Les fonds patrimoniaux dans les bibliothèques de villes moyennes

Joëlle Rochas

La commission Villes moyennes en Rhône-Alpes de l’Association des bibliothécaires français a organisé le 27 avril 1998, à la médiathèque de Privas 1, une journée d’étude, intitulée « Les fonds patrimoniaux dans les bibliothèques de villes moyennes ».

Nécessaire coopération

Pour confirmer, si besoin était, l’intérêt et la nécessité de la coopération, point important pour les bibliothèques de villes moyennes, Hélène Dubois, de l’Agence Rhône-Alpes pour le livre et la documentation, a signalé l’importante campagne de microfilmage et la réalisation du cédérom Mémoire et actualité de la région Rhône-Alpes 2.

La valorisation du patrimoine passe par l’exploration de pistes diverses : les classes patrimoine, comme à la médiathèque de Roanne, la sensibilisation du public au patrimoine écrit, les itinéraires littéraires, le rôle des emplois-jeunes et les actions de formation.

Les interventions de Chantal Herrero, de la médiathèque de Saint-Chamond et Marie-Jo Gay, de la médiathèque de Privas, qui ont abordé l’histoire de la conservation et de la restauration de tels fonds, ont été riches d’enseignements. On s’aperçoit, à travers les difficultés encourues par les bibliothécaires ou les catastrophes subies par les collections, que les fonds anciens, même hébergés dans des institutions récentes, sont encore fragiles. Or, la conservation dans de bonnes conditions est une nécessité pour la communication. Yves Jocteur Montrozier, de la bibliothèque municipale de Grenoble, a insisté, quant à lui, sur la nécessaire évaluation des collections : il ne faut pas s’en tenir à une estimation approximative, mais bien en dresser un inventaire précis.

Ouvrages d’artiste, images en bibliothèque

Le livre d’artiste a donné lieu à trois interventions qui ont montré que rien de bien ne se fait sans passion, qu’il faut constituer actuellement les collections de demain, et ne pas avoir peur en ce domaine d’une certaine subjectivité. La démarche qualité, la conviction et l’engagement des bibliothécaires peuvent aboutir à la constitution de fonds de qualité. Ces interventions ont également montré l’aide que peuvent apporter les bibliothécaires à la création. Martine Pringuet, qui a mis en place un fonds de bibliophilie contemporaine à la médiathèque de Cavaillon, Robert Subtil, diffuseur ou « colporteur » de livres, ainsi qu’il se présente lui-même, et Djamel Meskache, des éditions Tarabuste, préfèrent l’expression de « livres singuliers » à celle d’ouvrages de bibliophilie.

Quant à la numérisation, elle entraîne un renouvellement, un rajeunissement des publics, dira François Leclercq, de la bibliothèque municipale de Valenciennes. En effet, elle met des documents à la disposition d’un public jeune, non familiarisé avec le patrimoine ; quant à Internet, il rend possible la consultation internationale du fonds local, comme c’est le cas à la bibliothèque municipale de Lisieux, représentée par Olivier Bogros.

Les mots de conclusion à cette journée d’étude reviendront à Yves Jocteur Montrozier : « Si on sait le conserver et le valoriser, le patrimoine écrit, loin d’être réservé aux seuls érudits a sa place au cœur même de la bibliothèque et de la cité. Il n’est pas forcément « du passé », mais se constitue au quotidien. Constituer un patrimoine fondé sur l’écrit, c’est bâtir inlassablement la bibliothèque publique ».

  1. (retour)↑  Les participants ont pu visiter la médiathèque de Privas sous la houlette de sa directrice Françoise Adam-Michel. Située en plein cœur de la cité, installée dans un bâtiment ancien, la bibliothèque municipale de Privas propose des collections multimédias : livres (57 000 documents dont 10 000 relevant des fonds patrimoniaux, fonds ancien consultable à la demande et fonds local), 20 000 livres sonores, une vidéothèque, une discothèque, une consultation de cédéroms… Y sont inscrits 3 811 personnes, adultes et jeunes, dont 40 % extérieurs à la ville.
  2. (retour)↑  Cf. l’article de Hélène Dubois, « Mémoire et actualité de la région Rhône-Alpes : base de données collective des fonds locaux », paru dans le bbf, 1998, n° 4, p. 48-52, suivi de « La bibliothèque du Haut-Meylan et le projet de cédérom » par Joëlle Rochas, p. 53-54.