Bibliothèques municipales, bibliothèques départementales de prêt

données 1996

par Didier Guilbaud
Paris : Direction du livre et de la lecture, 1998. 292 p. ; 24 cm

Le bibliothécaire versé dans les statistiques ressent toujours un certain bonheur à la découverte des données annuelles des bibliothèques municipales et départementales de prêt. D'abord parce que la livraison en est de plus en plus régulière et adaptée aux données fournies, surtout parce que l'on y trouve une mine de renseignements utiles à la compréhension des activités des bibliothèques territoriales. N'oublions pas aussi que le mémo cartonné joint à l'envoi suffit à lui seul à donner une idée générale du document, pour un usage rapide qui n'exclut cependant pas une lecture approfondie.

L'avant-propos du directeur du livre, Jean-Sébastien Dupuit, est une première présentation de ces activités, ensuite largement développées par les données chiffrées qui figurent dans les « grandes tendances » et dans l'ensemble de l'ouvrage. Il nous informe qu'il s'agit là d'un « outil fiable d'aide à la décision » dans « cette période cruciale de réflexion prospective ».

Les statistiques ne valant que parce qu'elles peuvent être comparées, il est indéniable que ce document y contribue largement. Les artisans de cette édition relèvent d'ailleurs une disparité dans les données (les chiffres fournis par les bibliothèques diffèrent d'une année sur l'autre), et les difficultés d'analyse liées à la variété de l'échantillonnage. « De plus, il faut rappeler et souligner que si les données publiées dans cette brochure font référence pour des professionnels, ils ne peuvent avoir en aucun cas valeur de prescriptions. L'utilisation des éléments chiffrés, pour être pertinente, doit s'accompagner d'analyses détaillées intégrant des variables socio-économiques et des données qualitatives et s'inscrire dans le cadre d'objectifs fixés par l'établissement ou par l'autorité dont il dépend ».

On nous promet (et on peut y croire) d'autres documents de synthèse sur les points plus particuliers : les résultats des départements ou une enquête additionnelle sur l'équipement informatique des bibliothèques. Jean-Sébastien Dupuit profite de cette introduction pour évoquer le programme des bmvr (bibliothèques municipales à vocation régionale) douze projets d'envergure ont été lancés et, pour le monde rural, les trente et un relais-livres en campagne dont on nous dit qu'ils témoignent de l'essor de la lecture publique dans notre pays. On notera également l'affirmation de l'urgence à soutenir financièrement le fonctionnement des bibliothèques, alors que seul l'investissement faisait jusqu'ici l'objet de subventions spécifiques.

Du côté des municipales...

L'élégante présentation du document, aujourd'hui bien connue, mélange textes d'analyses, cartes de France, tableaux et graphiques. Ce qui est un atout facilitant la lecture des données, rassemblées par Claudine Pissier et son équipe, et en fait un travail remarquable. La première partie, consacrée aux bibliothèques municipales, est plus volumineuse, ce qui s'explique par l'échantillon des bibliothèques retenues (171 bibliothèques supplémentaires par rapport aux Données 1995 de communes de moins de 10 000 habitants).

En 1996, les dépenses de personnel ont connu une inflexion, due d'une part à la baisse de création d'emplois, d'autre part à la diminution relative du nombre de professionnels (catégories A et B) qui représentent 34,36 % des emplois en 1996 contre 36,69 % deux ans auparavant, le nombre des conservateurs territoriaux continuant à diminuer (610 en 1996 contre 621 en 1994).

Les budgets consacrés aux imprimés sont stables malgré de notables baisses dans telle ou telle bibliothèque. On note plus particulièrement le développement des collections de documents sonores dans les communes de moins de 10 000 habitants, et un taux de progression remarquable des documents électroniques (+ 43,6 %). On remarque cependant que les bibliothèques n'ont pas les moyens de développer de manière égale l'ensemble de leurs supports.

Côté lecteurs, la barre de 18 % est franchie et bon nombre de bibliothèques dépassent les 50 %. Ce chiffre doit être considéré comme un indicateur parmi d'autres si l'on tient compte notamment que 20 % du public consultent sur place. La situation ne s'améliore pas vraiment du côté des horaires d'ouverture au public : plus de la moitié des bibliothèques ouvrent moins de vingt heures par semaine. Par ailleurs, on note globalement une stabilité du nombre de places assises, ce qui ne permet pas de satisfaire l'accueil du public.

Bref, un bilan contrasté qui confirme à la fois l'implantation de la lecture publique et sa lente évolution dans le pays, ainsi que la stagnation des moyens. Les profils moyens ainsi que les données régionales très clairement présentées en témoignent.

...et des départementales

Les données 1996 passent au crible le monde des bibliothèques départementales de prêt (bdp) : progression légère des budgets « personnels » (11,5 F/habitant), des dépenses d'acquisition (59 ont un budget en hausse, mais 36 voient le leur en baisse). On note que la dépense par habitant présente des écarts importants entre les départements (de 3 à 6 F), même si le nombre de bibliothèques qui dépensent moins de quatre francs par habitant en frais documentaires fléchit.

Deux points méritent plus particulièrement notre attention :

- les dépenses d'investissement des départements : on a là la confirmation du rôle important joué par les départements dans l'investissement « bâtiment », mobilier et plus récemment informatique des bibliothèques. Le nombre des communes aidées a très sensiblement augmenté (771 communes contre 668 en 1995) ;

- la desserte : les bdp desservent 54,5 % des communes françaises, soit 71,73 % de la population rurale (moins de 10 000 habitants). Si on observe un léger fléchissement ( 0,28 %), c'est que les communes qui font l'objet d'une double desserte ont pu être clairement identifiées. Par ailleurs, le prêt direct connaît lui aussi une baisse significative.

On observe ainsi globalement une approche plus fine des « résultats » des bibliothèques des collectivités territoriales. A ce titre, Données 1996 joue bien son rôle d'outil de connaissance et d'appréciation du réseau des bibliothèques publiques.