Activités de lecture à partir de la littérature de jeunesse
Christian Poslaniec
Christine Houyel
Avant d’aborder la lecture de cet ouvrage, on est partagé entre la crainte d’y voir la littérature de jeunesse réduite à l’état d’outil destiné à des fins scolaires et la nécessité d’apporter des réponses et des aides aux enseignants. Ces derniers sont heureusement de plus en plus nombreux à faire entrer la littérature de jeunesse à l’école, mais restent souvent désemparés face à l’importance et à la diversité du corpus.
Acquérir des microcompétences
Christian Poslaniec, chargé de travaux à l’Institut national de la recherche pédagogique (INRP) sur la lecture et la littérature de jeunesse, également auteur de livres pour la jeunesse, et Christine Houyel, conseillère pédagogique chargée de mission lecture, annoncent d’emblée leurs intentions. « Le présent ouvrage se veut un outil permettant aux médiateurs de lecture d’inciter les jeunes à aimer lire sans contrainte. » Les auteurs assument donc ce paradoxe d’amener au plaisir par des techniques d’animation, et mettent en garde, au fil des chapitres, contre une interprétation trop « utilitaire » du livre. Il n’y a donc pas à attendre de résultat mesurable de ces exercices destinés en fait à cultiver et à entretenir le goût de la lecture. Il s’agit essentiellement d’aider les jeunes à acquérir des « microcompétences » en suscitant une dynamique qui les incite à finir un livre, puis à se lancer dans un autre pour qu’au final, ils deviennent de véritables lecteurs.
C’est ainsi que deux cents activités sont proposées autour de quatre cents titres tirés de la littérature pour la jeunesse, du livre d’images au roman pour adolescent. En effet, certaines propositions concernent les 4-9 ans, d’autres les 10-15 ans. On incite d’ailleurs à diverses reprises ces derniers à se plonger dans les livres d’images, car beaucoup d’albums ne doivent pas être réservés aux plus jeunes. Les auteurs n’ont pas souhaité subdiviser davantage à l’intérieur de ces tranches d’âge, tant les niveaux de maturité et de lecture peuvent être hétéroclites et qu’il peut exister de passerelles.
Des idées d’activités
Dans la première partie, les auteurs explicitent leurs options pédagogiques en donnant de façon assez succincte quelques notions théoriques sur la lecture, le livre et la littérature pour la jeunesse. Trois chapitres plus importants donnent des idées d’activités afin que le jeune passe progressivement de la découverte de l’objet-livre (couverture, collection, mise en pages, illustrations, etc.) que les auteurs qualifient de lecture « impliquée » à la lecture experte, puis littéraire. D’autres activités complètent ces chapitres pour qu’une fois ces compétences acquises, les jeunes deviennent de « vrais » lecteurs. L’ouvrage se termine par quelques propositions supplémentaires à l’attention des médiateurs du livre.
De nombreux titres font l’objet de résumés, mais on peut regretter l’absence d’index des titres et auteurs cités. Le chapitre sur la littérature pour la jeunesse mériterait également d’être plus développé, puisque ces futurs médiateurs manquent généralement de repères devant l’abondance de ce qui est aujourd’hui disponible et qu’il convient de pouvoir situer dans une perspective historique. Il aurait été pratique de disposer en fin de chapitre d’une liste d’adresses de centres de ressources et de titres de revues sur la littérature de jeunesse, ainsi que d’une bibliographie.
Cet ouvrage se situe dans la lignée de Donner le goût de lire et De la lecture à la littérature de Christian Poslaniec *. Les intentions des auteurs sont suffisamment clairement exposées pour ne pas donner l’impression qu’il s’agit de recettes miracles. Même si certaines propositions peuvent paraître simplistes ou un peu rapidement exposées, ce ne sont que des pistes qui peuvent – et doivent – être développées à l’infini. Il faut espérer que les futurs médiateurs se mettront eux-mêmes à lire les ouvrages cités et tisseront leurs propres liens entre les livres, sans oublier l’avertissement des auteurs de ne pas faire lire sous contrainte, mais au contraire de favoriser le goût de la lecture et le plaisir.