Courrier du lecteur

Yves Courrier

Yves Courrier, de l’Unesco, nous adresse cette lettre en réponse au compte rendu du Rapport mondial sur l’information 1997/1998, signé par Antoine Carro-Réhault, paru dans le BBF n0 6, en novembre 1997, p. 112-113.

Je vous remercie d’avoir bien voulu présenter aux lecteurs du Bulletin des bibliothèques de France un compte rendu du Rapport mondial sur l’information 1997/1998, signé par M. Antoine Carro-Réhault. Les comptes rendus devant fournir aux lecteurs de la revue une évaluation objective des ouvrages examinés, les rédacteurs de cette rubrique visent sans doute à exprimer leur point de vue en toute indépendance et en toute impartialité. Sans mettre en cause l’une ou l’autre par un quelconque procès d’intention, il conviendrait cependant d’apporter aux lecteurs du Bulletin des éléments d’information leur permettant de replacer dans leur contexte certains énoncés du compte rendu.

M. Carro-Réhault fait longuement référence aux débats de la onzième session du Conseil intergouvernemental du Programme général d’information (PGI) de l’Unesco. Les lecteurs n’auront pas manqué de noter que la session du Conseil s’est tenue en décembre 1996, alors que le Rapport est paru en mai 1997. Les membres du Conseil ne disposaient alors pour leur discussion que de la table des matières qui leur avait été distribuée à titre d’information, et non de l’ouvrage lui-même. Quoi qu’il en soit, voici le texte du compte rendu de leurs délibérations :

« Par contre, de nombreux délégués ont exprimé leur déception au sujet du Rapport mondial sur l’information. . Une fois de plus, il a été fait reproche du déséquilibre géographique dans le choix des auteurs (cf. la 23e réunion du Bureau du Conseil intergouvernemental du PGI, Paris, 10-11 juin 1996, Rapport final, PGI96/COUNCIL/BUR.XXIII/7). L’absence de données statistiques pertinentes a également été critiquée. Pour toutes ces raisons, et du fait qu’il privilégiait l’information au sens le plus traditionnel, ce document ne pouvait se comparer aux autres rapports mondiaux rédigés par l’Unesco et n’apportait certainement rien à la réputation de l’Organisation. Finalement, il a été suggéré de trouver un autre titre pour ce document, dont les auteurs avaient été nommés sans consultation préalable du Conseil consultatif du Rapport mondial sur l’information ».

Voici maintenant le texte des commentaires du Bureau du Conseil, qui s’est réuni quant à lui, en juin 1997, c’est-à-dire après la parution du Rapport :

« De manière générale, les membres du Bureau se sont félicités de la qualité globale du Rapport mondial sur l’information qui avait, lors de précédentes réunions du conseil et du bureau, suscité un certain scepticisme. Les délégués de la Pologne, de la France et du Brésil ont relevé que les trois parties du rapport étaient de qualité inégale et ont regretté que certains facteurs importants comme les services d’information industrielle en Amérique du Sud n’y soient pas mentionnés. Ils ont conseillé au Secrétariat de corriger ce manque d’homogénéité dans la prochaine édition du rapport, dont la publication était prévue pour 1999 au plus tard.

Le Président a souligné la nécessité d’employer les données statistiques disponibles dans divers autres rapports sur les infrastructures en matière d’information et leur utilisation et a insisté sur l’importance de la création d’une base de données qui servirait à élaborer la prochaine édition du rapport, afin de décrire avec exactitude et précision la situation de l’information dans le monde ».

Certes, il peut être utile d’évoquer parfois le contexte institutionnel ou politique de l’élaboration d’un document d’une organisation intergouvernementale. Il faut alors soit être complet soit, si ce n’est pas possible, choisir ce qui est le plus pertinent. On peut se demander pourquoi l’auteur du compte rendu, optant. pour une troisième voie, a pris le parti d’évoquer, à propos du contenu de l’ouvrage, une réunion qui s’est, tenue au moment de son élaboration, alors qu’il a passé sous silence celle qui s’est tenue après sa publication.

La question de fond de la qualité des données statistiques est discutée dans la Présentation générale, p. 17. L’Unesco doit statutairement recueillir les statistiques qui lui sont fournies par les sources officielles des États membres. Comme tout lecteur de l’Annuaire statistique de l’Unesco le sait, les données ainsi recueillies ne sont pas toutes d’égale valeur, et celles qui concernent le monde de l’information ne correspondent pas toujours à celles que l’on souhaite obtenir. L’éditeur a donc demandé aux auteurs de faire un effort particulier dans ce sens, et beaucoup parmi eux se sont efforcés de satisfaire cette exigence. Qu’il reste beaucoup à faire dans cette direction ne peut être mis en doute et l’éditeur ne peut que lancer un appel à tous ceux qui pourraient aider à remédier à cette situation pour les autres éditions du Rapport.

Enfin, M. Carro-Réhaut développe longuement l’idée que le projet éditorial du Rapport est flou. Celui-ci est décrit à la deuxième page de la préface dans les tennes suivants : « ...fournir des données systématiques sur les changements significatifs qui se produisent dans le domaine de l’information et mettre en relief les grands problèmes posés par les nouvelles technologies. Il pourra donc être lu avec profit par les hommes politiques, les décideurs, les professionnels de l’information et le grand public... », projet qui est à nouveau développé dans la Présentation générale, notamment page 11, puis page 16. Savoir si l’éditeur a atteint son objectif éditorial est une question légitime, mais ce n’est pas celle que pose M. Carro-Réhault en le qualifiant de « flou ».

En somme, on constatera qu’environ un tiers du compte rendu est consacré à la discussion du flou éditorial et un autre tiers aux commentaires du Conseil du PGI. Quant au troisième tiers, il se contente de reprendre la description du contenu qui figure dans la Préface et dans la Présentation générale.

Les lecteurs du BBF auraient peut être préféré une évaluation portant plus sur la substance du rapport que sur le contexte de son élaboration. Après tout, c’est le rôle des organisations internationales de fournir un lieu de débat et c’est celui du Secrétariat d’aboutir aux productions intellectuelles qui en sont l’aboutissement.

Le Rapport mondial sur l’information est en librairie depuis six mois et les Éditions Unesco sont heureuses d’annoncer que, depuis cette date, il s’en est vendu autant d’exemplaires en langue française que d’un autre rapport mondial de l’Unesco en vente depuis dix-huit mois. Les lecteurs du BBF ayant accès à Internet peuvent consulter gratuitement plus de la moitié des contributions du Rapport mondial sur l’information sur le site :

http://www.unesco.org/webworld!wirerpt/vers-web.htm

Ils pourront ainsi se faire leur propre opinion.