Les jeunes et la lecture
les motivations d'achat de livres entre 14 et 18 ans
Isabelle Masse
Au mois de février dernier, l’Institut de sondage dem a effectué pour Livres Hebdo un sondage sur les motivations d’achat de livres des jeunes âgés de 14 à 18 ans. Le 6 mars, à la Maison de l’Amérique latine, Fabrice Piault, de Livres Hebdo, et Pierre Burgault, de l’Institut dem, présentaient les résultats d’un questionnaire soumis à un échantillon représentatif de 800 adolescents 1.
Ils lisent des livres
80 % de ces jeunes déclarent avoir lu des livres – plus de quatre en moyenne – au cours des six derniers mois, livres que, pour la moitié d’entre eux, ils ont achetés eux-mêmes. Parmi les autres sources d’approvisionnement, figurent l’emprunt en bibliothèque, les livres présents au foyer, les prêts des amis, les cadeaux. L’emprunt, plus courant chez les filles que chez les garçons, plus fréquent chez les 17-18 ans, est très important : trois quarts des jeunes fréquentent une bibliothèque ou un centre de documentation et d’information au moins une fois par semaine.
Les livres le plus souvent acquis et lus au cours des douze derniers mois sont les bandes dessinées, à la première place dans les habitudes de lecture, surtout chez les garçons. Les romans d’amour ou d’aventure arrivent en seconde position, juste devant les livres de littérature classique, ces deux genres étant plus fréquemment cités par les filles. La science-fiction, les romans fantastiques, policiers ou d’espionnage n’appartiennent que pour une minorité à la catégorie des livres lus souvent. La majorité ne lit jamais de livres d’actualité, de société, de récits historiques, ou de livres techniques ou spécialisés. Le nombre moyen de livres possédés par un jeune entre 14 et 18 ans se situerait à 53, par une famille à 150 environ. La moitié des jeunes âgés de 14 à 18 ans pensent qu’ils lisent plus que lorsqu’ils étaient plus jeunes (11-13 ans), impression davantage exprimée par les lycéens de 17-18 ans.
L’essentiel est pour eux d’écouter de la musique, d’aller au cinéma, ou en boîte (huit sur dix en ont l’autorisation, au moins une fois par semaine). Ils aiment aussi faire du sport, regarder la télévision – qui n’est toutefois citée que par la moitié d’entre eux comme une activité qui plaît beaucoup –, lire des magazines, se promener dans la nature...
Un quart d’entre eux ont la possibilité d’accéder à un ordinateur, donc à un cd-rom. L’équipement en magnétoscopes est très élevé. Écouter la radio occupe une place importante : les 800 interviewés citent spontanément cinquante stations différentes (en tête, nrj, Fun Radio, et Skyrock). « Bouillon de culture » est l’émission de télévision sur les livres la plus connue.
La lecture des magazines est en général préférée à celle des livres : plus de deux cents titres sont cités, dont vingt sont lus habituellement par les deux tiers. Dans la moitié des cas, ce sont des titres spécialisés dans les domaines technique, artistique, et sportif.
Motivations d’achat
Le cd-audio arrive en tête pour les dépenses : environ 400 F par an ; pour les achats de livres, le montant moyen se situe à environ 215 F, dont 65 F pour les bandes dessinées. Dans un cas sur deux, les jeunes payent avec leur argent personnel les livres qu’ils achètent. Mais ils refusent d’aller au-delà d’un certain prix : 30 % acceptent de payer jusqu’à 140 F maximum ; 50 % jusqu’à 110 F ; 60 % jusqu’à 80 F. Mais ils se disent prêts à consacrer une place importante de leurs achats au livre par rapport aux autres occasions de dépenses. La limite supérieure du prix peut être plus élevée chez les catégories socioprofessionnelles les plus aisées, les plus âgés, les élèves des lycées, et les filles.
Les parents sont presque toujours d’accord pour financer l’achat d’un livre, alors que plus des trois quarts des interviewés affirment avoir plus de difficultés pour l’achat de vêtements, de chaussures, ou d’un cd. Ils estiment dans leur très grande majorité disposer d’une large autonomie dans le choix des livres. L’influence de leurs amis et de leurs professeurs, voire des médias, est nettement plus importante que la prescription éventuelle des parents. Vitrines ou rayons des points de vente – essentiellement les librairies ou les grands magasins spécialisés – ont un impact élevé sur eux.
Un trait commun à deux tiers de ces jeunes est l’hésitation avant d’acheter un livre, par crainte d’être déçu, ou absence de goût du risque. Ils aimeraient être rassurés, sécurisés, avant de décider d’acheter, c’est-à-dire avoir la possibilité de feuilleter, de disposer d’éléments précis et détaillés (résumé du contenu, commentaires, renseignements sur l’auteur, etc.). 40 % achèteraient davantage si des professionnels les conseillaient plus.