Editorial

Annie Le Saux

Après un certain désarroi né de l'apparition des nouvelles technologies, il est apparu nécessaire d'organiser les mutations induites par les nouveaux médias et notamment par Internet. Ce besoin de structurer le foisonnement d'informations a conduit les différents acteurs à intervenir dans nombre de domaines. L'ont bien compris les intermédiaires ou aggregators, qui cherchent à fédérer l'accès aux titres de la presse électronique. A côté de ces monopoles internationaux, qui doivent inciter les bibliothèques à la vigilance, voient le jour des opérations nationales, voire locales, qui prennent l'initiative de coordonner et d'organiser l'information disponible. L'indexation, le catalogage et la description des sites médicaux francophones par le Centre hospitalier universitaire de Rouen en est un exemple donné ici.

Ce moyen, puissant et rapide, de localiser les ressources, qu'est Internet offre, en outre, aux bibliothèques la possibilité de fournir des documents primaires sous forme électronique. La British Library, jamais en mal de projets ambitieux, comme celui d'une future bibliothèque numérique, a mis en place le service Inside, qui donne un accès rapide à 20 000 périodiques et 16 000 comptes rendus de colloques. L'élaboration de normes est primordiale pour faciliter ces échanges à l'échelle planétaire. Ces normes émergentes, souvent nées de l'évolution de normes existantes, et de leur application à des documents électroniques, concernent aussi bien l'identification, la localisation, le catalogage, que l'évaluation et les statistiques des sources d'information électronique.

L'abolition des frontières émanant de ce nouvel environnement électronique bouleverse également les différents droits, que ce soit à l'échelon international, européen ou national. La toute récente proposition de directive de la Commission européenne vise à appliquer à l'édition électronique les deux principales composantes du droit d'auteur que sont le droit de reproduction et le droit de communication au public. Copyright, fair use et droit d'auteur sont le reflet de traditions juridiques différentes, qui entraînent des enjeux économiques différents. Et, si les bibliothécaires américains ont une tradition qui leur permet de peser dans la balance des nouvelles perspectives juridiques, les bibliothécaires français n'ont pas intérêt à laisser passer les opportunités.

Réfléchir à l'évolution des missions dans un cadre nouveau, aux moyens de s'adapter à de nouvelles pratiques, mettre en commun compétences et savoir-faire et les adapter à Internet, tels sont les objectifs que bibliothécaires et documentalistes doivent défendre, s'ils veulent influer sur les orientations à venir.