Réunion des directeurs des bibliothèques d'enseignement supérieur

Bertrand Calenge

Suivant une tradition maintenant bien établie, le ministère chargé de l’Enseignement supérieur réunissait le 7 janvier 1999 à Paris les responsables des bibliothèques d’enseignement supérieur et organismes proches (centres de formation…). Cette réunion des directeurs de bibliothèques universitaires (BU) est l’occasion de présenter les dossiers en cours et en projet. Le programme bien équilibré fut quelque peu bouleversé par les retards annoncés de Francine Demichel, directrice de l’enseignement supérieur, mais l’ensemble des exposés put être tenu, et les participants furent à même de questionner les intervenants et de témoigner de leurs problèmes.

De multiples projets sur fond de stabilité budgétaire, tel pourrait être le résumé de la journée. Peu d’emplois créés, sauf pour les bibliothécaires adjoints spécialisés (86 créations), un budget de dotation stable avec 534,4 millions de francs (soit 3 % de mieux qu’en 1998), tel est le cadre fixé pour 1999.

Déconcentration et décentralisation

En revanche, on sentait que les différentes directions du ministère de l’Éducation nationale se mobilisent autour de principes de déconcentration, voire de décentralisation.

Béatrice Gille, directrice des personnels administratifs, techniques et d’encadrement, annonça la mise en place imminente de commissions paritaires d’établissement, dont les réunions seraient un préalable des CAP (commissions administratives paritaires) et CTP (comités techniques paritaires) nationaux. Dans le même esprit, Bernard Haddad, du bureau du Budget, annonça que l’ensemble des primes des agents non enseignants (à l’exception des seuls conservateurs) doit faire l’objet d’une enveloppe déléguée globalement aux universités, les présidents disposant d’une marge d’application tant dans la modulation de ces primes que dans leur affectation à une forme de prime plutôt qu’à une autre, le tout dans les limites réglementaires et avec une enveloppe plus importante qu’en 1998.

Cette responsabilisation locale, diversement appréciée par la salle, va de pair avec l’amélioration des outils de coordination : à la Sous-direction des bibliothèques et de la documentation (SDBD), 1999 est aussi l’occasion d’une révision de l’Enquête statistique générale (ESGBU), dans laquelle l’analyse du lectorat et du personnel est développée et les services plus détaillés.

L’informatique, axe prioritaire

Si rien n’a été dit sur le programme de construction U3M (Université du 3e millénaire), les priorités budgétaires n’étant pas encore arrêtées, de nombreux projets fleurissent sur le plan de l’information numérique et des systèmes informatisés. Le système universitaire, projet pilote conduit par l’Agence bibliographique de l’enseignement supérieur, entrera en phase 2 en 1999, avec sept sites pilotes en test puis en fonctionnement réel. Parallèlement, la numérisation de catalogues rétroconvertis se poursuivra avec un budget de 5,6 millions de francs en 1999.

L’accès aux ressources électroniques est un enjeu majeur pour les années qui viennent. La SDBD mène trois projets distincts dans cette perspective : l’enquête sur l’accès aux ressources électroniques, lancée fin 1998, devrait fournir la base d’une réflexion sur la mise en œuvre des consortiums de bibliothèques afin de négocier avantageusement des accès aux documents numériques commercialisés (dans un premier temps, la SDBD aidera le Cadist – Centre d’acquisition et documentation en information scientifique et technique – de physique de l’université Joseph Fourier de Grenoble à installer le serveur proposé par la société INSPEC).

Par ailleurs, la mise en œuvre d’un serveur de thèses numérisées est expérimentée avec l’Atelier de reproduction des thèses de Lille, dans l’hypothèse d’une « chaîne numérique » des thèses facilitant la constitution de sous-produits divers (imprimés, accès en réseau, etc.).

Enfin, l’offre numérisée nécessitant des compétences de la part des utilisateurs, un groupe de recherche sur la formation des usagers développera son action autour de Formist (Serveur de formation à l’information scientifique et technique 1).

L’abondance des débats sur l’information numérique a quelque peu fait oublier les collections d’imprimés ; l’annonce d’un accord-cadre entre la Conférence des présidents d’université (CPU) et le Centre français d’exploitation du droit de copie (CFC) souleva un tollé de la part des participants : l’accord s’asseyant sur le nombre d’étudiants des établissements, il contreviendrait selon certains aux exemptions recommandées pour les copies réalisées à usage privé ; Gérard Losfeld, vice-président de la CPU, signala que l’accord était susceptible d’évolution.

Il revenait à Claude Jolly, de la SDBD, de clore la journée en l’absence de Francine Demichel. Rappelant les points positifs soulignés dans le récent rapport du sénateur Lachenaud 2 sur les bibliothèques universitaires, il insista particulièrement sur deux priorités du ministère concernant les bibliothèques : développement de la politique contractuelle en vue de l’intégration des bibliothèques dans les services communs de la documentation, et de l’intégration de ces SCD dans l’université ; extension des services aux usagers, notamment par l’élargissement des heures d’ouverture des établissements (en deux ans, 220 emplois ont été consacrés à cette priorité). Et de conclure en rappelant que si, dix ans après le rapport Miquel, les BU sont sorties de la misère, il reste encore à faire la moitié du chemin.