Accueillir et intégrer des personnels non permanents

L’intégration des personnels non permanents a parfois été difficile dans les bibliothèques. Dans certains cas, les recrutements ont vraiment été faits dans le but dicté par les textes, avec un respect des objectifs et des principes. Dans d’autres cas, ce fut pour surseoir à des manques de personnel ou par substitution à des professionnels. Mais des CES (contrats emploi-solidarité) aux emplois-jeunes, il a fallu intégrer ces personnels dans les établissements, souvent dans des conditions difficiles. Que ce soit en prenant en compte leurs spécificités, permettant de créer de nouveaux services, ou dans le but de les accueillir dans les équipes déjà existantes.

Les nouvelles fonctions de ces personnels ont parfois été mal perçues par les agents en poste : ils mettaient en place des services non effectués par les bibliothécaires, mais qui pouvaient relever de leurs missions. Intégrer dans une équipe un « médiateur du livre » ne fait que correspondre à une perspective du métier. Cette intégration fait-elle partie d’un projet ? Comment s’insère-t-elle dans un projet ? Telle est la problématique posée ici. L’arrivée des emplois-jeunes a indéniablement créé de nouveaux services : soit ces nouveaux services étaient attendus, programmés, mais le temps manquait pour les réaliser, soit il n’y avait pas véritablement de besoin et la bibliothèque était alors dans l’obligation de l’intégrer dans son projet (si tant est qu’elle en eût un.)

Les différentes expériences présentées dans ce livre permettent d’avoir un panorama des possibilités conduisant à l’intégration dans les équipes de ces emplois spécifiques. Certes, il s’agit surtout de grandes bibliothèques (mais pas seulement) ou d’un réseau imposant. Mais les problématiques restent les mêmes et les adaptations ne sont pas nécessairement très difficiles à effectuer.

Divisé en quatre parties qui montrent la progression de l’intégration jusqu’à la notion de « projet intégré », l’ouvrage illustre chaque domaine de l’accueil et de l’intégration des personnels non permanents par des exemples. Citons la réflexion de la bibliothèque universitaire de l’université d’Auvergne ; le rôle de ces agents à la BnF (avec, en annexe, les fiches de poste qui peuvent se révéler très utiles) ; l’expérience de la ville de Paris, dont le réseau est un assemblage d’équipements hétérogènes dans lesquels différentes situations sont apparues ; l’exemple de la bibliothèque de Marsannay-la-Côte, petite structure dans laquelle l’intégration des emplois-jeunes permettra à d’autres établissements du même type d’appréhender une démarche réussie ; la stratégie de la BPI où toutes les étapes sont décrites pour chaque type de contrat.

Pour conclure ces différentes approches, André Chauvet présente les principes de management nécessaires pour intégrer ces personnels dans les meilleures conditions. Ces principes théoriques sont particulièrement intéressants (j’avoue même avoir lu cet article en premier !) car l’auteur resitue les recrutements dans la perspective du projet de la bibliothèque et des incidences qu’ils peuvent avoir sur son fonctionnement.

Tous s’accordent à penser l’intégration du personnel non permanent dans un projet avec des conditions ou des procédures diverses et incontournables : la formation initiale à l’arrivée de l’agent, une description précise du poste et des objectifs, un entretien annuel d’évaluation (avec, en annexe, les fiches du formulaire de la BnF)

On peut regretter que le côté positif des réalisations masque les difficultés qui existent et les différents échecs qui ont pu être constatés ici ou là. Mais encore une fois, cela relève plus d’un mode de fonctionnement ou de management ; il ne peut y avoir un recrutement d’emplois non permanents sans un accompagnement, sans une réflexion préalable.

Voila donc un livre pratique et bien utile. Il ne faudrait pas croire qu’il arrive trop tard, en référence aux emplois-jeunes, car, s’il fait le point sur des recrutements passés, il permet aussi de questionner ceux qui se feront dans le futur, et même si les conditions changent, les principes eux sont essentiels.