Premières rencontres de l'ADBS
Jean-Philippe Accart
Les 20 et 21 novembre derniers, le palais des congrès de Lyon accueillait les premières Rencontres nationales de l’ADBS (Association des professionnels de l’information et de la documentation), durant lesquelles se sont réunis quelque deux cent cinquante professionnels de la documentation.
Fondée en 1963, l’ADBS a donc décidé d’organiser, vingt-cinq ans après sa création, son premier congrès d’adhérents à l’instar d’associations-sœurs, telle l’Association des bibliothécaires français (ABF). Hormis la manifestation IDT qui se tient tous les ans à Paris – et qui est l’un des grands rendez-vous français en matière de technologies de l’information –, l’ADBS et sa présidente, Florence Wilhelm, avaient souhaité que les documentalistes puissent se retrouver durant deux journées et ce de manière régulière puisque les Rencontres auront lieu tous les deux ans.
Pragmatiques et concrètes
Les Rencontres, qui se veulent pragmatiques et concrètes, doivent apporter des réponses pratiques à des professionnels souvent isolés sur le terrain et qui ont à affronter les questions parfois complexes que leur pose la société de l’information. De ce point de vue, les journées de Lyon auront été une réussite. Leur organisation s’est déroulée autour de trois axes :
Expliquer aux adhérents l’organisation de l’ADBS. Sept flashs infos, animés par des élus de l’association ou en charge de commissions, sont venus ponctuer les Rencontres. Ils avaient pour sujets l’organisation de l’association, l’action internationale, le secteur éditorial, les activités des secteurs et des régions, la présentation d’un projet, le projet européen DECID pour la certification des professionnels et l’ADBS sur Internet. Très suivis, ces flashs ont permis aux adhérents de mieux comprendre les différents (pour ne pas dire multiples) domaines d’action dans lesquels s’investit leur association et dont ils n’ont de comptes rendus, le plus souvent, que par voie écrite. Ils ont ainsi pu mesurer de façon plus juste combien la dimension associative est fondamentale dans un métier comme le nôtre.
Comprendre les enjeux du métier de documentaliste. Plusieurs ateliers de travail ont montré les différentes facettes du métier de documentaliste, ainsi que la nécessité impérieuse d’en comprendre les enjeux. Internet et la recherche d’informations, la formation continue, l’adhésion à l’ADBS en tant que valeur ajoutée pour l’entreprise, Internet et les pratiques documentaires, les nouvelles formes d’emploi, les statuts de la fonction publique, autant de thèmes étudiés et approfondis par une assistance attentive, curieuse et avide d’information. Métier à visages multiples, profession en évolution constante, la documentation trouve ses marques, s’enrichit des apports de la technologie, maîtrise les nouveaux défis qui se posent à elle : les techniques documentaires changent et s’adaptent au travers d’Internet et d’Intranet, des qualifications et des compétences nouvelles se développent pour créer des métiers dirigés vers l’avenir (veille et intelligence économique, télétravail ou travail à distance, travail coopératif, recherche sur les réseaux de l’information...).
Insérer le documentaliste dans la société de l’information. Deux séances plénières ont traité de questions d’intérêt majeur pour les professionnels de l’information à l’heure actuelle, le droit de copie et l’évolution de la fonction documentaire. Durant la séance d’ouverture consacrée à l’actualité du droit de l’information en 1998, ont été exposées l’action de la commission Droit de l’information de l’ADBS, ainsi que la Directive européenne 96-9 du 11 mars 1996 en matière de bases de données et sa transposition en droit français.
Prêt et droit de copie
Le point sur le droit de prêt, dossier rouvert avec la publication du rapport Borzeix en septembre dernier, a permis de mieux appréhender la position française par rapport à une autre directive européenne, la directive 92/100 du 19 novembre 1992. Enfin, la question du droit de copie a fait l’objet d’un long débat passionné alimenté par maître Bertrand représentant Légitime copie, association créée par l’ADBS en vue de défendre sa position par rapport au CFC (Centre français d’exploitation du droit de copie), l’organisme en charge d’exploiter les redevances tirées des photocopies.
Sujet complexe, controversé que celui du droit de copie, dont la presse professionnelle se fait régulièrement l’écho, notamment avec les négociations entre le CFC et le ministère de l’Éducation nationale et le procès engagé par le CFC contre l’Association française des banques.
La séance de clôture, intitulée « Nouveaux métiers, nouvelles compétences », a été l’occasion de dégager les lignes d’évolution de la fonction information-documentation : évolution technologique avec la diffusion de l’information en mode électronique sur les réseaux et la diversité des applications informatiques disponibles ; évolution économique dans la mesure où l’information est devenue un bien qui s’échange ; évolution organisationnelle qui voit la fonction information-documentation s’étendre dans l’entreprise et ne plus concerner que les seuls documentalistes.
Afin de répondre à ces évolutions, l’ADBS a élaboré un Référentiel des métiers 1 très précis et détaillé qui répertorie 49 emplois-types, 19 métiers-types, 35 domaines de compétences et 15 aptitudes. Bien que l’on constate un déplacement des frontières de compétences entre documentaliste et utilisateur, le documentaliste est « la personne-source » capable de défricher le terrain de la recherche d’information et de trouver les sources d’information pertinentes.
Ces premières Rencontres nationales de l’ADBS ont démontré la nécessité pour les professionnels de l’information d’échanger de manière régulière, de mieux se connaître et de s’informer. L’ADBS doit donc continuer à jouer pleinement son rôle en étant au plus près de leurs préoccupations, en les aidant à entrer dans la société de l’information et en dégageant une vision pour l’avenir.