Livres et apprentissages à l'école
Observatoire national de la lecture
Dans sa préface à cette deuxième édition de Livres et apprentissages à l’école (la première date de 1999), Luc Ferry rappelle l’objectif de cet ouvrage « conçu et réalisé spécifiquement à l’intention des professeurs des écoles » : il s’agit « d’un ouvrage pédagogique sur la place et l’usage du livre dans l’enseignement du cycle 1 au cycle 3 » qui « doit pouvoir servir de guide dans l’univers foisonnant de la littérature de jeunesse ». Il s’inscrit dans la logique des nouveaux programmes de l’école primaire qui définissent la maîtrise de la langue comme un axe majeur et préconisent d’aborder chaque année « dix œuvres littéraires (dont deux “classiques”) […] choisies dans une longue liste d’ouvrages […] dont beaucoup sont présentés dans les pages qui suivent ».
Le livre se compose de quatre parties. Après les « Orientations générales », un chapitre est consacré à chacun des trois cycles de l’école élémentaire, selon un plan identique. En annexe, on trouve des index des auteurs, des illustrateurs et des titres, ainsi qu’une présentation de l’Observatoire national de la lecture (ONL).
L’introduction des « Orientations générales » précise que les listes de livres proposées, réactualisées depuis l’édition de 1999, sont « complémentaires et en aucune façon concurrentes des listes publiées par le ministère ». L’objectif est d’offrir « un répertoire de livres […] à ne pas manquer » sous forme de « listes équilibrées », sélectionnant « le meilleur de toutes les maisons d’édition », sans particulière « révérence à l’égard des “classiques” de la littérature de jeunesse », ni « souci éperdu de coller à l’actualité ». L’accent est mis sur l’intérêt de la lecture « en réseau » (c’est-à-dire en proposant des documentaires pour éclairer le contexte d’un livre), voire « en constellation » (c’est-à-dire en dialogue intertextuel avec d’autres œuvres appartenant par exemple au même genre littéraire ou à la même thématique). D’un cycle à l’autre, l’idée de progression est privilégiée. Les critères de choix des livres sont précisés : diversité, qualité, adaptation aux enfants et aux activités scolaires. Des modes et des situations de lecture sont suggérés pour chaque cycle.
Chacun des trois chapitres suivants précise les enjeux du livre pour le cycle en question, les domaines d’activité concernés et les apprentissages que l’on peut développer : l’opposition entre monde réel et mondes imaginaires, entre la fiction et la documentation, le lexique, la dynamique et la cohérence du récit, le système des personnages, les constructions narratives, etc. sont approfondis de classe en classe. Puis sont proposés des exemples de parcours de lecture en « constellation » et en « réseau ». Une liste d’ouvrages clôt les chapitres : près de 600 titres en tout. Pour chaque titre, sont signalés l’auteur, l’illustrateur, l’éditeur, le genre et un niveau de difficulté de 1 à 3. Certains livres sont étudiés sur le site de l’ONL 1.
Bien sûr, pour un bibliothécaire, il est toujours frustrant de voir la littérature de jeunesse réduite à un outil scolaire, à des listes et à des recettes, même pour la bonne cause. Mais il faut reconnaître la difficulté croissante qu’il y a à s’orienter dans la production éditoriale. Et les auteurs, Marie-Claude Javerzat, Raymond Le Floch et François Rouyer-Marie, soulignent que « la prise en considération de la littérature de jeunesse est moins affaire de prescription que d’information et de formation. […] Plus on formera et informera les enseignants, et moins ils auront recours à des outils préfabriqués, sclérosés et sclérosants. »