The Role of the Library in Distance Learning

a Study of Postgraduate Students, Course Providers and Librarians in the United Kingdom

par Jean-Claude Utard

Lorna Unwin

Kate Stephens

Neil Bolton

East Grinstead : Bowker-Saur, 1998. vi-256 p. ; 24 cm. ISBN 1-85739-221-3. £40

Dans tous les pays développés, l'enseignement à distance connaît aujourd'hui une remarquable progression qui a des incidences sur le fonctionnement des bibliothèques. De ce point de vue, quatre questions sont à envisager :

- quel usage des bibliothèques les étudiants de l'enseignement à distance ont-ils ?

- les organismes et enseignants de cet enseignement proposent-ils des facilités d'accès à ces bibliothèques ?

- comment, sur ce sujet, les bibliothèques universitaires perçoivent-elles leur rôle ?

- de quelle façon les bibliothèques de lecture publique peuvent-elles aider les étudiants à distance ?

C'est pour étudier ces différents points qu'une recherche a été financée par le Centre de recherche et d'innovation de la British Library (BLRIC) et confiée aux auteurs de ce livre, eux-mêmes enseignants et chercheurs en sciences de l'éducation à l'université de Sheffield.

Le rapport exact de cette étude est livré ici, les chapitres de l'ouvrage en épousant fidèlement les différentes étapes : examen bibliographique de la littérature de langue anglaise consacrée à ce sujet, bilan de l'enquête et des sondages auprès des différentes catégories de population concernées.

La recherche s'est déroulée de septembre 1994 à septembre 1996 de la manière suivante : environ 1 000 questionnaires (ceux-ci figurent dans les annexes à la fin du livre) ont été retournés par des étudiants engagés dans des enseignements à distance du troisième cycle. 47 d'entre eux ont complété ce questionnaire en tenant un journal où ils notaient, sur une période oscillant entre trois et douze mois, toutes leurs pratiques et expériences en bibliothèque ; onze responsables d'enseignement à distance ont été interrogés sur la perception qu'ils avaient du rôle des bibliothèques dans ces cursus ; 116 questionnaires ont été remplis par des bibliothécaires d'université, et 138 par des bibliothécaires relevant de la lecture publique. Ces étudiants, enseignants et bibliothécaires appartiennent à toutes les régions du Royaume-Uni. Les résultats confirment et amplifient ce que le survol de la presse professionnelle laissait entrevoir.

Difficultés d'utilisation des ressources

Alors même que 72 % des 977 étudiants interrogés affirment que le travail en bibliothèque fait partie de leurs études, qu'il représente une source indispensable pour l'acquisition du savoir, la majorité d'entre eux éprouvent beaucoup de difficultés à utiliser les ressources des bibliothèques : absence d'information sur leurs droits à se servir des bibliothèques universitaires et sur les services qu'elles offrent (prêt à distance, envoi de photocopies d'articles, renseignements téléphoniques, etc.), non-coopération entre bibliothèques (par exemple, il est en général impossible d'emprunter à une bibliothèque universitaire plus proche), faiblesse de l'offre de la lecture publique, et même, formation insuffisante pour en utiliser les collections.

De leur côté, les enseignants n'ont pas une vision très cohérente de la manière dont ils pourraient se servir des bibliothèques : ils n'informent pas celles-ci des cursus qu'ils organisent, pas plus qu'ils ne forment leurs étudiants à les utiliser. Le résultat est que certains étudiants croient que les cours reçus par l'enseignement à distance forment la seule matière à lire. Plus généralement, ils méconnaissent l'usage des bibliothèques dans une formation qui présuppose pourtant une forte capacité d'autonomie.

Les bibliothèques universitaires confirment l'absence de liaison avec les responsables des télé-enseignements et reconnaissent qu'ils informent peu ces étudiants particuliers sur les services auxquels ils pourraient recourir : deux tiers des établissements n'éditent aucune brochure les présentant, alors même que 93 % d'entre eux pratiquent le renseignement par téléphone, 58 % l'envoi de photocopies d'articles, etc. Ces services demeurent donc sous-utilisés.

Plus grave est l'absence de coopération entre bibliothèques : celle-ci procède plutôt d'arrangements réciproques entre quelques établissements et ne concerne qu'une minorité des étudiants et services. Un bon tiers des bibliothèques n'offrent l'accès que de manière très limitée à des étudiants n'appartenant pas à leur campus et la crainte existe de voir les collections des établissements bien dotés utilisées et détournées par des usagers relevant de bibliothèques plus pauvres.

Quant aux établissements de la lecture publique, touchés de plein fouet par les baisses récentes de leurs crédits d'acquisition, ils ont des difficultés à répondre à cette demande étudiante, souvent considérable, mais méconnue aussi bien de leurs autorités de tutelles que de leurs collègues académiques.

Une politique de coopération

Le diagnostic de la situation, comme on le voit, pourrait sans trop d'efforts être transposé du Royaume-Uni vers d'autres pays, dont la France. Il en est de même des recommandations qui concluent ce rapport et insistent notamment sur la nécessité d'adopter une politique de coopération entre les instances universitaires et les bibliothèques, y compris dans le domaine des réseaux bibliographiques et dans celui de l'information à rendre disponible sur Internet. Elles réaffirment également outre la mise en oeuvre de mesures simples comme d'inclure les coûts des services à distance des bibliothèques dans les frais d'inscription du télé-enseignement le besoin et le droit des étudiants de l'enseignement à distance, à l'instar de leurs condisciples, de mettre les bibliothèques au centre de leur travail universitaire.