Petits et grands maîtres du musée Atger
Cent dessins français des 17e et 18e siècles
La récente collection du Patrimoine des bibliothèques de France, comme une soixantaine d'années plus tôt celle des Trésors des bibliothèques de France, nous rappelle que les bibliothèques patrimoniales conservent bien plus que des imprimés et des manuscrits : monnaies et médailles, mobilier, instruments scientifiques, objets d'art de toutes natures sont venus au fil des siècles se joindre aux fonds traditionnels, au risque parfois d'y être un peu oubliés. Voici un ouvrage qui rassure opportunément, montrant que la bibliothèque interuniversitaire de Montpellier, qui gère le musée Atger, prend à coeur la mise en valeur de ce type de collections spécifiques.
Une anthologie
Il s'agit d'une anthologie de dessins français qui donne une idée significative du fonds, mêlant de façon judicieuse grands noms et maîtres oubliés. Le volume, de grand format, relève plus d'un album de photographies commentées (photographies en belle page, notice en regard) que d'une oeuvre à prétention scientifique bien que les citations de catalogues d'exposition ou d'ouvrages de référence attestent que Christiane Nicq, auteur de l'inventaire des milliers de dessins et d'estampes légués par Xavier Atger (1758-1833) à la Faculté de médecine de sa ville, tient soigneusement à jour leur bibliographie.
L'ouvrage à vrai dire semble hésiter entre deux conceptions. D'une part, il tente de relever du coffee table book, bel ouvrage à feuilleter : dans ce cas, on pourrait lui reprocher, parmi d'excellentes reproductions en noir ou en couleurs, quelques reproductions en couleurs de moindre qualité, ainsi que le choix peu heureux d'un caractère agréable au coup d'il mais fatigant à la lecture.
D'autre part, il revêt les attributs du catalogue savant : dates biographiques, cote, dimensions, techniques du dessin et annotations manuscrites ne sont pas oubliées. Mais des coquilles, des maladresses de présentation et des commentaires parfois hétéroclites, trop tributaires de la littérature disponible, empêchent d'y voir un travail scientifique tout à fait satisfaisant. On ne peut s'empêcher de songer qu'un éditeur commercial aurait su orienter l'ouvrage complètement vers le « beau livre », ou bien au contraire que l'accueil d'une collection spécialisée dans les travaux de recherche aurait pu en améliorer le contenu.
Chefs d'oeuvre et anonymes
Quoi qu'il en soit, une répartition agréable des dessins en cinq sections (« Corps et figures », « Théâtre de la vie », « Histoires profanes et sacrées », « Architectures, décors et paysages », « Inventaire de la nature ») permet à l'amateur comme au profane de voir des chefs-d'oeuvres de Bouchardon, Fragonard, Subleyras ou Puget, mais aussi de découvrir d'autres artistes parmi les cinquante représentés, sans compter quelques anonymes, dont plusieurs inédits. Saluons la biu de Montpellier d'avoir su, avec l'aide de quelques mécènes, couronner un travail de longue haleine par une publication qui donne la mesure de l'effort accompli.