Le livre d'art en librairie
Nicole Picot
A la demande de la Bibliothèque publique d’information, une table ronde réunissant des lecteurs et des libraires a été animée par Haidi Milic, de la revue L’Amour de l’art, dans le cadre du salon du livre, le 24 mars 1998. Chantal Duverget, lauréate 1997 du prix des lecteurs de Beaux-Arts Magazine, une étudiante et deux libraires, Serge Wanstock, de la librairie La Galerne, au Havre, et Gilbert Paulat, de la librairie La Cédille, à Paris, ont confronté leurs expériences.
Attirer l’attention du public
Ce débat, qui s’est tenu dans le Carré des arts, faisait partie des animations annonçant le Mai du livre d’art. Cette manifestation, qui fête cette année son dixième anniversaire 1, a l’ambition d’attirer l’attention du public sur les livres d’art en dehors de la période des fêtes de fin d’année (au moment de Noël, les libraires réalisent 30 % de leur chiffre d’affaires). 325 libraires français, belges, suisses et libanais se sont joints à l’opération cette année, confirmant ainsi le succès de cette initiative du Syndicat national de l’édition. Ils seront rejoints par le Luxembourg en 1999. Ce débat a montré ce que les clients attendent de leurs librairies et comment le livre d’art peut y être présenté.
Chantal Duverget a dit avec enthousiasme son amour pour les livres d’art, à la fois outils de travail et moments de plaisir. Lecteurs et lectrices souhaitent voir un maximum de titres sur une grande diversité de sujets, souhaitent les feuilleter, les consulter. Ils voudraient que les livres moins connus soient mieux mis en avant, demandent des conseils, veulent faire des découvertes. Ils désireraient aussi trouver des livres au format poche : en effet, les livres d’art sont particulièrement chers.
Mise en valeur des livres
De nombreux libraires font l’effort de mettre en démonstration des livres d’art, malgré leur prix. Leur mise en valeur peut se faire de diverses manières : sur des tables thématiques où ils sont plus accessibles que sur les rayonnages verticaux, sur des présentoirs de nouveautés, ou encore en les accompagnant de résumés. Les libraires sont très attachés à l’écoute des demandes des clients. Ils organisent des animations autour des nouveautés, mais avec plus de difficulté dans ce domaine, les signatures ayant en effet plus de succès dans le secteur des sciences humaines et de la littérature. En revanche, les débats sont plus fructueux, et apportent des échanges intéressants.
Les lecteurs souhaitent flâner, feuilleter, s’asseoir, dans une ambiance conviviale : dans une atmosphère de café littéraire par exemple, mais beaucoup de libraires manquent de place pour accéder à cette demande.
Les bibliothécaires ont attiré l’attention sur la difficulté à trouver certains livres, du fait du manque de place chez les libraires et du coût du stockager. Ce qui est regrettable dans une discipline où le livre ne se démode pas.
En conclusion, Claude Draeger a constaté le succès de cette présentation spéciale pendant le Mai du livre d’art. Elle renforce la présence du livre d’art, secteur plus difficile à promouvoir malgré la qualité constante de l’édition d’art en France.