Réunion des directeurs de bibliothèques universitaires et de grands établissements
Annie Le Saux
Les 3 et 4 mars derniers, la réunion annuelle des directeurs de bibliothèques universitaires et de grands établissements, fut introduite par Francine Demichel, nouvelle directrice de la Direction de l’enseignement supérieur, dont fait partie la Sous-Direction des bibliothèques et de la documentation.
Au centre de l’Université
Dans son intervention, Francine Demichel a vivement insisté sur le rôle central que devait jouer la bibliothèque dans l’université. Élément déterminant de l’accès au savoir, la bibliothèque doit se trouver au centre physique de l’Université. Elle doit, et cela répond aux priorités du ministre, élargir ses horaires d’ouverture, afin d’améliorer ses fonctions d’accueil 1. Elle doit aussi être un lieu où toutes les nouvelles technologies sont rassemblées et multiplier ainsi les accès au savoir en articulant le livre et l’informatique.
La politique ministérielle allant vers l’ouverture des universités aux salariés, un appel d’offres sur des créations de diplômes de formation continue a été lancé auprès de toutes les universités. Dix d’entre elles, répondant à trois conditions, vont être sélectionnées : elles devront proposer des formations continues diplômantes (de niveau deuxième cycle), des enseignements faits par des enseignants en poste, et – on y revient – une ouverture beaucoup plus grande qu’actuellement, l’aménagement des horaires d’ouverture des bibliothèques se déroulant bien évidemment en parallèle. Cent postes seront destinés aux dix universités sélectionnées.
L’effort demandé aux bibliothèques devrait être soutenu par la politique ministérielle, qui, dans le cadre du plan U3M (ou Université troisième millénaire), veut faire une priorité des constructions de bibliothèques, surtout à Paris, négligé dans le plan U 2000. « La construction d’une bibliothèque, souligne Francine Demichel, n’est jamais un acte anodin pour une université » et il est donc essentiel de mener une réflexion préalable pour que l’intégration des bibliothèques soit complète dans la stratégie de l’enseignement et de la recherche. La bibliothèque doit devenir un élément déterminant du contrat passé avec les universités, contrat lié non au président, comme certains semblent le craindre, mais à l’établissement et à ses missions.
Des études préliminaires à toute construction de bibliothèque, c’est aussi ce que préconise la Sous-Direction des bibliothèques et de la documentation 2. Car, si dans les nouvelles constructions, de nombreux points positifs sont à relever : on note entre autres une plus grande fréquentation, des places de lecture variées, en plus grand nombre, un développement des collections en libre accès, une mise en évidence de l’informatique, l’introduction de salles de formation, une amélioration de l’isolation phonique… ils ne suffisent cependant pas à occulter les problèmes qui restent à régler. Les bâtiments sont trop petits, trop vitrés (donc perméables à la chaleur et au froid), le précâblage n’est pas assez prévu, les places de consultation sont trop petites, les bâtiments ne sont pas conçus pour pouvoir ouvrir partiellement… L’idée d’un forum de discussion sur l’appréciation des nouveaux bâtiments, sur ce qui y fonctionne bien et sur ce qui est à éviter, fut avancée.
Bilans et projets
Comme chaque année, cette réunion fut l’occasion, pour les représentants de la Sous-Direction des bibliothèques et de la documentation de faire le bilan de l’année écoulée et le point sur les projets.
Parmi les 332 emplois créés en 1998, 67 ont été implantés pour combler le sous-encadrement de services, 129 au titre des nouvelles surfaces, 29 dans des Instituts universitaires de formation des maîtres. Claude Jolly, sous-directeur des bibliothèques et de la documentation, a, dans la procédure engagée pour 1999, souhaité que soit atteinte une moyenne de 2,7 emplois pour 1 000 étudiants (certaines bibliothèques en sont encore à 2 pour 1 000), et que 120 000 m2 d’accompagnement de nouvelles surfaces soient accordés. D’autres dossiers, liés à l’augmentation des coûts, notamment ceux des abonnements aux périodiques étrangers, à l’informatisation des bibliothèques, à la formation des usagers à l’IST sont également défendus par la Sous-Direction des bibliothèques et de la documentation.
L’objectif de la Sous-direction, dans le domaine de l’informatisation au sens large du terme, est tout d’abord de permettre, en l’an 2000, un accès le plus intégré possible aux différents catalogues, aux documents numérisés… Ceci, afin que l’usager puisse, à partir d’un poste unique, accéder à toutes les informations dont il a besoin. Les quatre axes pour atteindre la construction de ce dispositif global consistent à :
– inciter à réaliser des systèmes performants d’information dans les bibliothèques – au moins un SIGB (système intégré de gestion de bibliothèque), ou, mieux, un système d’information global ;
– mettre en place l’outil collectif qu’est le Système universitaire ;
– programmer une rétroconversion de masse – une conversion sur 4 ans des 4 millions de fiches qu’il reste à convertir, à condition, bien sûr, que le budget suive 3 ;
– soutenir des projets de numérisation – définir les documents qui pourront être numérisés : fonds libres de droit, rapports de recherche, documents produits par l’université, thèses… – et d’accès aux ressources électroniques.
Traditionnellement également, des représentants de la Direction des personnels administratifs, techniques et d’encadrement et plus particulièrement du Bureau des personnels des bibliothèques et des musées ont fait le bilan de la gestion des personnels. Furent également mentionnés les projets statutaires en cours, tel le projet de décret visant à faciliter le passage du corps de magasiniers spécialisés à celui de magasiniers en chef ou le projet de fusion des deux grades de bibliothécaires.
Études en cours
Parmi les études menées à l’initiative de la Sous-Direction des bibliothèques, celle confiée à Sema Group s’intéresse au « Recensement et à l’analyse comparée des solutions techniques d’accès aux ressources d’information électroniques offertes aux bibliothèques universitaires et aux utilisateurs finals » 4. Cette étude a pour but, à partir d’une étude des besoins, d’identifier les tendances du marché concernant les accès aux ressources électroniques et les enjeux, les principales solutions offertes, les différents outils et leurs caractéristiques comparées, afin de fournir aux bibliothèques des éléments prospectifs et un cadre de cohérence technique et organisationnel.
Afin de comprendre et de pouvoir évaluer les évolutions technologiques, de se tenir informé des développements internationaux et de saisir les enjeux, d’échanger des informations et de confronter des points de vue en matière de technologie, Pascal Pujo, du Département architecture technique de Sema Group, a suggéré d’organiser un réseau destiné à pérenniser l’action de veille technologique.
Un groupe de travail a été créé sur la formation des usagers, comprenant différents acteurs de l’Enseignement supérieur, tels les IUFM, les URFIST, l’IGB, des représentants du ministère, de l’ADBU, de la CPU… En tout, une cinquantaine de personnes est chargée d’analyser les enjeux, après avoir fait un état des lieux des structures intervenant dans ce domaine et repéré les besoins spécifiques des bibliothèques, comme une volonté des étudiants à apprendre à être plus autonomes.
La Sous-direction des bibliothèques a entrepris d’élaborer, sur Internet, un outil d’autoformation et d’aide aux formateurs. Cet outil dénommé Formist, Réseau francophone pour la formation à la maîtrise de l’information, sera un lieu pour la recherche dans le domaine de l’information scientifique et technique, ouvert aux étudiants, aux professionnels des bibliothèques et de la documentation, aux enseignants et aux formateurs. Il offrira des cours, des fiches techniques, des répertoires de ressources électroniques et assurera une activité de veille technologique et documentaire. Ce site, après des tests du prototype, devrait ouvrir, hébergé sur le serveur de l’ENSSIB http://www.enssib.fr, à la rentrée universitaire 1998-1999.
Une étude complémentaire a été confiée à la société Noème 5, chargée, avec des directeurs de BU, l’ENSSIB et des représentants de la Sous-direction, de réfléchir à une proposition de système d’information et d’évaluation national des bibliothèques universitaires. Il s’agit d’établir des indicateurs permettant une meilleure évaluation des services et concernant la définition du lectorat (lecteurs actifs, entrants, inscrits, potentiels…), les collections et leur accroissement, ainsi que les activités de communication. Ces nouveaux indicateurs devraient aboutir à une réforme de l’ESGBU allant vers une plus grande lisibilité, une simplification et donc une meilleure compréhension par les décideurs.
Ces journées, denses, se sont terminées par de nouveaux rendez-vous pris afin de suivre l’évolution de ces projets en cours.