Books and Archives
Interim Report 1992-1995 (Information Update Summer 1996)
Cet ouvrage, publié par le secrétariat du Comité culturel du Conseil de l'Europe, détaille l'ensemble des activités menées au sein de ses diverses instances, à la suite d'une conférence de ministres européens responsables des affaires culturelles en octobre 1992 1.
Cette conférence avait adopté treize recommandations relatives au développement du livre, de la lecture et de la traduction, qu'elle souhaitait voir mises en uvre dans le cadre d'un projet « Livres » mis en place à la fin de cette année-là.
En 1993, toujours sur l'impulsion du secrétariat du Comité culturel, des mesures à destination des archives enrichissaient le programme initial qui devenait « Livres et archives ». Le rapport lui-même représente la moitié de l'ouvrage ; il est suivi d'annexes détaillées récapitulant les réunions et manifestations organisées par le Conseil de l'Europe, leurs programmes et objectifs, leurs conclusions et les listes des participants.
Un programme dense et original
Le Conseil de l'Europe, principal lieu de la coopération culturelle entre les pays de l'Union européenne et les pays de l'Europe centrale et orientale, a développé depuis 1992 des activités concernant toute la chaîne du livre, dans un environnement interprofessionnel.
Le secteur du livre et de la lecture s'étant révélé sinistré dans la plupart des pays d'Europe centrale et orientale, quoique de manière inégale, les objectifs premiers étaient donc de permettre un rétablissement de l'activité dans un cadre législatif et économique approprié. L'approche globale choisie a permis de reconsidérer les modèles existants des politiques du livre et de tenter de proposer un modèle intégré de développement aux pays de l'ex-Europe de l'Est. Le terme d'intégration recouvre l'aspect de coopération interprofessionnelle entre les acteurs de la chaîne du livre et celui des interactions entre secteur du livre et autres secteurs de l'économie.
Le premier objectif de « Livres et archives » a donc été de constituer un réseau d'experts, chargés d'analyser la situation dans chacun des pays membres du Conseil ; les résultats de ces analyses ont formé le socle du programme. Un complément d'information a ensuite été réalisé lors d'un séminaire rassemblant les représentants des gouvernements européens en charge du secteur du livre 2.
Pour confronter ces résultats, en mesurer les limites et les possibilités, la troisième étape a vu la constitution d'un large réseau de professionnels, éditeurs, traducteurs, libraires, bibliothécaires, archivistes, qui se sont rencontrés dans des ateliers.
Les conclusions de ces diverses réunions figurent dans la deuxième partie du rapport 1992-1995. La qualité des interventions, le nombre des participants, les recommandations attestent d'une grande demande de la part des pays d'Europe centrale et orientale. L'accès au livre et aux archives y apparaît comme le moyen privilégié d'assurer la transition politique et économique vers la démocratie. Elles attestent malheureusement aussi de la grande pauvreté de ces pays et des graves difficultés qui demeurent pour mobiliser les moyens nécessaires à la reconstruction d'un secteur du livre en mesure de participer pleinement au développement culturel économique et politique.
C'est en mesurant le grave déséquilibre entre les besoins constatés et les possibilités de les satisfaire qu'est apparue la nécessité de mettre en uvre un processus de coopération effective entre les pays membres du Conseil dans le domaine du livre et de la lecture. Cette troisième phase, commencée en février 1995, a consisté à élaborer un mode de travail commun à tous les acteurs de la chaîne du livre.
Travailler ensemble au développement
Le premier souci des opérateurs de « Livres et archives », conforme à l'esprit qui préside aux travaux du Conseil de l'Europe, a été d'instaurer un mode de fonctionnement où chaque profession du livre s'engage à travailler dans un cadre interprofessionnel. Cela semblera sans doute « évident » au lecteur, mais représente en fait une exigence, qui, dans certains pays membres, ne recouvrait (et ne recouvre encore) aucune réalité, tandis qu'elle est systématiquement remplie dans d'autres (particulièrement dans les pays de l'Europe du Nord). L'on pourra constater, par la lecture des listes des participants aux différents séminaires, que cet objectif a été rempli de manière assez satisfaisante.
La mise en place d'actions de coopération répondait également, et avant tout, au besoin de faire comprendre aux participants qu'elles permettraient d'importantes économies d'échelle, qu'appellent de leurs voeux les pays d'Europe centrale et orientale.
La troisième raison invoquée pour ce travail interprofessionnel s'illustrait dans la nécessité pour le secteur du livre d'envisager son développement dans un environnement technologique en mutation complète, où les frontières traditionnelles entre chacun des acteurs de la chaîne deviennent de plus en plus immatérielles et où les marchés spécialisés peuvent être satisfaits par des éditeurs ne disposant pas de matériels trop coûteux et d'infrastructures importantes.
Cette prise de conscience des changements s'est opérée lors du séminaire des 20 et 21 février 1995, tenu à Strasbourg, sur le thème de la coopération au sein de la chaîne du livre, lorsqu'ont été mises en avant certaines pistes possibles de coopération, permettant la fabrication d'outils communs de travail. Ces trois pistes de travail ont chacune fait l'objet d'un atelier rassemblant les éditeurs, les traducteurs et les bibliothécaires sur les thèmes suivants : les catalogues des livres disponibles et les bibliographies nationales, un plan d'action d'aide à la traduction, et une action concernant les dictionnaires bilingues, dont les conclusions sont rappelées dans le rapport, et dont les actes ont été publiés en 1996.
Le rapport détaille les autres réunions et séminaires qui se sont succédé, souvent à l'occasion des foires internationales du livre, ou des réunions internationales sur les archives, donnant lieu à la publication d'outils de référence et de formation pour les professionnels.
Une stratégie plus ambitieuse
Un court chapitre est consacré à la coopération du Conseil de l'Europe avec les autres organisations internationales, gouvernementales ou non gouvernementales, telles que l'Unesco, l'Union européenne, le Conseil nordique pour l'information NORDINFO, la Fondation européenne pour la culture, la Fédération des éditeurs européens (FEP), etc.
La fin du rapport est consacrée au futur envisagé pour « Livres et archives ». Il retrace un débat interne au Conseil sur la stratégie à adopter dans les prochaines années : approfondir et disséminer les résultats engrangés dans la période 1992/1995, ou développer une stratégie plus ambitieuse consistant à lancer de nouvelles initiatives dans le secteur du livre et des archives. C'est bien entendu la deuxième solution qui est privilégiée, et le plan de travail des années 1996/1999 est présenté au lecteur. Il prévoit de nouvelles conférences sur le thème de la législation du secteur du livre, sur la démocratisation de l'accès aux archives, il annonce des études de faisabilité dans le domaine des catalogues et des systèmes d'information sur le livre, et des séances d'information en direction des professionnels.
Un Conseil dynamique
La présentation des activités passées et futures confirme le dynamisme du Conseil de l'Europe dans le secteur livre. On aura remarqué que ce rapport ne contient pas de section sur le budget et les finances allouées à ses activités. Cette absence illustre sans doute le fait qu'il est totalement dépendant d'autres instances internationales pour leur mise en oeuvre. On sait que le Conseil bénéficie du soutien actif de la fondation Soros et de quelques subsides ponctuels d'associations ou de gouvernements. On devine qu'un partenaire « naturel », l'Union européenne, doit être sollicité, sans savoir si elle répond volontiers à cette sollicitation.
Si cela ne diminue en rien l'importance du travail nécessaire mené en son sein, il n'en reste pas moins que l'absence chronique de vrais moyens financiers propres à la réalisation des objectifs de « Livres et archives » ne permet pas d'instaurer cet esprit de coopération culturelle, économique et politique nécessaire au soutien actif des initiatives menées dans les pays de l'Europe centrale et orientale dans le domaine du livre et de la lecture.
Il faut pour cela que d'une part les réseaux de professionnels mis en place par le Conseil de l'Europe agissent comme les relais de ce programme auprès de leurs organisations et de leur gouvernement. Il faudrait d'autre part que soit enfin perceptible par tous le partage des tâches entre Union européenne et Conseil de l'Europe. Esquiver ce problème dans le rapport 1992/1995 ne permettra sans doute pas que tous les partenaires potentiels se sentent suffisamment mobilisés.