Les bibliothèques et la culture face aux pressions politiques

Thierry Ermakoff

« Toujours friands de publicité, toujours prêts à se mettre une plume dans le derrière pourvu que l’on parle d’eux, "artistes", et "intellectuels" de tous poils et de toutes origines, drogué(e)s, pédés et gouines en tête, viennent expliquer au populo, aux franchouillards, ce qui est moral et ce qui ne l’est pas... Pour ne plus aller voir les films ou les pièces de théâtre dans lesquels ils jouent ou qu’ils réalisent, pour ne plus acheter les livres qu’ils écrivent, les bandes dessinées, journaux et revues qu’ils publient, la guerre culturelle commence par le boycott systématique de tout ce qui leur permet de faire de l’argent, beaucoup d’argent. Soyons des millions – les millions d’électeurs du Front national – à faire cela. Et les autres commenceront à comprendre qu’à jouer avec le feu, on risque de se brûler. C’est un début. En attendant mieux. Car un jour apparaîtra dans le droit français un chef d’accusation, le plus grave de tous : crime contre la nation et le peuple français. Ce jour-là, on fera les comptes ».

Pierre VIAL, Vice-président de la Commission Culture du Conseil Régional Rhône-Alpes, National-Hebdo, 27 février 1997

L’université d’été, organisée par la FFCB (Fédération française de coopération entre bibliothèques) du 29 août au 1er septembre 1998, à Bénerville-sur-Mer (Calvados), avait pour titre : « Les bibliothèques et la culture face aux pressions politiques ». Dans le document introductif, il était précisé que « les établissements culturels, et plus particulièrement les bibliothèques, peuvent se trouver confrontés à des pressions politiques allant parfois, lorsqu’elles proviennent d’obédiences extrémistes, jusqu’à remettre en cause certaines de leurs missions essentielles (les attaques répétées du Front national à l’égard des bibliothèques sont à ce sujet très significatives), [et que] cette université d’été avait pour objectif d’analyser les rapports entre la "culture" et le "politique", d’examiner les grands principes qui régissent la constitution des collections dans les bibliothèques, de présenter les recours juridiques et législatifs possibles en cas d’ingérence abusive ».

Durant quatre jours, soixante-dix participants ont donc pu entendre témoignages et analyses et affiner le contenu d’une boîte à outils, plus précisément d’une trousse de secours. Dès l’ouverture, Jean-Claude Van Dam, pour la Direction du livre et de la lecture (DLL), a bien précisé que, si les bibliothèques ont élargi leur domaine d’intervention, si elles sont soumises à la logique de la décentralisation législative et culturelle, elles restent un service public, autour de valeurs admises par tous : les valeurs républicaines. Les bibliothèques, lieux de mémoires, chargées de conserver et de faire vivre les textes, ont aussi un devoir vis-à-vis de la création littéraire et artistique, elles se doivent de faire vivre la part la moins connue de la production.

Louis-Marc Abibou a rappelé l’action volontaire de la Direction au développement et à l’action territoriale en faveur des associations multiculturelles.

Des pressions

Les artistes, les bibliothèques, subissent des pressions politiques, qui, d’après Jean-Luc Gautier-Gentès, de l’inspection générale des bibliothèques, se définissent par deux types d’interventions : les interventions prescriptives – qui vont dans le sens du parti au pouvoir ; ou les interventions disqualifiantes – par la suppression, d’acquisitions par exemple.

Aujourd’hui, d’où viennent les pressions ? Tous les témoignages convergent : elles viennent de l’extrême droite, que ce soit du Front national (FN) ou des groupes associatifs qui lui sont proches. Tous les milieux artistiques sont visés. Le café-musique, « Le sous-marin », à Vitrolles, a été fermé, muré, et sa subvention municipale (20 % du budget) supprimée, au motif que la programmation faisait la part belle aux musiques « tribales et dégénérées ». L’art contemporain n’est pas épargné : le témoignage de Sylvia Zapatta, du FRAC (Fonds régional d’art contemporain) de Basse-Normandie, a montré de quels enjeux idéologiques l’art contemporain était porteur. Jean-François Tealdi, rédacteur en chef adjoint de FR3, a rappelé que ce sont la presse écrite et la radio qui ont permis qu’une minorité nazie devienne majoritaire et totalitaire, et que les idées racistes sont aujourd’hui banalisées dans les médias européens. Et le FN n’est pas un parti comme les autres.

Daniel Merlet, réalisateur du film Orange amer, démontre les objectifs de la mairie FN d’Orange : donner la priorité aux quartiers centraux, délaisser les quartiers défavorisés en retirant les moyens aux centres sociaux et culturels, traquer les fonctionnaires qui ne sont pas aux ordres, en utilisant tous les moyens de l’usure psychologique – mise au placard, convocations, notes, menaces 1 –, en entretenant dans cette ville un climat larvé de guerre civile. L’idéologie défendue repose sur un triptyque simple : la province contre Paris, le terroir contre l’évolution de la société, la tradition contre le progrès.

Les bibliothèques ne sont évidemment pas oubliées. C’est sans doute parce que lutter contre la culture, contre la mise à distance, c’est remettre l’homme à une place où il est contrôlable et manipulable – comme l’a dit Maryse Souchard 2 –, qu’elles sont très vite objet d’atteintes. Marie-Pascale Bonnal, du groupe ABF PACA (Association des bibliothécaires français-Provence-Alpes-Côte d’Azur), a développé ce que les inspections d’Orange et de Marignane 3 avaient dévoilé : des acquisitions éliminées, un personnel systématiquement traqué, humilié, déstabilisé.

Le cas, hautement symbolique, des quatre villes dirigées par le FN, n’est pas isolé. Des pratiques semblables, certes moins exacerbées, se font parfois jour ailleurs. Et il existe même quelques bibliothécaires qui pratiquent l’autocensure.

Les pressions politiques, comme l’a dit Jean-Luc Gautier-Gentès, ont montré qu’il existait des carences légales, un manque de transparence des bibliothèques, et un manque de recul théorique. A propos des carences légales, Bruno Van Dooren, président de l’ADBU (Association des directeurs de la documentation et des bibliothèques universitaires), a rappelé, pour les bibliothèques universitaires, les articles 3 et 8 de la loi de 1984, sur l’enseignement supérieur. Jean-Claude Van Dam, pour sa part, a fait le point sur la loi sur les bibliothèques qui devrait venir en discussion cette année 4.

Quant au manque de transparence des bibliothèques, il renvoie aussi bien aux tutelles qu’aux politiques d’acquisitions. Antoine Favron, maire-adjoint de Blois et administrateur de la Fédération nationale des élus en charge de la culture, revendique un cadre juridique et un recrutement des directeurs de bibliothèque selon un projet culturel en accord avec la ville.

Francine Thomas, de l’ABF, a rappelé le travail de la commission Acquisitions de cette association, et fait le constat que, comme si un verrou avait sauté, les élus interviennent plus librement depuis que quatre villes sont dirigées par le FN.

Jean-Luc Gautier-Gentès a précisé que la lutte contre les pressions politiques en bibliothèque renvoie à la politique d’acquisition mise en œuvre. Celle-ci doit respecter des règles, de vérité et d’exactitude des faits, de respect des lois, et exclure des publications extrémistes, c’est aussi préserver la paix sociale, en tenant compte de communautés qui pourraient se sentir agressées. Et, dès lors, le pluralisme affiché doit-il bannir tous les extrémistes ou les intégrer ?

Le manque de recul théorique a contraint les participants à se poser un certain nombre de questions : la politique a-t-elle sa place en bibliothèque ? Les extrémismes y ont-ils leur place ? Et qu’en est-il de l’extrême droite ?

De l’idéologie

Se poser la question de l’existence de l’extrême droite en bibliothèque oblige à se poser le sens et le contenu de son idéologie. Selon Sylvia Zapatta, les arguments idéologiques développés par le FN dans le domaine de l’art, et particulièrement l’art contemporain, sont de cinq ordres.

Économique et social. L’art a toujours un coût trop élevé, et il s’agit d’une mauvaise gestion de l’argent public face à « l’inévitable » fracture sociale.

Idéologique. Les FRAC ont été initiés par les socialistes ; la droite RPR-UDF continue à les gérer : il y a donc bien collusion.

Esthétique. La mise en avant de goûts personnels sans réels jugements critiques.

Patrimonial. L’art contemporain s’oppose au patrimoine.

Local. La préférence régionale doit s’imposer comme principe identitaire, et exprime donc ici des sentiments xénophobes. Ces arguments ne sont-ils pas transposables à la littérature ?

Henri Giordan, du CNRS, a expliqué la position particulière du FN face aux langues régionales. De par son histoire, ce parti est nationaliste et unitariste. Sa préoccupation des langues et des cultures régionales vient d’un fort souci de récupération. Pour lui, la culture française et les cultures régionales françaises doivent être favorisées, à l’exclusion de toute autre, et, en particulier, à l’exclusion des cultures d’immigration.

Deux des ateliers proposés ont permis d’aller plus avant en approfondissant deux axes : la censure en littérature de jeunesse et la culture dans la presse d’extrême droite.

La censure en littérature de jeunesse

Il n’y a pas d’édition pour la jeunesse qui appartienne au FN, il n’y a que des éditeurs affiliés à l’extrême droite. Citons le supplément de Présent, ou les éditions du Triomphe. Ces dernières font appel à la nostalgie, aux valeurs morales. Les éditeurs d’extrême droite ne sont parfois pas indiqués. Le graphisme affiché est passéiste et le catalogue s’appuie souvent sur des rééditions de classiques, avec la volonté d’emmener les lecteurs vers des positions de plus en plus dures. Les éditeurs classiques (Mango, Père Castor) sont parfois diffusés par des réseaux d’extrême droite, leur donnant ainsi une bien inutile caution.

L’extrême droite considère comme acquise l’existence, dans l’édition jeunesse, d’un complot destiné à pervertir la jeunesse. Pour appuyer ces dires, les associations-relais du FN s’attachent à montrer que drogue, sexe, violence, dislocation du lien familial, sont l’ordinaire des livres de jeunesse, de telle sorte que les œuvres incriminées ne sont plus considérées comme des œuvres littéraires. Parmi ces associations, l’Alliance pour les droits de la vie publie un vade-mecum contre certains livres de jeunesse (Robert Cormier, Judy Blume, Christophe Donner) et sur la façon d’intervenir auprès des élus, ainsi que des articles dans des presses alliées.

La culture et la presse d’extrême droite

Michel Briganti, du CRIDA (Centre de recherches, d’information et de documentation antiraciste), a fait un exposé très complet sur la presse d’extrême droite, que l’on peut décomposer en trois blocs : la presse du FN ; la presse d’extrême droite hors FN ; la presse passerelle – lieu de rencontre, dont les objectifs restent les mêmes : rendre hégémoniques les cultures et les idéologies du FN pour prendre le pouvoir.

La presse du FN, Les Français d’abord, paraît tous les quinze jours. La presse d’extrême droite est représentée par le quotidien Présent, d’obédience catholique traditionaliste, les hebdomadaires National-Hebdo, Action française, Rivarol, Minute, et par un bimensuel, Faits et document. La presse, souvent catholique et intégriste, publie 700 à 800 revues, parfois très confidentielles, parfois plus connues (Roc, Bedesup, La cause des Peuples). Enfin, les maisons d’édition sont peu vendues en librairie, mais quelques grands éditeurs accueillent des auteurs d’extrême droite.

Analyse de la presse

L’analyse de la culture dans la presse d’extrême droite (National-Hebdo, Présent...) révèle une violence verbale constante. Les thèmes véhiculés sont les mêmes, quels que soient les articles : la violence, la menace ; le cosmopolitisme ; l’argent ; les déviances ; le territoire, l’identité, l’anti-France. Il n’y a donc pas de proposition sur les contenus, uniquement des discours.

La structure argumentative est toujours la même : le mensonge, l’amalgame, l’ambiguïté, le retournement des sens quels que soient les articles (par exemple, la récupération du drapeau français et révolutionnaire bleu-blanc-rouge, ou encore, la notion de pluralisme qui, pour le FN, se traduit dans les faits par la surreprésentation de ses idées, et dont Jean-Yves Le Gallou disait que « si une loi sur le pluralisme était votée, "son parti" l’utiliserait devant les tribunaux pour faire entrer dans les bibliothèques les auteurs et les journaux qui en sont aujourd’hui exclus » 5. Enfin, la méthode est rigoureusement identique : le FN construit des représentations imaginaires (que la ville est insécure, que l’immigration est la cause du chômage, que l’homosexualité est partout).

Maryse Souchard a expliqué, de façon très pertinente et argumentée, que l’idéologie de l’extrême droite est construite sur l’idée de nature contre la culture. Et, de ce fait, pour le FN, les humains sont des animaux comme les autres, qui ont un territoire à défendre (je préfère ma fille à ma cousine, ma cousine à ma voisine...), où les plus forts écrasent les plus faibles, où les espèces humaines ne se mélangent pas, et où les tâches sont réparties de façon bien distincte : le travail, la protection pour les hommes, la reproduction pour les femmes. La culture est la mise à distance de ses instincts, elle est donc l’ennemie de l’extrême droite.

Riposte

Face aux pressions exercées, les bibliothécaires ne disposent, finalement, que de quelques outils souvent peu connus et peu utilisés, et, surtout, ils font preuve d’une méconnaissance des droits et devoirs des fonctionnaires, d’une certaine impréparation face aux interventions des élus, d’un manque de recul théorique, déjà souligné. « Rendons grâce au FN qui nous permet de nous réunir ici pour redéfinir la notion de pluralisme, de façon plastique selon les types de bibliothèque », a dit Michel Sineux, président de la FFCB.

Si, comme le rappelait Bruno Van Dooren, le métier de bibliothécaire, c’est donner du sens à l’information, c’est la contextualiser, il est nécessaire de parfaire la formation des professionnels, en accomplissant, en particulier, un réel travail de lecture sur les acquisitions qui posent problème.

Les droits et devoirs des fonctionnaires ont été rappelés par Olivier Abdou Taoumi, juge au tribunal administratif de Montpellier : obligations de servir, de discrétion, de réserve, de moralité et, en parallèle, libertés d’opinion, de grève, syndicale, ces dispositions étant contenues dans la loi du 13 juillet 1983. Un fonctionnaire peut/doit donc désobéir si l’ordre est manifestement illégal et de nature à compromettre l’intérêt public.

Benoît Candon, avocat d’Alarme Citoyens, à Marignane, a rappelé que les usagers, les journalistes, les associations et l’État peuvent agir contre une telle décision, mais qu’il existe des règles et des délais précis.

Au-delà, Stéphane Meyer, avocat du MRAP (Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples), a fait état de l’arsenal juridique et législatif contre la propagande d’extrême droite : notamment, la loi de 1881 sur la liberté de la presse, la loi de 1949 destinée aux publications pour la jeunesse (augmentée en 1967), la loi de 1972 et la loi de 1990 contre le racisme. Sont punies, dans un ordre croissant les injures raciales, la diffamation raciale, la discrimination raciale et la provocation à la haine raciale, la négation des crimes contre l’humanité, l’apologie des crimes contre l’humanité. Là encore, délais et procédures existent.

Anne Kupiec, de l’IUT (Institut universitaire de technologie) Métiers du livre de Nanterre, dans un exposé très complet, a insisté sur la nécessité d’un code de déontologie indispensable aux professionnels, qui soit une sorte de synthèse et intègre une clause de conscience.

Vigilance

La vigilance peut s’organiser autour des réseaux (MRAP, Cercles Condorcet,…) comme celui mis en place par l’Agence de coopération en Languedoc-Roussillon (CLLR) qui regroupe environ 150 professionnels du livre, dont quelques éditeurs, comme également, le collectif Culture créé par des agents du ministère de la Culture qui regroupe quatre ateliers : langues et cultures régionales, art contemporain, bibliothèques, cultures urbaines.

La riposte, la vigilance, c’est aussi, comme le rappelait Anne-Marie Bertrand, de la DLL, un certain nombre de questions qui se posent et dont les bibliothécaires doivent débattre : les livres politiques sont-ils légitimes dans les collections ? Les presses d’extrême droite et d’extrême gauche doivent-elles être absentes des bibliothèques ? Ne courons-nous pas le risque, s’est demandé Jean-Luc Gautier-Gentès, de faire l’apologie d’un monde néo-libéral ? Outre l’arsenal juridique, des réponses politiques doivent aussi être apportées : la bibliothèque est un service public utile à la démocratie. Les usagers peuvent être des relais efficaces, si l’effort de communication de la bibliothèque est fait tout au long de l’année. Au-delà, c’est la question de la formation personnelle et continue des bibliothécaires qui est posée. Si la connaissance des lois existantes est un préalable, la carence légale est bien réelle : la loi sur les bibliothèques ne devrait-elle pas être une loi d’obligation ?

Boîte à outils et Centre de ressources

Enfin, Anne-Marie Bertrand a insisté sur la nécessité de créer une boîte à outils indispensable pour tous, et qui devrait contenir aussi bien les textes législatifs et constitutionnels que des documents sur les problèmes liés à l’extrême droite (presse, édition), la formation, l’intervention dans les médias, et les réseaux-ressources.

La vigilance peut s’établir aussi avec des journalistes conscients ; Jean-François Tealdi, membre actif d’un comité de vigilance antiraciste dans les médias, démontre qu’un boycott serait inefficace, puisque les journalistes peuvent être remplacés par des collègues plus arrangeants, et qu’en période électorale, le temps d’antenne est équitablement réparti. Pour lui, il faut constituer un centre de ressources intégrant tous les documents sur le FN, former les journalistes aux cultures minoritaires, et leur promulguer des recommandations déontologiques. Enfin, ajoute-t-il, il faut, aujourd’hui, interdire le FN, position reprise par Henri Giordan.

Jean Tabet, bibliothécaire, concepteur du salon antifasciste de Gardanne, insiste sur le rôle fédérateur de cette initiative, soutenue et largement relayée par tous les professionnels, par des institutions telles que l’Unesco et le Conseil de l’Europe. 60 000 personnes se sont déplacées, 6 400 étaient présentes aux tables rondes, 33 films ont été projetés, la manifestation comprenait aussi quatre spectacles et sept expositions. Cette mobilisation prouve qu’il y a place pour une reconstruction politique et qu’il faut, maintenant, inscrire le FN dans cette famille de pensée.

En conclusion, ces quatre jours ont été d’une densité et d’une exigence intellectuelle qu’on peut qualifier d’exceptionnelles. Les pratiques professionnelles ont fait l’objet de nombreux débats ; sans céder aux simplifications, l’analyse de l’extrême droite et le danger que son existence représente pour les bibliothèques, la culture et la démocratie en général, ont été minutieusement exposés et argumentés. Il n’y avait ni slogan, ni prêt à penser idéologique : c’était cela, aussi, la grande différence avec la rhétorique extrémiste.