Documentation et formation

par Martine Poulain
Spirales, revue de recherches en éducation n° 19, janvier 1997. Villeneuve d'Ascq : Université de Lille 3. 206 p. ; 24 cm. issn 0994-3722

Les tentatives d'analyse de l'offre documentaire dans l'école française sont suffisamment rares pour que place soit faite au numéro de Spirales consacré à un tel sujet. Qu'on nous comprenne bien : si le discours professionnel ou politique sur l'enjeu que représente l'apprentissage des usages des ressources documentaires par les élèves est fréquent, il est plus rare que soit adoptée une attitude scientifique, qui s'efforce de cerner les raisons et les modes de l'introduction de ces pratiques dans le système scolaire français.

Le singulier et l'universel

Odile Britan-Fournier analyse la genèse des CDI (centres de documentation et d'information), tentative encore trop peu détachée du discours de justification de son objet. Sylvie Duquesnoy rappelle les principales enquêtes et analyses du rôle et de la place de la lecture chez les enseignants - Jean Hassenforder y a joué, là comme du côté des élèves, un rôle fondateur.

Christiane Étevé se livre au passage à une « auto-analyse » documentaire, et rappelle quelques enquêtes sur les relations du monde enseignant à la documentation. Elle souligne l'importance qu'il y a à prendre en compte dans une telle analyse une multiplicité de paramètres : pour les enseignants, « l'importance des valeurs liées au métier et à la discipline, le rôle des situations pédagogiques rencontrées (...), les projets personnels ou collectifs » ; pour les élèves, « le CDI peut être l'occasion d'une rencontre entre la singularité d'une histoire personnelle et l'universalité de la culture ».

Séraphin Alava rappelle que « vouloir étudier les pratiques documentaires des enseignants, ce n'est pas simplement vouloir repérer une pratique culturelle ou professionnelle, aujourd'hui tombée en désuétude, c'est se poser la question principale du renouvellement des connaissances professionnelles de l'enseignant. C'est vouloir replacer au sein du processus de transposition didactique, les pratiques documentaires de l'enseignant ». Tant il est vrai que « se professionnaliser nécessite la mise en place d'un processus complexe d'information et de communication ». Plusieurs enquêtes semblent montrer le rejet par les enseignants des ouvrages pédagogiques et leur focalisation sur les informations disciplinaires. Là comme ailleurs, « la sur-information aboutit à la sous-information des acteurs ».

L'écrit entre imprimé et électronique

On trouvera encore dans ce dossier les résultats à plusieurs voix d'une enquête sur les lectures d'étudiants en IUFM (instituts universitaires de formation des maîtres), parfois étudiants-documentalistes, qui ne semblent pas mieux armés que les autres pour affronter leur futur univers professionnel. Annette Béguin met l'accent sur la place du projet documentaire dans un « projet de vie ».

Enfin, Katell Briatte fait un point utile, mais déjà proposé par d'autres, sur l'état de la littérature, majoritairement américaine, cherchant à discerner les effets de l'écrit électronique et de l'hypertexte.

Les auteurs ayant contribué à ce numéro de la revue Spirales, majoritairement issus de l'université de Lille 3, se sont efforcés de construire un regard scientifique sur les pratiques documentaires. L'ensemble reste encore à peaufiner et à approfondir. Quant aux textes, ils auraient mérité une relecture plus sérieuse. On y trouve un nombre de coquilles peu pardonnable à une revue publiée par des enseignants de français...