Les bibliothèques pour aveugles
Marie-Pierre Tallec
En dépit de la chaleur quasi tropicale qui régnait au Danemark, la section des bibliothèques pour aveugles de l’IFLA a réussi à travailler de manière intensive avant et pendant la conférence qui s’est tenue à Copenhague, à la fin de l’été dernier.
Les nouvelles technologies
C’est à Koge, au sud de Copenhague, que, du 26 au 29 août, s’est tenue une réunion d’experts, sur le thème « Technologies de l’information et services de bibliothèques pour les déficients visuels ». Plus de cent soixante personnes ont écouté des interventions qui ont porté sur des thèmes divers.
La nouvelle génération du livre parlé. Le DVD ou Digital Versatile Disc ouvre de nouvelles – et très attractives – perspectives au livre parlé par ses capacités de stockage (vingt heures de lecture à l’heure actuelle), d’archivage, un mode de lecture souple, très proche de celui qu’utilise le lecteur voyant, et la restitution du texte par une voix humaine, et non de synthèse comme pour les systèmes informatiques de lecture pour les aveugles. Le consortium Daisy, né au Japon, et regroupant divers pays membres de l’IFLA, propose ce système en test aux bibliothèques. Mais les problèmes de coût, tant en personnel qualifié qu’en matériel, les problèmes de standards de numérisation, le fait qu’il faille disposer d’un ordinateur et maîtriser Windows pour lire, laissent à la cassette sonore, support traditionnel dans le domaine, quelques beaux jours devant elle.
La numérisation, les bibliothèques virtuelles et Internet. Il faut rappeler que les aveugles peuvent accéder aux textes numérisés, en utilisant des écrans tactiles en braille ou des voix de synthèse. Quelques pays envisagent aujourd’hui la numérisation des fonds de leurs bibliothèques pour aveugles afin de les mettre à la disposition de leur public, dans les bibliothèques ou sur des réseaux. Le Danemark, les Pays-Bas, le Canada ont fait état de débuts de réalisations ou de projets à l’étude. Aux États-Unis, des OPAC sont maintenant à la disposition des aveugles. Des accès à Internet – devenu incontournable même dans ce monde-là – sont de plus en plus offerts aux lecteurs qui y trouvent textes intégraux et forums.
Le copyright. Dans certains pays, il est toujours aussi difficile – voire impossible – d’obtenir des éditeurs, même moyennant finances, les droits de l’ouvrage que l’on cherche à mettre sur support adapté pour les personnes empêchées de lire. Ce qui interdit, de fait, aux bibliothécaires de répondre aux demandes de leurs lecteurs et prive ces derniers de leur droit à la lecture. Ce problème a été mis au premier rang des travaux de la section pour les années à venir.
Réalisations internationales
Du 29 août au 5 septembre, à Copenhague, le travail a continué, en association avec la section des bibliothèques servant des publics défavorisés. Il a été question des publics sourds, âgés et, plus étonnant, dyslexiques. Un collègue d’Irlande du Nord a présenté un programme visant à une exploitation commune des ressources au Royaume-Uni. Le Danemark a fait état des gros efforts fournis par les bibliothèques depuis les années 60, le Canada a présenté l’accueil dans une bibliothèque publique et une collègue bulgare a fait un état des lieux dans son pays.
Au total, des interventions intéressantes, des présentations de l’existant qui ont redonné courage aux participants venus de pays moins avancés en la matière, même si, pour beaucoup, nombre de ces propositions tiennent encore du rêve.