La plus grande bibliothèque de sport du monde

Gernot U. Gabel

Le 9 janvier 1997, Anke Brunn, ministre de la Recherche et de l’Enseignement supérieur de Rhénanie-Westphalie, a officiellement inauguré le nouveau bâtiment de la bibliothèque centrale de sport (Zentralbibliothek der Sportwissenschaften). La construction de cet édifice, qui s’élève au centre du campus de l’Institut supérieur du sport (Deutsche Sporthochschule), dans une banlieue boisée de Cologne, aura duré moins de deux ans, pour un coût global (financé conjointement par l’État fédéral et le Land) inférieur à quinze millions de marks.

Une peau de chagrin

Lors de la refonte du réseau des bibliothèques allemandes entreprise à la fin de la Seconde Guerre mondiale, les collections d’ouvrages de l’Institut national du sport, jusque-là conservées à Leipzig furent pour partie déménagées à Cologne. Ouverte en 1947, la bibliothèque de littérature sportive de Cologne, était alors hébergée dans des locaux peu adéquats.

En 1963, l’installation des bureaux de l’administration centrale de l’Institut dans le même immeuble obligea à la regrouper sur deux étages. L’espace, déjà mal adapté à une bibliothèque, s’avéra vite trop étroit pour une population étudiante toujours plus importante. De l’avis général, les quarante places de la salle de lecture et les catalogues cantonnés dans un couloir ne devaient être qu’un pis-aller temporaire. Pendant longtemps, les restrictions budgétaires allaient cependant imposer de repousser d’année en année le projet de construction d’un nouveau bâtiment.

Lorsque, en 1977, l’Association nationale de la recherche (Deutsche Forschungsgemeinschaft, ou dfg) confia les collections nationales de documents sur le sport à la bibliothèque, le nombre annuel des acquisitions grimpa en flèche, mais sans que l’espace disponible s’élargisse en conséquence. Aussi fallut-il très vite se résigner à ranger livres et revues d’abord dans les sous-sols, puis dans les penderies, les vestiaires, les placards encore inoccupés. Il en résulta un tel encombrement, qu’à plusieurs reprises, les organismes responsables du respect des mesures anti-incendie menacèrent la bibliothèque de fermeture partielle.

Un nouvel édifice

En 1986, le ministre de tutelle accepta enfin de débloquer le financement nécessaire à l’édification de nouveaux locaux. Le premier projet retenu prévoyait 4 400 m2 de surface utilisable, chiffre ramené à 3 000 m2 au terme de négociations serrées. Puis on choisit le site – un terrain malheureusement tout en longueur – et en 1994 le chantier put enfin démarrer. Haute de cinq étages, la bibliothèque s’élève sur le campus selon un axe nord-sud. Une passerelle piétonnière également aménagée pour l’accès des personnes handicapées la relie à l’Institut national de recherche sur le sport. Beaucoup plus long que large (79 m x 16 m), recouvert d’une toiture métallique en pans inclinés, l’édifice comprend trois puits de lumière protégés par une structure de verre qui laissent le jour pénétrer largement à l’intérieur. Côté ouest, une rangée d’arbres fournira de l’ombre en été. Les 3 000 m2 de surface utilisable sont assez spacieux pour accueillir les catalogues, les zones de lecture, les consoles pour la consultation des cd-rom et des microfiches, les réserves.

Cette bibliothèque spécialisée subventionnée par la DGG rassemble tout ce qui se publie sur le sport dans le monde entier. Elle souscrit des abonnements à de nombreux magazines, y compris ceux consacrés à une activité sportive particulière – parapente, plongée sous-marine... –, quels que soient la langue et le pays dans lesquels ils sont édités. Ses fonds englobent également les publications gouvernementales et la littérature grise – actes de colloques, rapports et thèses.

La bibliothèque répond sur place aux besoins documentaires d’une population substantielle (7 000 étudiants), et reçoit de plus en plus de demandes émanant d’un public tant national qu’international. Afin d’étendre ses services et de rendre la consultation à distance possible, le ministère a accepté de financer le coût d’installation d’un catalogue en ligne. En revanche le projet du directeur, Karl-Heinz Lemke, d’élargir les horaires d’ouverture en semaine risque d’être plus difficile à réaliser étant donné les réticences des autorités du Land à créer des postes supplémentaires.