Eulalie
médiathèque, librairies et lecteurs en Nord-Pas-de-Calais
Voici une nouvelle revue. Par son titre, Eulalie, elle porte symboliquement le nom du plus célèbre manuscrit conservé dans la région du Nord-Pas-de-Calais, la Cantilène de sainte Eulalie, du grec εν (la catégorie du bonheur), λαλοξ (qui parle), éloquent, « celle qui parle bien ». Il est rare de trouver ensemble l'érudition la plus fine et le plaisir de bien dire. Ce premier numéro publie les actes du colloque Le livre dans les pays du Nord de la France : douze siècles de médiation culturelle, organisé par la bibliothèque municipale de Valenciennes et l'Institut d'histoire moderne et contemporaine (CNRS), à Valenciennes, les 25 et 26 novembre 1994, sous la présidence d'Henri-Jean Martin.
Six communications sont consacrées au Moyen Âge, parmi lesquelles « La culture du livre à l'abbaye de Saint-Amand » par Françoise Simeray, ou la truculente « Entrée des devinettes dans le domaine écrit au XVe siècle, à Bruges », par Bruno Roy. Cette partie marque bien les liens culturels entre les régions du Nord et la Bourgogne.
La partie moderne propose neuf articles, qui vont de l'humanisme à la Révolution. L'article d'Albert Labarre, « Spécificités de l'imprimerie en province : l'exemple du Nord de la France du XVIe au XVIIIe siècle », arrive à des conclusions assez semblables à celles de Louis Desgraves dans Le Livre en Aquitaine 1 : le grand développement des impressions parisiennes, lyonnaises et rouennaises durant cette période, et le tassement de l'ensemble de la production provinciale. Seuls les ouvrages religieux et le droit gardent de l'importance.
« La seconde révolution du livre », thème de la troisième partie de ces actes, donne entre autres deux contributions sur des imprimeurs-libraires : la lignée des Lefort, à Lille, au xixe siècle, par Catherine Dhérent ; celle des Lemaître, à Valenciennes, par Renée Lemaître. Henri Lemaître, son père, et elle-même, ont continué la tradition familiale d'amour du livre et de la lecture par leur place dans l'histoire des bibliothèques. Là est également bien marqué le développement de l'édition scolaire : « Enseigner la France septentrionale à l'école, XIXe-XXe siècles », par Philippe Marchand, et « La guerre des manuels scolaires dans le Pas-de-Calais », par Camille Dhérent.
Voilà donc une publication qui vient combler une lacune dans le domaine de l'histoire du livre et de la lecture. La qualité de cette première livraison la rend aussi nécessaire que le Bulletin de la Société des bibliophiles de Guyenne.