Les collectivités territoriales et la culture.
Florence Poncé
Les 15 et 16 septembre 2000, s’est tenu, au Centre Georges-Pompidou, un colloque intitulé « Les collectivités territoriales et la culture », organisé pour le 40 e anniversaire de la Fédération nationale des collectivités territoriales pour la culture (FNCC), fédération qui rassemble les élus en charge des questions culturelles dans les différents niveaux de collectivités locales.
À six mois des élections municipales de 2001, la principale association d’élus pour les questions culturelles a souhaité « attirer l’attention du grand public sur le rôle et les responsabilités culturelles des collectivités territoriales, qui se sont considérablement accrus depuis les grandes lois de décentralisation des années quatre-vingt ». Dans son allocution d’ouverture, Catherine Tasca, ministre de la Culture et de la Communication, a elle aussi émis le souhait que la culture soit bien présente dans la prochaine campagne électorale.
Ce colloque se situait également dans le contexte de la réforme de l’État – dont la modernisation de l’organisation de l’État déconcentré – et de la réflexion sur l’avenir de la décentralisation, notamment sur les modalités et les objectifs du partenariat entre l’État et les collectivités territoriales. C’est l’objet du rapport rédigé en septembre et présenté depuis au Premier ministre, Lionel Jospin, par la Commission pour l’avenir de la décentralisation, présidée par Pierre Mauroy, « Refonder l’action publique locale 1 ».
La FNCC avait réalisé à cette occasion une enquête d’opinion sur « l’attitude des Français face à la politique culturelle des collectivités locales ». La commune apparaît comme l’institution la mieux placée en matière de politique culturelle : c’est à ce niveau que l’indice de satisfaction est le plus fort (69 %), c’est la commune qui est citée le plus souvent comme acteur prioritaire en matière de culture (59 %), c’est aussi l’institution jugée la plus efficace (48 %) 2.
Le président de la Fédération, François de Mazières, a présenté ces résultats et avancé des éléments d’explication : la culture qui se développe actuellement est une culture de proximité, fondée notamment sur les pratiques artistiques amateurs et les festivals ; les citoyens se l’approprient fortement. Les mentalités ont évolué depuis André Malraux, l’accent n’étant plus tant mis sur l’accès à des oeuvres capitales, mais lointaines et « intimidantes », que sur une pratique active et la participation des citoyens.
La ministre de la Culture et de la Communication a fait écho à cette analyse en définissant comme principal objectif, dans la nouvelle étape de la décentralisation culturelle, une meilleure prise en compte de la diversité et du pluralisme culturels de chaque territoire, aussi bien dans les contenus que dans les formes. Se référant à son tour à l’époque d’André Malraux, elle a souhaité un meilleur dialogue entre l’universel et le singulier, entre les références culturelles universelles et les spécificités des territoires.
Un consensus s’est nettement dégagé sur la nécessité de clarifier les compétences et la répartition des responsabilités entre l’État et les collectivités territoriales, d’une part, et entre chacun des niveaux de collectivités territoriales – y compris les organisations intercommunales –, d’autre part, et peut-être la définition de « chefs de file ». C’est un des chantiers entrepris par le gouvernement que de définir cette nouvelle organisation, domaine par domaine. La FNCC contribue à cette réflexion en présentant « sept grands axes d’action culturelle pour vingt propositions concrètes ».
Sans présager des aboutissements de la réflexion engagée sur la réforme de l’État déconcentré et l’avenir de la décentralisation 3, la ministre de la Culture et de la Communication a annoncé l’expérimentation, dès 2001, de nouveaux outils de coopération décentralisée : 6 à 8 « protocoles de coopération ». Une enveloppe de 15 millions de francs sera consacrée à cette expérience, qui privilégiera deux domaines, ceux de l’enseignement artistique et du patrimoine.
Les débats ont par ailleurs apporté les témoignages de nombreux acteurs culturels, associant des acteurs privés et associatifs 4 à des directeurs d’établissements publics 5, l’Association des Directeurs régionaux des Affaires culturelles et les différentes associations d’élus 6.
La question du droit de prêt en bibliothèques a été évoquée par deux fois dans le cadre de ces journées. Le sujet a été abordé la première journée par Hubert Nyssen, fondateur des éditions Actes-Sud. Ayant retracé l’aventure de son installation à Arles et évoqué la médiathèque voisine, il s’est présenté comme un partisan résolu et inconditionnel de la gratuité du prêt. Au cours de la deuxième journée, le vice-président de la Fédération, maire adjoint à la culture de Vincennes, Jean-Pierre Douillet, a affirmé la nécessité d’un effort partagé entre les collectivités territoriales et l’État.
Il n’est pas possible de rendre compte ici de tous les témoignages, de la diversité des démarches et des expériences qui ont contribué à l’intérêt et au succès de ces deux journées. Un compte rendu plus exhaustif sera prochainement disponible au siège de la FNCC 7.