de l’importance que les bibliothécaires français pour la jeunesse accordent à la constitution de leurs collections 23. Le refus des bibliothécaires (comme des libraires spécialisés) de se référer uniquement aux catalogues d’éditeurs, aux revues professionnelles ou aux propositions de quelques spécialistes pour faire leurs choix est propre à la France. Déjà, dans les années 1920, les bibliothécaires de l’Heure joyeuse estimaient nécessaire de tout lire – au début dans des conditions difficiles, car elles lisaient debout dans les librairies qui encerclaient l’Odéon. Quand l’institution a été reconnue, les éditeurs ont envoyé des services de presse. La production est restée pendant longtemps facilement « maîtrisable » dans son ensemble.
Les bibliothèques pour la jeunesse se multipliant, des comités de lecture se sont mis en place pour confronter les opinions et expériences de lecture avec d’autres collègues ou professionnels. Le travail du comité de lecture permet, en effet, de croiser les avis, ce qui limite les approches subjectives. Même s’il ne s’agit pas de tout lire, ni même d’établir des analyses du même ordre que celles que proposent les revues professionnelles, ce cadre permet de voir davantage d’ouvrages et d’ajuster ses critères d’analyse (ou ceux du groupe) à ses critères d’acquisition. Plus la production est importante, plus il est nécessaire de repérer l’essentiel et ce qui convient à son public par le partage des lectures.
« Livres en main »
Conscients qu’il leur est impossible de maîtriser seuls la production actuelle, les bibliothécaires se sont donc organisés pour tirer le meilleur parti des différentes sources d’information et des partenariats possibles. En fonction de la taille de l’établissement, de son insertion dans le réseau municipal, départemental, associatif ou autre 24, le comité de lecture reste encore un des moyens privilégié, même si les modalités de travail et de gestion sont très variables. Les systèmes reposent souvent sur des réseaux de bibliothèques, avec une implication plus ou moins importante de libraires ou d’associations de promotion de la lecture. À l’origine, tous les genres étaient analysés dans ces comités ; certains, ne pouvant plus faire face au nombre de parutions, ont préféré se spécialiser : fiction, bandes dessinées, documentaires, disques, petite enfance, etc., et examiner un corpus plus limité et cohérent.
Les comités de lecture des bibliothèques jeunesse de Paris reposent sur un système centralisé. Chargée de les alimenter en livres, Catherine Hamel 25 considère que l’information bibliographique doit être faite « sur pièce », c’est-à-dire à partir du livre et pas seulement d’une information secondaire fournie par l’éditeur. Elle « piste » les nouvelles parutions à partir de Livres Hebdo, les présentations bimensuelles de nouveautés organisées par la Joie par les livres, les catalogues d’éditeurs sur Internet, etc. De façon à alimenter les sept comités de lecture pour les cinquante sections jeunesse de la ville de Paris, elle sollicite des services de presse qu’elle complète par des achats de nouveautés. Depuis des années, elle entretient de bonnes relations avec les éditeurs. Très peu rechignent à envoyer des services de presse, certains laissent leurs ouvrages en dépôt et les récupèrent ensuite.
Les éditeurs apprécient ce travail des bibliothécaires, en particulier quand des ouvrages réputés « difficiles » sont retenus et qu’ils figurent dans les sélections proposées par les bibliothèques de Paris. Tout n’est pas lu : les séries et rééditions le sont à la demande, car il y a toujours l’espoir de « repêcher » un bon titre dans une collection médiocre. Certains titres suscitent la discussion et font l’objet de plusieurs lectures. C’est ainsi que 2 770 livres ont circulé en 2003. Parmi ceux-ci, les deux tiers ont fait l’objet d’une analyse écrite et 1 550 titres ont été sélectionnés pour acquisition. Au fil des années, les bibliothécaires pour enfants ont obtenu une augmentation du nombre annuel de nouveautés retenues, ce qui a permis d’élargir le choix à des titres plus originaux.
Spécialisé en fiction, le comité de lecture de Livres au trésor, piloté par Véronique Soulé, responsable de ce centre de ressources en Seine-Saint-Denis 26, réunit régulièrement 70 bibliothécaires et documentalistes. Patrick Borione, de la librairie pour collectivités Colibrije à Montreuil, envoie un office, établi selon des critères préalablement définis, avec les éditions courantes intéressantes, toutes les nouvelles collections, ainsi que les réimpressions et rééditions remarquables. Les bibliothécaires de Livres au trésor veulent aussi « avoir les livres en main » et font un premier tri sur cette sélection plutôt large – 2 000 titres en 2003. Ainsi, environ 1 500 titres – fournis en double exemplaire – ont « tourné » au sein du comité de lecture à un rythme d’une réunion mensuelle. 1 200 ouvrages ont fait l’objet d’analyses. Le travail du comité de lecture, auquel Patrick Borione participe activement depuis vingt ans, permet de croiser les avis et sert à tous les bibliothécaires de Seine-Saint-Denis à établir leurs commandes en s’appuyant sur le compte rendu mensuel. Il permet, également, d’alimenter une sélection annuelle qui paraît au moment du salon de Montreuil avec 250 titres longuement analysés et commentés.
Dans d’autres réseaux, les comités de lecture reposent davantage sur le travail de libraires spécialisés. Ainsi, à Bordeaux, selon Noëlle Biancolin, sa responsable, la bibliothèque des enfants de Mériadeck reçoit un office mensuel d’ouvrages de fiction de la librairie Mollat. Les bibliothécaires du réseau ont un mois pour lire les ouvrages et se réunissent alors avec la libraire, dont chacun souligne la compétence et les connaissances. Chaque bibliothèque commande ensuite au libraire ou choisit sur place. Ce système fonctionne bien quand le personnel est suffisant et a le temps de dépouiller les revues professionnelles ou de consulter les sites Internet comme Ricochet 27, notamment pour des sélections documentaires.
Même si la charge de travail est plus lourde qu’autrefois et la pression plus forte, ces mutualisations permettent de faire face à l’afflux des nouveautés, tout au moins tant que les équipes peuvent dégager le temps nécessaire à l’analyse et au choix. Pour cela, l’effort doit être réparti sur le plus grand nombre, mais le manque de formation initiale des « nouveaux » ne les incite pas toujours à participer à ce travail et pourrait remettre en cause ces organisations. Pour les participants, c’est aussi un lieu de formation mutuelle qui facilite la maîtrise des collections.
Des moyens qui ne peuvent suivre
Les acquisitions des bibliothèques se sont globalement accrues ces dernières années et ont permis un rajeunissement des collections. Mais, dans un contexte où se conjuguent surproduction et austérité budgétaire, on peut craindre que les bibliothèques n’arrivent plus à suivre la production sur le plan financier.
La frustration de ne pas voir les budgets s’envoler au rythme des parutions est vécue de façon plus ou moins aiguë en fonction de la politique d’acquisition définie par le bibliothécaire. Le débat reste ouvert : quelle quantité d’ouvrages souhaite-t-il proposer aux jeunes de façon à leur offrir un choix suffisant tout en ne les noyant pas sous la masse ? Privilégiera-t-il une diversité plus grande ou bien sera-t-il plus sélectif en termes de qualité et proposera-t-il une sélection plus étroite en limitant le nombre de titres au profit d’exemplaires multiples pour les meilleurs d’entre eux ?
Selon la position adoptée, le bibliothécaire se sentira plus ou moins concerné par l’emballement que connaît l’édition. En fait, l’important est d’avoir des moyens suffisants pour mettre en œuvre une politique d’acquisition cohérente et équilibrée, qui réponde, à la fois, aux demandes des jeunes et au souci des bibliothécaires de provoquer des rencontres inattendues 28. On peut tout de même se demander si, face à une baisse relative des budgets, les bibliothécaires auront encore les moyens d’acheter des ouvrages plus marginaux ou/et onéreux pour leur donner leur « chance ».
Miser sur la qualité
Tous ces spécialistes qui se plaignent de la surproduction réclament pourtant à juste raison de nouveaux titres : de nombreux ouvrages du patrimoine mériteraient de connaître une nouvelle existence éditoriale – L’Île rose de Charles Vildrac, Patapoufs et Filifers d’André Maurois… – ; l’exploration de nouveaux secteurs documentaires serait la bienvenue (géographie, sciences et techniques, etc.) ; on aimerait que les auteurs et illustrateurs les plus intéressants continuent à créer… mais on pourrait aussi bien se passer de textes médiocres, de collections « clones », de séries inutiles. Peut-être le marché actuel est-il obligé de produire beaucoup pour financer quelques ouvrages de qualité ?
Encore faut-il s’entendre sur la notion de « bon » livre. À l’ouverture de l’Heure joyeuse au public en 1924, les bibliothécaires Claire Huchet, Marguerite Gruny et Mathilde Leriche revendiquaient une exigence aussi grande dans l’accueil des enfants que dans le choix des collections. Elles considéraient qu’une sélection – qu’on peut qualifier de sévère – s’imposait. Henri Lemaître, pionnier de la lecture publique, écrivait en 1938 à ce propos : « Les livres sont des amis que les enfants y viennent voir […] On est sûr qu’ils ne s’égareront pas en de mauvaises fréquentations, car la littérature qui est mise à leur disposition a été convenablement triée et on en a écarté les livres mal écrits, les ouvrages niaisement moralisateurs, les auteurs dont le talent ne s’exerce que dans le plaisir de détruire. » 29. Cette phrase est à replacer dans le contexte de l’époque et à compléter par le regard porté par Geneviève Patte : « La collection de livres [de l’Heure joyeuse] était aussi riche et variée que possible : y figuraient, à côté des livres courants, des livres anciens, toujours vivants. » 30
Le discours sur la qualité générale de l’édition reste contradictoire : la critique se plaint de façon récurrente du nombre de médiocrités qui encombrent les catalogues. « C’est la qualité qui fait lire et non la quantité », affirme Véronique-Marie Lombard de Livralire 31 : plus elle lit de nouveautés, moins elle en sélectionne. Mais nombre de professionnels considèrent que le nombre de bons livres augmente. Cette question préoccupe moins nos collègues anglo-saxons, pourtant soucieux de qualité : font-ils davantage confiance aux enfants ou n’est-ce pas aussi parce que leur littérature pour la jeunesse est davantage médiatisée et reconnue dans ces pays ?
Une nouveauté chasse l’autre
Comment « absorber » toutes ces nouveautés ? Faut-il éliminer toujours plus rapidement les titres plus anciens, surtout quand les problèmes de place s’en mêlent ? Là aussi, un subtil équilibre est à trouver pour que les jeunes découvrent aussi bien l’actualité éditoriale que les titres qui « résistent » au temps. Encore faut-il donner leur chance à ces derniers en ne les retirant pas prématurément des rayons.
Conséquence de la politique éditoriale actuelle, la durée de vie des livres pour enfants raccourcit de plus en plus, au grand dam des auteurs, désespérés de voir leurs livres partir au pilon. La vigilance des bibliothécaires doit s’exercer pour laisser aux œuvres le temps de faire leurs preuves et devenir éventuellement des classiques de l’enfance. Les bibliothèques deviennent le seul lieu qui prolonge l’existence des livres et offre au public une mémoire de l’édition… même récente 32. Le temps des bibliothécaires n’est pas celui des éditeurs ou des libraires.
Et demain ?
Sans vouloir paraître cynique, ce ne sont pas forcément les plus « démunis » qui se plaignent le plus de cette production pléthorique : dans les pays où la production annuelle reste faible, les bibliothécaires envient cette possibilité de choisir dans une édition riche. Cette opinion est partagée par des collègues travaillant dans de petits établissements ou dépôts et disposant de budgets faibles. C’est en effet une chance de pouvoir sélectionner dans une production abondante et diversifiée, même si le meilleur y côtoie le pire.
Il faut cependant être conscient que si l’édition pour la jeunesse est un secteur riche, pas tout à fait encore « comme les autres », celui-ci reste fragile. Il faut espérer que, dans l’avenir, malgré les mutations en cours, il sera encore possible aux éditeurs indépendants de survivre et aux livres de parvenir jusqu’à leurs lecteurs. Dans ce contexte, il est d’autant plus essentiel que tous les acteurs concernés unissent leurs efforts pour donner des repères dans cette importante production et promouvoir encore plus largement les ouvrages les plus intéressants auprès du public.
Pour les bibliothécaires jeunesse, l’enjeu est bien de conserver la maîtrise de l’information et des choix, mais aussi d’assurer une veille documentaire sur la durée afin de maintenir, malgré l’afflux constant de nouveautés, une politique d’acquisition cohérente. Après, reste le difficile travail de valorisation des collections !
En guise de conclusion, voici les vœux envoyés par Livralire, pour la nouvelle année 2004 :
« Nos quatre rêves :
Que le nombre des nouveautés jeunesse diminue
Que les bibliothécaires s’installent dans les jardins et les lycées
Que chaque enfant s’endorme avec une histoire
Que les enseignants lisent les mêmes livres que leurs élèves. »
Mars 2004