Gestion et diffusion d’un fonds d’images
Cécile Kattnig
Il y a quelques années, hormis des organismes très spécialisés chargés de la conservation du patrimoine iconographique, la notion d’image était peu prise en compte. Institutions et entreprises, privées ou publiques, ne voyaient pas dans ce support matière à investir comme elles avaient pu le faire avec la documentation papier. Les logiciels documentaires n’intégraient que très peu de fonctions propres à ce support. Depuis, la technologie numérique a changé considérablement la donne, Internet notamment, mais également les cédéroms. Un certain nombre de logiciels documentaires intègrent maintenant l’image. Nombre d’entreprises et d’institutions aujourd’hui redécouvrent la valeur de leur patrimoine photographique et cherchent à l’exploiter et le valoriser.
L’ouvrage de Cécile Kattnig, chargée de mission à la Bibliothèque nationale de France, arrive à point nommé pour répondre à des préoccupations légitimes de professionnels qui, en plus de gérer la documentation classique, doivent intégrer dans leurs collections ou leurs bases de données, un fonds d’images. La littérature professionnelle sur ce thème n’est, en effet, pas encore très importante, hormis la presse périodique spécialisée.
Dans un chapitre introductif « L’image multiple » (1), C. Kattnig précise qu’elle s’attache, dans son ouvrage, « aux images fixes reproduites sur un support photographique ou électronique et aux photographies elles-mêmes », elle n’inclut pas les images animées. Les estampes et procédés de gravure, les débuts de la photographie, la photographie et la presse, puis les évolutions techniques qui permettent la transmission d’images et enfin la technologie numérique font l’objet de paragraphes courts, mais documentés. La place de l’image varie cependant d’une institution à l’autre, que celle-ci soit un service d’archives, une agence photographique, un service de communication ou de recherche.
« Les collections d’images » (2) détaillent les différents types de fonds existants en France, très nombreux : les agences de presse télégraphiques (AFP, Reuters, Associated Press) ; les agences d’actualité (parmi les plus anciennes, Gamma, Sygma, Sipa ; à l’heure actuelle, citons Corbis, Hachette Filipacchi Multimédia, Sud Communication) ; les agences de photographes (Magnum, Vu, Editing) ; les agences d’illustration (Getty Images, Hafimages, Rapho) ; les agences spécialisées (en architecture, histoire de l’art, sciences, sport,…) ; les entreprises (Renault, Michelin, Rhône-Poulenc) ; les groupes de presse ; les musées et bibliothèques ; les administrations ; les photographes indépendants. Cet inventaire permet au documentaliste iconographe de procéder à la collecte ou à l’acquisition d’images, que ce soit grâce à la production interne de l’institution, aux dons, aux achats ou par la commande de reportage photographique.
« Les banques d’images » (3) dégage les grandes étapes de la mise en place d’une gestion informatisée des images : étude des besoins, cahier des charges, étude des progiciels existants, des formats de description.
« Le traitement matériel » (4) décrit la « mise en collection », c’est-à-dire l’ensemble des tâches réalisées pour intégrer les images dans la collection : numérotation, légendage, inventaire, estampillage. Les principes de conservation ne sont pas oubliés, ainsi que le conditionnement et l’équipement. La numérisation des images occupe une part importante de ce chapitre, avec notamment les différents procédés de numérisation, les formats, le stockage.
« Le traitement intellectuel » (5) est, de la part des spécialistes, l’aspect le plus complexe de la question. Catalogage, analyse, indexation, vocabulaires existants forment un tout cohérent et très détaillé.
« Exploitation et valorisation » (6) constitue le dernier chapitre. Il aborde une partie très délicate de la gestion d’images, la partie juridique. Droit d’auteur, droit des tiers, liberté d’information sont passés en revue, avec un souci de faciliter au lecteur cet aspect complexe du droit de l’information. Comment communiquer des images ? Les formes sont dorénavant multiples grâce aux outils classiques, aux actions de communication et à la technologie actuelle.
En guise de conclusion, on ne peut qu’être impressionné par la qualité informative de cet ouvrage qui, en une centaine de pages denses et détaillées, parvient à faire le tour d’une question aussi complexe et aussi actuelle que la gestion des images.