Historic Libraries in Europe : Beiträge zur europäischen Bibliotheksgeschichte
Festgabe zum 60. Geburtstag
Gernot U. Gabel
Les lecteurs du BBF connaissent Gernot Gabel, puisque notre collègue allemand est l’un des fidèles et honorables correspondants étrangers de la revue. À la manière d’un Maurice Line pour la Grande-Bretagne ou d’un Jack Kessler pour les États-Unis, pour ne citer que deux autres noms, il tient ce rôle précieux de passeur d’informations sur les bibliothèques entre deux pays, en particulier en portant un regard « étranger » sur nos bibliothèques et en contribuant ainsi, de ce point de vue extérieur privilégié, à cette mise à distance de nos problèmes, dont nous ne sommes que très imparfaitement capables.
Ce livre est un cadeau de l’épouse de Gernot Gabel, Gisela Gabel-Jahns, édité à l’occasion du soixantième anniversaire de son mari. Selon le principe des « Mélanges », ce volume réunit 28 articles publiés dans diverses revues par Gernot Gabel entre 1986 et 2001 à propos de bibliothèques européennes : quinze textes sont consacrés aux bibliothèques françaises, neuf aux bibliothèques britanniques, deux à des bibliothèques allemandes, un à la bibliothèque du Trinity College en Irlande et un autre au deux centième anniversaire de la Bibliothèque royale des Pays-Bas. Perspective européenne renforcée par le fait que, si la majorité des textes sont rédigés en allemand, quatre articles sont écrits en anglais et un en français 1. Mais le titre même de ce recueil, Historic Libraries in Europe, inclinerait-il à penser que l’anglais soit devenu la langue unique de la bibliothéconomie ? La bibliographie de l’auteur placée en annexe à la fin du livre donne une idée exacte de son intense activité de publication dans la période 1971-2001 avec pas moins de 500 références touchant aussi bien à la bibliothéconomie qu’à la littérature ou à la philosophie.
Les grandes institutions patrimoniales
Ce sont les grandes institutions patrimoniales qui retiennent avant tout l’attention de Gernot Gabel, en particulier la Bibliothèque nationale de France et la British Library qui font chacune l’objet de quatre articles. Dans un article publié en 1993, sous le titre De la BN-bis à la TGB, l’auteur retrace le cheminement du projet de Tolbiac avec une précision surprenante pour un observateur étranger, texte du plus grand intérêt pour un lecteur français. Gernot Gabel risquait en 1993 un pronostic pour la nomination du futur Président du nouvel établissement avec le nom de Philippe Bélaval, dont on sait qu’il fut finalement retenu comme directeur général, Jean Favier étant désigné comme Président.
On pourra préférer les articles traitant de bibliothèques moins connues, tels que ceux consacrés à la Bibliothèque Medem à Paris ou à la Wiener Library à Londres. Dans tous les cas, la démarche adoptée par Gernot Gabel est la même, celle d’une description précise de l’histoire et des services des différents établissements qui ne peut, hélas, dans les limites de ce court volume, s’appuyer sur l’iconographie. C’est là sans doute la limite inhérente à ce type d’ouvrages composites. Il y manque un point de vue synthétique, qu’aurait pu offrir une introduction substantielle présentant les vues de l’auteur, à la lumière de ses différentes visites, sur l’évolution des bibliothèques à la fois au cours des vingt dernières années et au regard de l’histoire.
C’est pourquoi l’on appréciera davantage les articles qui dans leur objet même se livrent à cet exercice de la synthèse. On songe ici à l’article de 1986 consacré aux bibliothèques universitaires françaises qui souligne que l’augmentation des moyens publics dévolus à ces bibliothèques a coïncidé avec l’explosion des effectifs universitaires et les exigences croissantes liées aux développements technologiques. De la même manière, l’article intitulé « 150 années de bibliothèques publiques en Grande-Bretagne » permet de mesurer un trajet d’ensemble, au-delà des particularités de tel ou tel établissement.
Un livre de lecture
Enfin, ce livre, dont la perspective est résolument européenne, est susceptible de recevoir une destination que n’avait peut-être pas directement envisagée son auteur. Il constitue un parfait (livre de lecture) pour toutes celles et tous ceux, dont il faut souhaiter qu’ils deviennent plus nombreux, qui souhaitent se familiariser avec la lecture de l’allemand bibliothéconomique. La relative brièveté et la densité de ces textes en font de parfaits objets d’étude, tout en contribuant à cette diversité linguistique en Europe à laquelle les lecteurs francophones sont eux aussi sensibles.