Amplifier la coopération entre les bibliothèques et le secteur scolaire

Isabelle Masse

Coorganisée par la Direction régionale des affaires culturelles (Drac) d’Ile-de-France et Médiadix, s’est tenue le 11 juin 2002, une demi-journée d’étude, « Amplifier la coopération entre les bibliothèques et le secteur scolaire ». Y assistaient – attentifs et réactifs – des personnels de bibliothèque investis dans le travail avec le secteur scolaire, des enseignants et documentalistes animateurs de BCD (bibliothèques centres documentaires) et de CDI (centres de documentation et d’information).

Grandes étapes

Max Butlen, formateur en institut universitaire de formation des maîtres (IUFM) et fondateur de la revue Argos, retraça les grandes étapes de la coopération entre écoles et bibliothèques. Le concept de BCD naît en 1976 par la rencontre de bibliothécaires (La Joie par les livres) à la recherche d’un public et de chercheurs de l’Institut national de la recherche pédagogique (INRP) qui souhaitent transformer le rapport à la lecture, à la langue. En 1984, une circulaire du ministère de l’Éducation nationale veut expérimenter les BCD sur quatre académies, puis sur l’ensemble du territoire ; les structures se multiplient, la coopération se développe. En 1992-93, un nouveau plan de développement des BCD est repris sans interruption jusqu’en 2000.

Les résultats de l’enquête menée en 1993 auprès de quelque 3 000 établissements 1 ont montré que la coopération fonctionne assez largement et qu’un large consensus existe sur son utilité, mais que les partenaires de l’Éducation nationale d’un côté et de la Culture de l’autre se connaissent mal. En outre, plus on avance dans la scolarité, moins on coopère. La coopération est plus conjoncturelle que structurelle, et le suivi des actions peu assuré.

L’objectif est de donner le goût de lire : développer l’autonomie, habituer les enfants à fréquenter la bibliothèque municipale. Le prêt est dominant, le travail est intéressant sur la littérature de jeunesse en quantité, mais superficiel en qualité. Le degré de coopération didactique est flou. La nécessité d’outils se faisant sentir, apparaissent alors les contrats, les chartes locales, départementales destinées à définir un vrai projet pédagogique, culturel commun. L’impulsion des Drac, des ministères commence à porter ses fruits.

Aujourd’hui

On observe à l’heure actuelle une certaine confusion des rôles, une certaine confusion sur les objectifs. Le rapport à la bibliothèque est mal conçu, mal généralisé. Le modèle est transposé dans l’univers scolaire sans réappropriation, plus comme un collage dans un autre espace. La bibliothèque d’école est cependant un outil indispensable, qui permettrait de rompre avec la pédagogie traditionnelle, l’espace et le temps pouvant être organisés de manière différente.

Le mouvement BCD-BM/BM-BCD peut s’amplifier. En 2002, la littérature fait son entrée à l’école primaire (arrêté du 25 janvier 2002) : sur une liste de 180 livres de littérature de jeunesse (albums, bandes dessinées, contes, poésie, romans et récits, théâtre), les enseignants devront en choisir dix à faire découvrir aux élèves 2. Dix autres seront lus en dehors de l’école. Le besoin pour ces enseignants de les connaître devrait entraîner des échanges de réflexions avec les bibliothécaires.

C’est au niveau local que la coopération peut s’élargir, niveau local donné en exemple par Françoise Naudin, de l’inspection académique de Seine-Saint-Denis, qui présenta une expérience départementale, celle du maillage de la Seine-Saint-Denis. Ce département mène une démarche de mise en liaison BCD-CDI-BM depuis 1996-97, avec la participation de plusieurs partenaires : Livres au trésor, la Drac Ile-de-France, le Centre régional de documentation pédagogique (CRDP). La Direction des affaires culturelles d’Épinay-sur-Seine a, quant à elle, lancé une enquête sur les pratiques de lecture des enfants (du cours préparatoire à la 3e), dont Aline Hébert-Matray présenta les résultats, qui seront publiés dans Argos ce mois.

  1. (retour)↑  Bibliothèque, école : quelles coopérations ? – rapport d’enquête par Jean-Marie Privat ; actes de l’université d’automne de La Grande Motte sous la direction de Béatrice Pedot et Caroline Rives, Paris, Fédération française de coopération entre bibliothèques (FFCB), 1994 ; Guide de la coopération bibliothèque-école, Paris, CRDP de l’académie de Créteil, FFCB, 1996.
  2. (retour)↑  Cf. le texte Les arts et la culture sur le site http://www.education.gouv.fr/presse/2002/programme/ecoledp.htm Cf. aussi la brochure Qu’apprend-on à l’école élémentaire ?, téléchargeable à partir du site du CNDP http://www.cndp.fr, rubrique « Librairie », puis « Publications administratives », puis « Programmes et accompagnements de programmes », puis « École ». Et pour la liste des œuvres, le site pédagogique du ministère de la Jeunesse, de l’Éducation nationale et de la Recherche, ÉduSCOL : http://www.eduscol.education.fr/DO102/biblio.htm