La littérature de jeunesse et les adolescents

Évolution et tendances

Joëlle Turin

Dans la production pléthorique de livres pour la jeunesse, la part réservée aux adolescents n’est pas la moindre. Inclassable par excellence dans la mesure où le public lui-même est difficile à cerner, on peut toutefois y voir se dessiner quatre grandes tendances qui correspondraient à la fois aux capacités supposées d’un lecteur expert et averti, aux besoins de personnalités en train de se construire, aux intérêts d’un public de plus en plus ouvert sur un monde dans lequel il s’agit de trouver sa place, et surtout qui afficheraient, du côté des éditeurs, la volonté de consacrer les œuvres d’auteurs qui ont vraiment des choses à dire et à défendre dans une forme esthétique exigeante et souvent originale.

In the excessive production of books for the young, the part reserved for adolescents is not the smallest. Unclassifiable beyond comparison inasmuch as the public itself is difficult to determine, it is nevertheless possible to distinguish four important trends taking shape that match at one and the same time the supposed abilities of an expert and informed reader, the needs of personalities in process of being formed, the interests of a public more and more open to a world in which it is a question of finding one’s place, and especially that show a willingness on the part of publishers to concentrate on the works of authors who genuinely have things to say and stand for, in a demanding and often original aesthetic form.

Unter der erdrückenden Fülle von Büchern, die der Markt Kindern und Jugendlichen anbietet, gibt es eine beträchtliche Anzahl, die für Halbwüchsige bestimmt ist. Da es schwierig ist, diese Zielgruppe klar zu erkennen, kann man diese Werke unmöglich genauer einstufen. Man kann jedoch vier wichtige Tendenzen unterscheiden, die einerseits den mutmasslichen Kenntnissen eines fachkundigen und erfahrenen Lesers entsprechen, andererseits den Interessen einer Zielgruppe, die sich in immer grösseren Ausmass der Welt öffnet, in die man sich eingliedern muss. Vor allem sollten sie die Verleger dazu anregen, die Werke jener Autoren zu bestätigen, die wirklich etwas zu sagen haben, die sich für etwas einsetzen und das auf eine ästhetisch anspruchsvolle und oft originelle Weise.

En la producción pletórica de libros para la juventud, la parte reservada a los adolescentes no es la menor. Inclasificable por excelencia en la medida que el mismo público es difícil de delimitar, se puede sin embargo ver dibujarse ahí cuatro grandes tendencias que corresponderían a la vez a las capacidades supuestas de un lector experto y prevenido, a las necesidades de personalidades que se están construyendo, a los intereses de un público cada vez más abierto a un mundo en el que se trata de encontrar su lugar y sobretodo que harían alarde, de parte de los editores, de la voluntad de consagrar las obras de autores que tienen verdaderamente cosas que decir y que defender en una forma estética exigente y a menudo original

Les adolescents ont de quoi lire, ils ont même souvent l’embarras du choix si l’on en croit les rayons des librairies et des bibliothèques où on les invite à se servir. Si toutes, ou presque toutes, les maisons d’édition, grandes et petites, anciennes et nouvelles, ont aujourd’hui un « département » jeunesse, il semble qu’une tendance s’y fait jour, à savoir la part du lion qu’elles réservent aux collections dites pour adolescents et les stratégies qu’elles déploient pour fidéliser ce public qui paraît aussi instable qu’insaisissable. Elles y adjoignent d’ailleurs, l’air de rien, une série de romans « hors collection » copiant, Gallimard en tête avec la publication du livre de Melvin Burgess, Junk, l’idée de s’adresser désormais aussi bien à de jeunes adultes qu’à des adolescents.

On peut s’interroger sur de telles démarches. Faut-il en en déduire que ce public a des traditions de lecture spécifiques ? Il faudrait dans ce cas les définir et y répondre, comme semblait le faire et le penser Hélène Wadowski, directrice de la collection « Tribal » (Flammarion) dans l’entretien qu’elle accordait au moment de la création de sa collection à la revue Lecture Jeunes. Elle y parlait de « la grande part de révolte de cette tranche d’âge » et de son goût pour les textes « déjantés ».

L’effort éditorial tendrait alors à proposer une littérature spécifique avec des thématiques supposées plaire à cette tranche d’âge et, surtout, un langage censé être plus proche d’eux. Ce fut d’ailleurs l’orientation plutôt massive des collections pour adolescents des années 1970, où l’on considérait globalement qu’il fallait proposer à ce public une marge intermédiaire, aménagée tout exprès entre la grande littérature des textes classiques et contemporains et les petits romans faciles ou les séries de la production pour les plus jeunes, une sorte de palier avant l’ascension vers les grands textes. Ce qui, d’une certaine façon, discréditait déjà les textes de la catégorie et, en ce qui concerne « Tribal », donne carte blanche à des sujets très ciblés censés toucher les adolescents, tels que l’embrigadement politique (Les brigades vertes, David Grousset), l’incommunicabilité entre générations (Sac de nœuds, Jean-Jacques Busino), l’exploitation de l’innocence et de la passion d’un jeune en train de découvrir la musique (Blues en noir, Hubert Ben Kemoun).

Faut-il, au contraire, y voir une autre tendance qui consisterait à refuser de marquer des frontières entre la littérature de jeunesse et la littérature tout court en proposant des textes lisibles par tous sans les artifices et les contraintes d’une littérature adressée ? À première vue, cette dernière démarche laisserait plus de place à la création romanesque et ouvrirait au lecteur des horizons moins circonscrits. Elle s’inscrirait d’ailleurs dans un flou volontairement entretenu au niveau de l’affichage même des collections qui ne disent pas clairement leur appartenance à l’édition pour la jeunesse, comme le prouvent la collection « Romans » du Seuil, estampillée Seuil tout court, et la collection « Scripto » chez Gallimard pour la même raison. Elle s’inscrirait également dans la mobilité des écrivains eux-mêmes qui s’adressent aussi bien aux adultes qu’aux jeunes, tendance particulièrement bien représentée à l’École des loisirs avec des auteurs comme Agnès Desarthe, Marie Desplechin, Geneviève Brisac, Jean Joubert et bien d’autres, à la Joie de lire aussi avec des grands auteurs comme Bernardo Atxaga, Jürg Schubiger et Alice Vieira, enfin dans le passage dans l’édition pour la jeunesse de textes précédemment publiés dans l’édition générale.

Les deux démarches se complètent sans doute, et rares sont les livres qui se plient à des contraintes rigoureuses aussi bien au niveau des formes que des contenus. En prenant comme appui une série de romans qui me semblent représentatifs, j’essaierai d’analyser, sans prétendre à l’exhaustivité, la diversité des propositions en matière de littérature pour adolescents.

Dans la diversité annoncée, il semble possible de considérer, de manière large et forcément un peu arbitraire, quatre grandes catégories romanesques :

–les textes réalistes, ancrés le plus souvent dans une réalité contemporaine, qui font la part belle aux problèmes familiaux, tribaux, sociaux, et dont le réalisme, bien que parfois compensé par une approche humoristique, s’est durci depuis quelques années ;

–les textes engagés, le plus souvent en rapport avec la grande Histoire – contemporaine la plupart du temps – qui dénoncent la folie des hommes, s’affirment comme devoirs de mémoire, comme témoignages ;

–les romans d’aventures et initiatiques, au sens large du terme, qui privilégient le dépassement, le détour, le lointain et forgent les personnages ;

–les œuvres intempestives, inclassables, qui obligent les lecteurs à se poser des questions nouvelles au-delà de toutes celles qu’ils se posaient déjà, sollicités en cela par les mondes qu’on leur propose et qui parfois dérangent les médiateurs.

Ces distinctions, simple fil d’Ariane dans le dédale des titres qui paraissent chaque année dans ce secteur, ne suffisent évidemment pas à caractériser une production. Les questions de structure narrative, la complexification de plus en plus grande des modèles de récit vont souvent de pair avec l’âge supposé des lecteurs, aussi n’est-il pas rare de trouver parmi ces ouvrages des procédés d’écriture qui sollicitent activement les compétences, les capacités de compréhension, d’interprétation et d’anticipation de ces lecteurs adolescents dont on peut penser qu’ils sont plus experts en lecture que les plus jeunes.

Les textes réalistes

Des textes réalistes, on en trouve à foison dans toutes les collections dites pour adolescents. Leur nombre pourrait laisser penser qu’ils sont parmi les plus prisés des lecteurs de cette tranche d’âge, mais rien n’est moins sûr. Si l’on s’en réfère à des études comme celle de Michèle Petit sur les pratiques de lecture des jeunes et auxquelles le dernier livre qu’elle vient de publier chez Belin, Éloge de la lecture, fait allusion à plusieurs reprises, on peut considérer avec elle que le lecteur ne privilégie pas forcément « le texte qui colle à sa situation… [qu’]une trop grande proximité peut se révéler inquiétante, intrusive, enfermante ». Et donc que ces livres qui mettent généralement en scène des personnages de l’âge des lecteurs confrontés à des difficultés dans leur famille, dans leur école, dans la société ou dans leur groupe de pairs, doivent avoir pour plaire d’autres atouts que celui de coller à la réalité des adolescents.

Le roman miroir

C’est sans doute une des raisons pour lesquelles les livres souvent complaisants, qui cédaient volontiers à la démagogie et à la facilité et qui ont eu leur heure de gloire au début des années 1970, quand les éditeurs se sont lancés dans les premières collections pour adolescents, ont pratiquement disparu aujourd’hui de la circulation des ouvrages destinés à ce public. Et tant mieux, car il s’agissait bien plus de produits à fonction thérapeutique, souvent écrits à la première personne, qui jouaient uniquement, mais pleinement, du principe d’identification et proposaient des situations et des personnages stéréotypés, autour de thèmes attendus tels que la psychologie des jeunes, le racisme, la sexualité, le divorce, l’alcoolisme, sans distance, sans artifices littéraires et sans surprise.

La veine du roman miroir n’est pas pour autant totalement abandonnée dans la mesure où elle répond à ce besoin que manifeste l’adolescent d’aimer parfois se regarder dans la glace du livre afin de mieux se connaître sans vraiment risquer sa peau, puisqu’il s’agit de le faire à travers des personnages, des contextes, des problématiques qui sont ceux de sa vie quotidienne. Se confronter à sa propre image dans un désir d’immédiateté, à travers la plus petite distance possible entre le lecteur et le contenu du livre peut être aussi un moyen de s’en distancer, après coup.

Les champions du genre (Susie Morgenstern, Judy Blume, Marie-Sophie Vermot, Tim Winton, Agnès Desarthe pour ne citer qu’eux) mettent souvent en scène tourments et épreuves d’adolescents, mais ils introduisent suffisamment d’humour, de tendresse et de dérision pour donner à leurs textes de la vie et du charme qui permettent d’échapper à l’écueil de démonstrations sur commande. Ainsi, l’histoire de Louis qui s’est fourré dans une situation inextricable pour avoir dépensé l’argent de l’assurance scolaire pour payer sa place de cinéma (Je manque d’assurance, Agnès Desarthe, L’École des loisirs, « Médium »). Heureux sur le coup, il s’en mord les doigts longtemps après et livre sur un ton inquiet, lucide et désabusé, ses mésaventures à la fois économiques et sentimentales. Et aussi celle du jeune Lars, tiraillé entre son amour pour son père, plutôt rude et inculte, et la volonté de sa mère, récemment remariée, d’accéder à une vie plus « convenable ». Ulf Stark décrit avec beaucoup de finesse et d’émotion les choix difficiles qui résultent d’un divorce, pour un adolescent (Laissez danser les ours blancs, Ulf Stark, « Castor poche Senior »). Quant à John, l’adolescent de Tu ne me connais pas (David Klass, Le Seuil), il écrit tout simplement à sa mère pour lui dire sans ménagement tout ce qu’il a sur le cœur et qui pourrit sa vie alors qu’elle n’en a pas la moindre idée : la haine de son beau-père, le collège, ses amours sans lendemain. Mais ce qui pourrait n’être qu’une liste fade et attendue des frustrations d’un adolescent devient une chronique pleine d’humour et de dérision en raison de l’envergure du personnage qui affronte une réalité hostile avec une distance étonnante, en raison aussi de la vivacité de la narration qui se fait sur un rythme enlevé et dans une progression dramatique à couper le souffle.

La rébellion adolescente n’échappe pas à ce type de livres, mais, cette fois encore, elle est traitée de façon fine et complexe qui dépasse le propos. C’est ainsi que Will, 14 ans, s’inspire de la lecture du journal d’un ancien combattant de la guerre de 1914-1918 pour tenir la chronique de sa vie familiale en décrivant avec une belle ironie les grandes batailles que se livrent sa sœur Estelle, adolescente, et ses parents qui n’en peuvent plus, mais tiennent à préserver leur territoire. Cela donne à la fois une vision juste et drôle de l’adolescence et une analyse subtile et complexe des caractères et des sentiments (La guerre sous mon toit, Anne Fine, L’École des loisirs, « Médium »). Un livre qui illustre une définition de la littérature de jeunesse souvent entendue : « Facile à lire, difficile à comprendre. » Dans cette catégorie des romans réalistes, deux autres tendances se dessinent désormais.

Se sortir des embûches de la vie

Tout d’abord, celle des textes qui fonctionnent selon le schéma classique du récit, à savoir que toute histoire vise à rétablir, de manière plutôt linéaire qui accentue l’effet de réalité, un ordre perdu. Partis de situations particulièrement difficiles, les personnages vont devoir déployer énergie et adresse pour se sortir des pires embûches de la vie. Et l’on peut émettre l’hypothèse que la démonstration par l’exemple du bien-fondé de la ténacité, pour ne pas dire de l’entêtement, qui est largement admis comme un des traits communs à bien des adolescents d’une part, et la tendance de tout être humain à s’intéresser en priorité à tout personnage qui souffre d’autre part, sont des facteurs d’investissement dans ce type de livres.

Les procédés de captation du lecteur les plus fréquemment utilisés vont dans ce sens, qui privilégient une entrée dans le roman au milieu d’actions déjà en cours, une multiplication des scènes au détriment des sommaires qui renforcent la dramatisation et l’effet fiction. Le roman de Marie-Aude Murail, Oh, boy ! (L’École des loisirs, « Médium »), primé à plusieurs reprises à la fois par un public adulte et adolescent, est une des meilleures illustrations du genre. L’auteur y mêle adroitement le drame et la légèreté, en mettant au centre du récit un adolescent sur lequel le sort s’acharne injustement (il est malade, orphelin et l’aîné d’une fratrie malmenée), mais qui est doté de qualités qui vont lui permettre de sortir vainqueur de toutes les situations.

Si le thème de l’orphelin n’est pas nouveau et le mélodrame non plus, celui des familles recomposées et des couples homosexuels le sont davantage et la manière d’aborder ces questions est résolument contemporaine, qui met au cœur du sujet la démission ou l’immaturité des adultes et leur égoïsme face à l’intelligence, la vivacité, le courage et la loyauté des plus jeunes. Les personnages échappent au schématisme, et si les artifices littéraires, et en particulier les coïncidences forcées, sont un peu trop évidents, le ton est juste, l’intrigue adroite, le suspense garanti.

Une fin sans espoir

Ceux des textes réalistes qui ne suivent pas le schéma classique et conservateur du rétablissement de l’ordre sont parmi les plus durs et les plus exigeants de la littérature de jeunesse. Ils s’achèvent généralement sur une situation dramatique et sans espoir et sollicitent de la part du lecteur un effort de compréhension et d’interprétation qui les réserve à de bons lecteurs. S’ils ne fournissent pas de modèles au sens du héros positif que son succès rend exemplaire, ils proposent une série de questions sur les dysfonctionnements des systèmes politiques, familiaux, sociaux qui malmènent les individus les plus faibles et les moins bien nés ou lotis.

Ainsi le roman de Günter Saalman, Le King, c’est moi (L’École des loisirs, « Médium »), au dénouement tragique, retrace par des scènes très dures l’itinéraire d’un garçon, Rex Kamentz, dont le désarroi s’inscrit dans le contexte de la chute du mur de Berlin et des bouleversements qui s’ensuivent pour certaines familles de l’ex-Allemagne de l’Est dont la sienne. Le choix de la narration à la première personne permet que s’exprime la voix singulière d’un adolescent s’adressant à ses pairs. Si le procédé vise à favoriser l’identification du lecteur, il livre surtout, dans cet exemple, un regard introspectif sur la manière de penser et de vivre les choses d’un adolescent qui voit s’effondrer tous ses repères, ses espoirs, son avenir. Le roman dénonce avec force et fait réfléchir sur la fragilité des situations, sur l’opportunisme, voire le cynisme avec lequel certains utilisent à leur avantage et au détriment des autres les bouleversements politiques de portée historique.

Ainsi encore les romans de Serge Pérez (Les oreilles en pointe ; Comme des adieux, L’École des loisirs, « Médium »), qui mettent en scène un enfant martyr, souffre-douleur à la maison (des parents violents, eux-mêmes traumatisés, une petite sœur retardée), à l’école (un maître insensible à sa détresse), parmi ses pairs, et sur lequel le destin s’acharne jusqu’au bout en éteignant inexorablement la seule lueur d’espoir.

Le roman de Melvin Burgess, La déroute (Gallimard, « Frontières »), offre une variation encore plus sombre des thèmes que cet auteur, qu’on sent profondément engagé, cherche à défendre, et qui sont la soif de liberté et de dignité, la lutte pour la survie. Il met ici en scène, à une époque indéterminée mais qui ne semble pas si lointaine, trois enfants vivant dans la périphérie de Londres, alors devenue une ville protégée réservée aux riches. Dans de tentaculaires bidonvilles et sinistres décharges, ils occupent leurs journées à essayer de se nourrir et de survivre en échappant à l’extrême violence du monde qui les entoure. Le récit, qui retourne contre eux l’atout qu’ils croyaient tenir en la personne d’un bébé enlevé à ses richissimes parents pour lequel ils voulaient obtenir une rançon, rend d’autant plus saisissante la démonstration de leur faiblesse : aucune part de liberté ni d’innocence ne leur est reconnue, ils sont poursuivis, traqués, aucune issue autre que dramatique n’est possible.

Cette vision pessimiste de la vie, de la famille et de la société, qu’illustrent encore des auteurs comme Robert Cormier ou Marie Brantôme, répond apparemment aux conflits et au refus que les jeunes opposent aux adultes, à leur société et à leur culture. Ils illustrent la définition donnée par Geneviève Brisac de cette production romanesque qu’elle considérait comme le reflet d’une époque qui se revendique sans tabou, qui laisse une grande place au brassage des cultures et laisse circuler les idées et les mots. Ce sont des livres qui permettent au lecteur de tester la vie sans la subir, qui lui donnent l’impression de prendre de l’avance, de se projeter dans l’avenir et de prendre distance et hauteur de vue vis-à-vis du monde dans lequel il vit.

Les textes engagés

La deuxième catégorie, celle des textes engagés, donne la parole à des auteurs qui prennent position non par conformité idéologique, mais parce qu’ils ont quelque chose à défendre.

La guerre en est un des premiers thèmes porteurs, et en particulier la guerre de 1939-1945. Les premiers titres de la collection « Page Blanche » chez Gallimard ont initié ce courant, suivis de près par la collection « Majeur » à l’École des loisirs, avec des livres inoubliables sur le génocide arménien en 1915, la Shoah, la montée du nazisme, écrits par des auteurs durement malmenés par ces événements qui revendiquaient le droit de dire et de dénoncer.

D’Aranka Siegal à Ilse Koëhn, d’Esther Hautzig à David Kherdian en passant par Peter Berger ou encore Arnulf Zitelman, il s’agissait, d’une part, d’accomplir un devoir de mémoire en racontant pour les générations futures l’entreprise d’extermination systématique des Arméniens par les Turcs, des Juifs par les nazis, d’analyser le contexte de la montée du nazisme pour faire comprendre l’aveuglement collectif de tous ceux qui ont cru que l’application du programme national-socialiste allait apporter des solutions aux difficultés économiques du pays. Il s’agissait, d’autre part, de témoigner de la capacité d’héroïsme, de résistance et de dignité de ces populations, et enfin d’exorciser la culpabilité et le chagrin de leur survivre.

Ce furent des témoignages poignants, des récits autobiographiques qui exigeaient du lecteur des connaissances historiques précises et un avis sur la question. Un des derniers en date de Jean-Jacques Greif, Le ring de la mort (

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Le ring de la mort. © L’École des loisirs, 1998. Photo : Raymond Depardon (détail) / Magnum.

L’École des loisirs, « Médium »), s’appuie sur les souvenirs racontés par Moshe Garbaz dans Un survivant (Plon, 1984). L’auteur transmet ainsi le témoignage d’un rescapé des camps d’extermination nazis. Il raconte, parce qu’il doit raconter, sa survie dans « l’usine à fabriquer des cadavres », la mort, la haine et sa certitude de n’être plus jamais un homme comme les autres, s’il survit. En évoquant cet enfer au sein même de la machine à détruire l’humanité, il construit justement le portrait d’un homme qui reste debout.

Dans cette tradition désormais bien établie et qui a fait ses preuves, les auteurs aujourd’hui lèvent le voile sur d’autres périodes et événements dramatiques de l’Histoire qui n’étaient pas si librement traités. La collaboration et le rôle de la police française sont dénoncés avec moins de réserve, la censure sur la guerre d’Algérie commence à être timidement levée, l’accent est également mis sur la Première Guerre mondiale non pour vanter l’héroïsme, le patriotisme, l’esprit de sacrifice ou le zèle des combattants, mais pour dénoncer l’absurdité des massacres et l’horreur des tranchées.

Ainsi, sans excès de pathos, le roman de Catherine Cuença, La marraine de guerre

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La marraine de guerre. © Hachette Livre, 2001-2002. Illustration : Arnaud Rouèche (photos : archives Hachette)

(Livre de poche Jeunesse), donne à ressentir l’horreur de la guerre non par des descriptions insistantes des champs de bataille ou des tranchées, mais en décrivant les détails de la vie quotidienne du soldat, avec ses doutes, son courage ordinaire, ses espoirs et ses aspirations. Ainsi, en insistant sur l’aspect d’incompréhension des événements, Michaël Morpurgo, donne la parole à Joey, un brave cheval de ferme vendu à l’armée anglaise, qui décrit sa lutte et celle des soldats qui l’entourent pour survivre au milieu des champs de bataille de la guerre de 1914 (Cheval de guerre, « Folio Junior »). Ainsi, le recueil de nouvelles de Paule du Bouchet, À la vie, à la mort (Gallimard, « Scripto »), qui, en quelques récits d’une écriture à l’économie exemplaire qui va au plus profond des cœurs, donne à voir des enfants brusquement privés de parents, des adolescents arrachés à l’insouciance de leur âge et jetés dans la tourmente du front, des jeunes qui se sacrifient pour une cause qu’ils savent juste, montrant la valeur des consciences, la force de l’amour et de la mémoire au-delà de la mort.

Dans le souci d’informer et de concerner ce public sur des conflits récents qui permettent d’aborder des questions de brûlante actualité, on trouve également bien des témoignages sur le conflit bosniaque qui mettent en avant la non-sanction des violations des lois de la guerre et la difficile reconstruction d’une identité. Une guerre en Europe – Nouvelles de Sarajevo (Livre de poche Jeunesse) livre une série de quinze textes, nouvelles et témoignages, qui se veulent des actes de foi dans une cohésion et une cohabitation possibles entre communautés, dans l’avènement d’une vraie démocratie et une mise en garde contre les dangers d’un nouveau fascisme toujours possible. Se faisant l’écho d’une évolution plus générale des valeurs, des discours et des connaissances, tous ces auteurs insistent aujourd’hui bien plus volontiers qu’hier sur la notion de crimes contre l’humanité, sur des valeurs humanistes de tolérance et de solidarité plutôt que sur des notions d’héroïsme.

Un autre aspect de ces romans engagés s’inscrit dans un mouvement de pensée qui affirme le droit et le besoin qu’ont les enfants pour grandir de connaître le passé de leurs aînés. Un grand nombre de textes mettent en scène la découverte de secrets de famille, articulant ainsi la grande Histoire et l’histoire familiale, la mémoire familiale et la mémoire collective, et jouant sur le goût du mystère et de l’énigme, les ressorts les plus efficaces de la fiction. Ainsi le livre d’Anne Provoost, Le Piège (Le Seuil), met en scène un jeune adolescent tenté un moment par l’extrême droite qui découvre avec effarement le passé nazi de son grand-père. Ainsi celui de Muriel Szac, Un lourd silence (Le Seuil), où un jeune adolescent apprend en enquêtant sur son grand-père que celui-ci n’est pas le héros de la Résistance qu’on lui a toujours décrit, mais au contraire l’un des responsables de la collaboration à Lyon. Le secret peut être enfoui au fond de soi-même et nécessiter un retour en arrière afin de se construire, malgré une histoire tiraillée entre arrachements et attachements, projets et souvenirs, présences et absences. C’est cette douloureuse quête de soi qu’entreprend Esther, l’héroïne de L’enfant caché (Berthe Burko-Falcman, Le Seuil) dans un roman aussi touchant qu’exigeant, dont la construction faite de fragments du journal d’Esther rédigés à des époques différentes et d’un récit plus distant, drôle et dramatique à la fois, pris en charge par un narrateur extérieur, donne cohérence et justesse à l’ensemble, et souligne l’intensité de la détresse.

Les recours à la fable et à la science-fiction sont deux autres manières qu’utilisent les auteurs pour défendre des idées qui leur tiennent à cœur ou proférer des mises en garde sans se montrer pesants, directifs ou moralisateurs. Ils créent d’office une distance et une imprécision qui laissent au lecteur le soin de transposer, interpréter, tirer seul la morale de l’histoire. Dans cet ordre d’idées, Version 5.12 de Reinhald Ziegler (L’École des loisirs, « Médium ») donne vie à une ville terrifiante, déshumanisée, parce qu’entièrement régie par des systèmes informatiques. L’élue de Loïs Lowry (Gallimard)

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L’élue. © Gallimard Jeunesse, 2002. Illustration : Anne Buguet.

dénonce l’archaïsme et la violence d’un monde dans lequel une fillette orpheline et pauvre ne doit sa survie qu’à ses qualités de brodeuse. Elle est utilisée par le pouvoir en place, le Conseil des seigneurs, pour restaurer et achever une robe fabuleuse sur laquelle est inscrite toute l’histoire de son peuple. L’auteur, qui avait déjà pris position et dénoncé les systèmes totalitaires, les non-dits de l’Histoire et l’hypocrisie des dirigeants dans un premier roman fantastique, Le passeur (L’École des loisirs, « Médium »), revient en force avec ce dernier titre qui laisse au lecteur le soin de lire au-delà du contexte et d’élaborer le sens de cette histoire.

Les romans initiatiques

Les romans d’aventure à caractère initiatique sont ceux qui collent le plus à la définition de l’adolescent si on regarde et décompose le mot lui-même, la racine « ol » signifiant force vitale, le préfixe « ad » signifiant « vers » ce qui indique un cheminement, renforcé par le suffixe « esco » qui suggère un sens de progression lente.

En un sens, et pour reprendre les termes de Françoise Dolto dans Paroles d’adolescent, l’adolescent est quelqu’un qui progresse lentement vers la maturité en laissant derrière lui sa peau d’enfant. Les romans d’initiation qu’on lui propose racontent comment on devient plus grand, quels apprentissages et quelles séries d’épreuves initiatiques, au sens large, permettent de passer à l’âge adulte. Les thématiques les plus fréquentes tournent autour de la quête du père, le refus ou l’acceptation de la société, la fuite ou le combat et ne sont pas sans rappeler l’analyse élaborée par Marthe Robert à partir d’un essai de Freud intitulé Le roman familial des névrosés, où elle distinguait, à la lecture des grands romanciers du XIXe siècle, deux types de romans : celui du bâtard réaliste qui seconde le monde tout en l’attaquant de front, et celui de l’enfant trouvé qui esquive le combat par la fuite ou la bouderie. Les romans d’initiation proposés aux adolescents naviguent souvent entre ces deux pôles du refus et de l’acceptation, du refuge dans les rêves et de l’action.

Le mythe de la robinsonnade renvoie, comme l’a montré Marthe Robert, au roman familial de l’enfant qui, recherchant la satisfaction par les voies les plus courtes et les plus directes, se construit un univers subjectif où il règne en maître. Revisité dans la littérature pour adolescents, le mythe adjoint très vite à l’illusion d’une omnipotence sur un monde soumis aux désirs du héros la loi de la réalité qui régule l’unique principe de plaisir en obligeant le personnage à adapter la recherche de sa satisfaction aux conditions imposées par cette réalité. Ainsi, dans le roman de Michaël Morpurgo, Le royaume de Kensuké (Gallimard), le jeune Michael, qui se retrouve sur une île déserte au large de la Malaisie, doit-il composer avec la loi imposée par le vieil homme qui y vit seul depuis la Seconde Guerre mondiale – un peu plus d’un quart de siècle comme Robinson sur son île – et lui apprend la sagesse, la modération et le culte du travail. L’emprise fantasmatique du roman n’est pas à démontrer, qui réactive quelques-uns des scénarios imaginaires de l’enfance rejoués par les personnages, ni la dimension initiatique qui dépasse ici la simple éducation ou l’acquisition des rudiments d’une science pour atteindre à une modification du statut ontologique du jeune garçon. Il devient autre parce qu’il entre à la fois dans un monde qui n’a pas grand-chose à voir avec le sien et dans celui des valeurs spirituelles de Kensuké.

Un très beau roman de Louis Sachar, Le passage (L’École des loisirs, « Médium »), primé partout, est un autre excellent modèle du roman d’initiation. Cette histoire du jeune Stanley, envoyé dans un camp disciplinaire perdu dans le Texas pour un vol qu’il n’a pas commis, non seulement fait du garçon d’abord inexpérimenté et plutôt débonnaire, lointain cousin du Piggy de Sa majesté des mouches, un héros plein de courage et de ténacité, mais encore par arrière-arrière petit-fils interposé, lui permet d’honorer la dette familiale contractée par un aïeul qui n’a pas su tenir ses promesses. Outre le parcours du combattant dans le camp du Lac Vert où il creuse des trous dans le sable à longueur de temps, sous un soleil brûlant qui lui endurcit le corps et l’esprit et le fait grandir, il gagne en profondeur et en valeur symbolique en rétablissant, dans un endroit où l’on a vu cent ans plus tôt des actes de racisme et d’injustice, le droit, la justice et la fraternité. La structure complexe du roman, son aspect composite et plein d’inventions, dont un des jeux les plus savants et réussis consiste à renouer des fils et des destins épars, le réservent à des lecteurs experts et sont une des marques caractéristiques de la littérature pour adolescents. L’auteur n’hésite pas non plus à multiplier les raccourcis chronologiques, les ruptures, les métaphores, à entremêler les thèmes, et à utiliser dans le texte humour grinçant, ironie et dérision, dont on sait bien que, pour être perçus, ils exigent du lecteur une autre lecture que littérale ou naïve, mais bien plutôt une lecture avertie et complice.

D’autres auteurs choisissent de faire référence, de manière plus ou moins explicite, à de grands mythes qu’ils revisitent et interrogent. C’est le cas de Jerry Spinelli avec L’étrangleur (L’École des loisirs, « Médium »), d’Angel Victor Lluch avec Le condor (Le Seuil), qui exploitent en particulier les thèmes de la violence et du sacré, c’est-à-dire de la justification de l’un par l’autre. Au nom de l’ordre social et de l’appartenance à un groupe dont la violence naturelle est canalisée par des rites, le jeune Palmer se doit, pour ses dix ans et pour entrer dans le monde des grands, d’étrangler tous les pigeons que les tireurs adultes ont manqués au cours de la journée de tir qu’organise sa ville une fois par an. Il doit aussi, pour être admis dans la bande de ses pairs, supporter des blessures physiques et morales, dont le ridicule surnom « Crottes de nez », autant d’humiliations et de violences qu’on peut sans doute apparenter aux rites des chasseurs, aux cérémonies qui accompagnaient les changements de saison. La jeune Yesenia empêchera la mise à mort du condor normalement célébrée chaque année dans le petit hameau péruvien où elle vit, parce que l’enjeu qui consistait pour les hommes du village à se dépasser dans cette épreuve a perdu son sens et qu’elle ne veut pas vendre l’âme de son peuple en trahissant ses traditions.

Les romans d’aventure sont également des textes d’initiation à la vie dans une dimension plus vaste que le quotidien où le lecteur peut expérimenter l’histoire et la géographie, la tempête et la guerre, le courage et l’humiliation, la solitude et la peur. Au plaisir de la découverte et de l’expérience, s’ajoutent, pour les jeunes qui ne reculent pas devant les frissons de peur ni les torrents d’impressions fortes, le plaisir d’un suspense musclé et d’une bonne dose d’émotions. Ils peuvent alors tester toute la gamme des sentiments potentiels que recèle leur sensibilité. Ils peuvent éprouver en particulier ce sentiment ambivalent si bien décrit par Vladimir Jankélévitch 1, fait d’horreur et d’attrait, d’envie héroïque du péril et de la terreur du risque qui menace notre vie ou notre confort, qui caractérise la tentation de l’aventure. C’est ainsi qu’avec la jeune Polyxène partie à la recherche de ses origines qu’elle imagine évidemment royales, le lecteur entre dans un temps où il y avait encore des rois, des princesses, des marchands, des pirates et des saltimbanques, et affronte un voyage semé d’embûches et de rebondissements (L’étonnant voyage de Polyxène, Bianca Pitzorno, L’École des loisirs, « Médium »). Ou il peut encore, à la lecture du long voyage de Salamanca à travers les États-Unis pour rejoindre sa mère partie quelques mois auparavant, participer à la tension et à l’inquiétude qui progressent à mesure qu’approchent le terme du voyage et le drame qu’on pressent. Joies et peines, souvenirs et découvertes s’entremêlent qui donnent parfois le vertige et ouvrent les horizons (Sharon Creech, Le voyage à rebours, Gallimard, « Page blanche »).

Les œuvres inclassables

Il reste les œuvres intempestives, inclassables, qui se trouvent en grand nombre dans les collections destinées aux adolescents. Ce sont toutes celles qui souvent dérangent parce qu’elles modifient l’horizon d’attente du lecteur en matière de littérature pour la jeunesse, toutes celles qui surprennent, questionnent, ouvrent des perspectives inattendues, déconcertent aussi bien au niveau de la forme que du contenu.

Certains auteurs excellent ainsi à précipiter le lecteur au cœur du paroxysme des passions de l’âme humaine. Robert Cormier est orfèvre en la matière, jouant avec le suspense et la dramatisation pour entraîner le lecteur dans une histoire cauchemardesque qui laisse, après un dénouement ambigu, bien des questions ouvertes sur la culpabilité, le pardon, la responsabilité, la soif de vengeance ou l’innocence.

Ainsi l’histoire de Denny, adolescent de seize ans et otage d’affrontements tragiques qui le dépassent tout en le concernant étroitement au point de détruire sa vie. Son père cache un terrible secret, un drame passé, que des coups de fil lourds d’insultes et de menaces rappellent chaque année à la date fatidique et que Denny va essayer de comprendre (En pleine nuit, L’École des loisirs, « Médium »). C’est aussi le cas d’un autre livre du même auteur, Les héros (L’école des loisirs, « Médium »), qui questionne, dans une écriture sobre et intense, le sens de l’héroïsme à travers la douloureuse histoire de l’adolescent et pourtant vétéran Francis Cassavant, qui vient, en cette année 1945, de rentrer d’Europe où il a combattu dans l’armée américaine. Peut-il être un héros celui que la presse et la foule acclament pour hauts faits de guerre, mais qui, profitant d’une aura facilement acquise dans le milieu de jeunes qu’il entraîne sportivement, brise en abusant d’eux le rêve et l’innocence d’adolescents en train de se construire ?

Le roman de Melvin Burgess, Lady, ma vie de chienne (Gallimard, « Scripto »

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Lady, ma vie de chienne. © Gallimard, 2002.

), qui a déjà fait couler beaucoup d’encre et lever bien des boucliers, peut suffire à lui seul à illustrer la catégorie des livres qui dérangent, dans la mesure où il traite avec une rare désinvolture de la sexualité adolescente. Sous forme d’une allégorie somme toute plutôt comique, il parle de sexe, de désir et de liberté à travers les aventures d’une adolescente, Sandra, transformée en chienne et qui entend le rester par refus des contraintes imposées par la société des humains et pour satisfaire ses appétits sexuels sans retenue. Bien qu’il ne s’agisse pas d’une apologie du sexe et du dévergondage, le fait de mettre en scène une adolescente aux sentiments excessifs, aux désirs impulsifs, et qui fait ouvertement part de préoccupations pas toujours avouables, fait sauter la réserve de bon aloi jusque-là observée dans ce type de romans. Mais la forme humoristique et allégorique du récit en fait plus une réflexion sur la vie, une invitation à prendre du recul, qu’un traité sur la manière de mener son existence.

Le plaisir et le goût de la littérature viennent en lisant. C’est ainsi que se construit une culture qui va permettre à chacun de faire dialoguer les œuvres entre elles, de les situer dans le jeu de la relation et des différences par rapport à des jalons qui permettent de juger de leur qualité et de leur originalité, de les apprécier ou de les déconsidérer. La littérature pour adolescents participe largement à ce mouvement.

Février 2003

  1. (retour)↑  Vladimir Jankélévitch, L’aventure, l’ennui, le sérieux. Éditions Aubier-Montaigne, coll. « Présence et pensée », 1963.