Bibliothèques / Lieux d'art contemporain
quels partenariats ?
Pour les bibliothécaires, comme pour tous les professionnels, les journées d’études, séminaires et autres universités d’été sont des occasions d’échange et d’apprentissage indispensables. Reste à pouvoir se libérer d’un quotidien qui ne permet parfois pas de s’échapper afin de participer activement à ces rendez-vous… En cas d’empêchement, la solution sera la lecture des comptes rendus, textes d’interventions, ou actes édités a posteriori – un domaine d’édition professionnelle concret et parfois même pionnier pour certaines problématiques.
Ce document est la mémoire d’un rendez-vous professionnel original et passionnant qui s’est déroulé du 30 août au 2 septembre 1999, au Centre d’art de Vassivière-en-Limousin, dans la Haute-Vienne. Organisée par la Fédération française pour la coopération des bibliothèques, des métiers du livre et de la documentation (FFCBmld) avec le soutien conjoint de la Direction du livre et de la lecture et de la Délégation aux arts plastiques, l’université d’été de Vassivière a réuni 80 participants autour d’un thème que l’on peut résumer ainsi : « Bibliothèques et sensibilisation à la création artistique contemporaine ».
Réflexion transversale et rencontre interprofessionnelle
Le nombre de participants témoigne, à lui seul, de l’importance et de la pertinence de cette proposition de croisement entre réflexion transversale et rencontre interprofessionnelle… Et on verra – à travers cette thématique également – combien le fait de creuser les questions de fond (collections, publics, et leur mise en relations) amène à plonger dans les pratiques, les objectifs et les missions des établissements… et ouvre à l’indispensable et nécessaire complémentarité des individus, des établissements et des institutions, qui seule permet au professionnel comme à l’usager d’évoluer, de progresser, de s’épanouir, de s’affirmer. Imaginons donc un bibliothécaire qui n’a pu suivre les travaux de cette université d’été… Par chance ce livre lui parvient…
Le sommaire détaillé qui figure en tête du livre permet de repérer les grandes divisions de l’ouvrage, donc les thématiques de réflexion et, sans doute, le déroulement des rencontres : un avant-propos présente l’université d’été, les missions et l’activité des bibliothèques dans le domaine de l’art contemporain, les publics de ce même domaine. Puis sont évoqués les partenaires (bibliothèques publiques, lieux d’art, musées et centres d’art, artothèques, édition d’art, librairies…), les supports (bibliophilie contemporaine et livres d’artistes, Internet et base de données nationales consacrée aux livres d’artistes, revues et critiques d’art…), ainsi que des expériences de partenariat entre diverses structures locales, régionales et dans l’Éducation nationale.
On a donc là un livre de 142 pages, d’utilisation immédiate et aisée, bien conçu et clairement organisé, qui rassemble 19 interventions, accompagnées de photographies d’ambiance, mais aussi de tableaux, listes et autres éléments indispensables pour compléter l’information du lecteur.
Un bon outil
Sur les 19 interventions, 5 seulement émanent de bibliothécaires ou de représentants de leurs institutions de tutelle, les 14 autres proviennent des réseaux de diffusion et de valorisation de l’art contemporain. Cet ouvrage est par conséquent un bon outil pour les bibliothécaires, car ils y trouveront des pistes neuves pour découvrir et mieux connaître l’art contemporain, ses supports, ses lieux de promotion, ses partenaires et ses réseaux, pour repérer les structures d’aide et comprendre les publics…
La part dévolue aux bibliothèques est plus discrète : les textes publiés présentent leurs missions, celles des réseaux de lecture publique, le rôle de l’État dans la constitution de fonds spécifiques, et la place de l’art contemporain dans un réseau régional de bibliothèques. On y trouve des présentations de livres d’artistes, de la base de données Volart, ainsi qu’un exemple de partenariat entre un Centre d’art et une bibliothèque.
Certains regretteront que les multiples initiatives qui existent réellement un peu partout n’apparaissent pas ici, et, en premier lieu, l’attention portée dans tous les établissements à l’édition « courante » dans le domaine de la création contemporaine (art, poésie), ainsi que la conviction qu’ont les bibliothécaires du rôle évident et fort qu’ils assurent, souvent solitaires, en ce domaine où l’absence de l’art dans les programmes d’enseignement de l’Éducation nationale, le coût des ouvrages et la diffusion aléatoire de certains éditeurs proches de la création contemporaine, « l’éloignement » des lieux d’art contemporain pour le grand public, ne favorisent pas une diffusion large et attentive auprès de tous.
Ce livre est donc une occasion de partir en exploration sur des territoires méconnus ou tenus à distance, tout en notant cependant des absences : celle des galeries d’art, lieux privés certes, mais actifs et très présents, par exemple, dans l’édition de livres d’artistes, dans la diffusion de l’édition d’art prospective...
Soulignons la qualité de l’analyse – qui fut bien plus qu’une simple synthèse de cette université –, faite par Dominique Arot. Il réfléchit avec pertinence sur les manques, les difficultés diverses rencontrées par les bibliothèques, en les replaçant avec une exactitude vigilante dans leurs missions et leur quotidien.
Cet ouvrage, très utile déjà par la diversité des témoignages et des propositions, est aussi une belle démonstration du rôle essentiel des bibliothèques publiques dans tous les domaines de sensibilisation, d’initiation, de valorisation, de mise en relation de collections et documents auprès de publics non spécialisés : ces usagers qui sont l’objet des préoccupations constantes des bibliothécaires. Indispensables bibliothèques !