Les usagers de la médiathèque de la Loire
enquête réalisée en janvier 1995 auprès d'un échantillon de 453 personnes
Françoise Gaudet
Claudine Lieber
Six personnes de la médiathèque départementale de la Loire ont suivi en 1995 une « formation-action » à l'évaluation, et réalisé une enquête téléphonique auprès des usagers de leur réseau, dont cette publication donne les résultats. L'échantillon interrogé a été construit méthodiquement : la BDP a préparé une liste représentative de lieux de prêt (bibliothèques municipales, relais, dépôts, annexes) ; chacun de ces lieux a donné des adresses d'usagers ; des étudiants d'une école de commerce et des lycéens ont posé les questions.
Les documents
Les résultats donnent une idée très générale des usagers du réseau qui ne semblent pas différents de ceux de l'ensemble des bibliothèques de lecture publique. Parmi les actifs, les professions intermédiaires sont massivement représentées (53,2 % des lecteurs). Les questions détaillées par type de documents (livres, documents sonores, vidéo) et par type de lieu de prêt permettent quelques constatations.
Les emprunteurs de documents sonores se différencient nettement des emprunteurs de livres ou de vidéocassettes. Ils sont souvent plus jeunes, plus masculins, étudiants, célibataires, et habitent en dehors de la commune. Ce public juge plus sévèrement, mais est aussi plus porté à amener d'autres personnes à la bibliothèque.
Le public de la vidéo, au contraire, paraît être un sous-ensemble du public des livres, le spectacle de la vidéo étant une pratique avant tout familiale. Ce public est plus aisé, plus souvent marié, plus souvent constitué de femmes au foyer. Les personnes qui vont à la bibliothèque empruntent un peu plus souvent pour d'autres personnes, et ces « autres personnes » sont neuf fois sur dix des enfants.
Les lieux de prêt
Le détail par type de lieux de prêt met en évidence certains paradoxes de l'évaluation, et montre assez peu de variations dans les jugements et attitudes des lecteurs les lecteurs des dépôts sont un peu plus âgés et plus souvent retraités. Les jugements sur les lieux de prêt, les locaux, le choix de documents, la compétence des bibliothécaires, sont très positifs, et varient peu d'un type de dépôt à l'autre. Même les délais d'arrivée des réservations (souvent très longs) sont peu critiqués.
En ce qui concerne les horaires, plus la bibliothèque est grande, bien fournie, et a des horaires importants, plus le public est mécontent ! Les horaires des dépôts conviennent à 90 % de leurs lecteurs, ceux des annexes de la bdp à 41 %... Ce paradoxe s'explique : chaque lieu de prêt sélectionne son public. Les mécontents ne viennent pas. Plus la bibliothèque est grande, plus elle recrute, au-delà des familiers du livre, des lecteurs plus critiques. C'est bien l'offre qui crée le public. Un classement des bibliothèques d'après les opinions de leurs lecteurs serait donc, très probablement, complètement faux...
Certains résultats ne sont pas très parlants. On aimerait avoir plus de renseignements sur le réseau de la médiathèque départementale de la Loire, pour voir à quelles offres de service correspondent certains jugements des lecteurs. Telle qu'elle est, cette étude méthodique donne beaucoup de pistes de recherche, et a l'originalité de constituer un test comparatif entre différents lieux de prêt.