Buch und Bibliothek, août 2000-juillet 2001
Les congrès nationaux de Leipzig en 2000 et Bielefeld en 2001 ont consacré le rapprochement et la fusion des deux plus importantes associations de bibliothécaires en Allemagne : la Vba (Association des bibliothécaires et des assistants) et la VdDB (Association des bibliothécaires diplômés).
R(é)volution
Buch und Bibliothek (familièrement BuB), désormais organe unique de réflexion et d’information de ces deux associations, est animé par Roswitha Dittmar (Hambourg), Susanne Oehlschläger (Cologne), Carola Schelle-Wolff (Fribourg) et Konrad Umlauf (Berlin). Ce dernier, dans l’éditorial du premier numéro de 2001, précise un véritable projet éditorial s’efforçant de concilier indépendance intellectuelle et reflet des préoccupations associatives. Il en appelle à la curiosité intellectuelle de ses lecteurs : « Notre horizon intellectuel ne doit pas se borner aux limites de l’emploi précis que nous occupons. » Cette évolution – on pourrait presque parler, de notre point de vue français, de révolution – trouve sa traduction, depuis janvier 2001, dans un nouveau sous-titre, Medien, Kommunikation, Kultur, devenant Forum für Bibliothek und Information. Depuis cette date également, les lecteurs trouvent au milieu de chaque numéro quelques pages sur fond gris plus particulièrement consacrées à la vie associative. Chaque adhérent reçoit la revue, le coût de l’abonnement étant inclus dans le montant de la cotisation annuelle.
Pour la période août 2000-juillet 2001 (10 numéros par an), la distribution des rubriques et la présentation d’ensemble sont semblables à celles des années précédentes : informations brèves, articles développés, recensions d’ouvrages, comptes rendus de manifestations diverses et offres d’emplois.
Hormis deux numéros thématiques (à la manière de ceux du BBF) consacrés aux « lecteurs et usagers difficiles » (décembre 2000), et à l’usage de l’intranet dans les bibliothèques (avril 2001), les articles sont distribués autour de grandes têtes de chapitres que l’on retrouve d’un numéro à l’autre. Ainsi 8 articles sont consacrés à des constructions de bibliothèques, 6 à la bibliothéconomie (ici nommée Praxis), 6 au travail en direction des publics et 6 aux bibliothèques étrangères. Les articles, bien sûr fort nombreux, liés aux nouvelles technologies, se retrouvent éclatés dans l’ensemble des rubriques. On notera avec intérêt la permanence d’une rubrique exclusivement dédiée à l’histoire des bibliothèques. Pour être moins représentés, les problèmes propres aux bibliothèques pour la jeunesse, au développement des collections, au management ou au développement de la lecture ne sont pas oubliés.
Comme nous l’avions observé l’an passé, le site web de la revue 1 ne comporte pas encore d’articles en texte intégral et se borne à la présentation des sommaires et aux prévisions d’articles à paraître. Ce sont les sites associatifs 2 qui comportent davantage d’informations et de textes de fond.
On n’est pas surpris de découvrir au fil des articles des problématiques pratiquement en tous points identiques à celles qui se dégagent des revues françaises, avec un trait cette fois-ci très spécifique : un mélange de fascination et de recul critique face aux bibliothèques nord-américaines. En témoigne, dans le numéro d’octobre-novembre 2000, l’article de Monika Ziller, illustré de photos saisissantes et quasi babéliennes de la bibliothèque de Vancouver.
Le dernier numéro de l’année 2000 regroupe une série de contributions sur l’accueil des publics difficiles et les meilleures attitudes à adopter dans ce cas par les bibliothécaires. Dans un article au ton incisif, Meinhard Motzko, un sociologue, met l’accent sur le fait que les bibliothécaires organisent l’offre des établissements qu’ils animent autour de valeurs qui leur sont propres. Pour reprendre les termes de l’auteur, « chaque bibliothèque décide a priori quels sont les publics souhaités et quels sont les publics difficiles ».
L’autre numéro thématique de cette série de livraisons (avril 2001) juxtapose des récits d’expériences d’introduction de l’intranet dans des bibliothèques de divers types. Toujours dans cette optique de réflexion sur de nouveaux développements technologiques, on retiendra la contribution de Jürgen Seefelldt (mai 2001) sur les livres électroniques considérés par l’auteur comme des médias de l’avenir, aussi pour les bibliothèques. On y trouve un intéressant encadré sur les avantages et les inconvénients de ces nouveaux dispositifs de lecture. C’est également à la lecture que s’attache l’article d’Andrea Bertschi-Kaufman (septembre 2000) qui fait le bilan d’une enquête suisse ayant observé les comportements et les habiletés de lecture de jeunes enfants devant le texte sur écran et sur papier. Elle en tire un constat optimiste sur les aptitudes développées par les jeunes lecteurs étudiés qui tirent parti de cette diversité des supports pour améliorer leurs performances de lecture. Dans ce même numéro, Jochen Herrmann se livre à un exercice presque rituel de futurologie bibliothéconomique sous le titre anglais évocateur et quelque peu provocateur : « Building connections, not collections ».
Au chapitre de l’anticipation, il faut saluer l’article de Georg Ruppelt (mars 2001) sous le titre, « le dernier livre », qui traite du thème de l’avenir du livre dans les ouvrages d’anticipation, texte enrichi par des illustrations savoureuses.
Préoccupations allemandes
Pour mieux connaître les préoccupations des bibliothécaires allemands, la lecture des copieux comptes rendus de leur congrès annuel de Bielefeld dans le numéro de juin-juillet 2001 est évidemment riche d’informations. Reprenant dans une lettre ouverte le thème du congrès, « Bibliothèques : portails du savoir global », le directeur de la bibliothèque de l’université de Bielefeld, Karl Wilhelm Neubauer, se livre à une analyse stimulante : prenant acte de l’impréparation et de la faiblesse de l’implication des bibliothèques allemandes dans ce qu’il nomme « l’âge de l’Internet », il considère qu’il serait contre-productif de se borner à demander toujours plus d’argent aux pouvoirs publics tant qu’un nouveau (et clair) concept de bibliothèque n’aura pas été imaginé par les bibliothécaires eux-mêmes.
On mesure une fois encore dans les recensions d’ouvrages l’absence complète de titres français. En revanche, deux articles sont consacrés à des bibliothèques françaises, l’un sous la plume de l’honorable correspondant du BBF, Gernot Gabel, à propos des 250 ans de la bibliothèque municipale de Nancy, l’autre est une relation du stage effectué par Hannah H. Eiffler Schaumann à la médiathèque de Pontiffroy à Metz. Notre collègue y découvre avec enthousiasme ce modèle français qui tente de concilier les fonctions d’une médiathèque de loisir et celles d’une bibliothèque d’étude et, selon l’auteur, y réussit. Enfin, le numéro de juillet 2001 revient de manière élogieuse sur le dernier Salon du livre à Paris, dont l’Allemagne, rappelons-le, était l’invitée d’honneur, et se félicite au passage du dossier consacré aux bibliothèques allemandes par nos amis de l’Association des bibliothécaires français dans leur Bulletin d’informations.
On ne peut que louer la qualité de l’ensemble des contributions contenues dans tous ces numéros et souhaiter que se maintiennent et se développent les échanges professionnels entre nos deux pays.