Librarianship and Information Work Worldwide 1995

par Claudine Liéber
General ed. Maurice B. Line ; ed. Graham MacKenzie, John Feather. London : Bowker Saur, 1996. - XVI-368 p. ; 24 cm. isbn 1-85739-112-8. £35

Comme chaque année depuis 1991, cette bibliographie commentée nous entraîne dans un extraordinaire voyage autour du monde des bibliothèques et de l'information. On trouve là une considérable, pour ne pas dire redoutable, mine de renseignements.

Combien de bibliothèques ont été détruites par le dernier tremblement de terre dans la ville et le comté de Los Angeles ? Quels types de bibliothèques spécialisées recèle la Malaisie ? Quel est le taux d'autofinancement du British Library Document Supply Centre ? Vous découvrirez les réponses - et quantité d'autres informations - dans ce livre organisé autour de douze chapitres et d'un épilogue.

La structure de l'ouvrage n'est pas entièrement fixe : certains sujets de fond, comme les bibliothèques publiques, les bibliothèques « académiques », le management, ou l'état de l'art sur l'avancement et l'influence des nouvelles technologies de la communication et de l'information, sont « couverts » pratiquement chaque année. D'autres, pourtant classiques, ne reviennent pas avec une périodicité assurée, et l'on est parfois un peu déçu de ne pas les trouver à ce rendez-vous annuel. C'est le cas des bibliothèques nationales, traitées en 1993 et 1994, qui ne figurent pas au programme 1995. Enfin, des chapitres différents apparaissent à chaque édition, pour permettre au volume de renouveler son contenu.

Cette année, le livre est copieux : un chapitre de plus et cent pages supplémentaires. Un coup de projecteur est donné sur les bibliothèques parlementaires, les bibliothèques de l'Europe de l'Ouest, le monde des bibliothèques et de l'information en Europe centrale et de l'Est, ainsi qu'en Asie du Sud-Est. La revue bibliographique fouille alors les deux ou trois années précédentes (parfois bien davantage) et donne au sujet traité une perspective historique et la trame de son évolution. Comme l'indique Maurice B. Line, responsable général, l'objectif d'une couverture internationale et exhaustive est très ambitieux, et ne peut être raisonnablement atteint que sur une période éditoriale de cinq à six ans.

Un excellent outil

L'inconvénient est d'introduire un certain morcellement des sujets. Ainsi, dans ce volume, l'information sur les différents types de bibliothèques se trouve inégalement répartie entre les chapitres thématiques et géographiques. A titre d'exemple, les bibliothèques publiques françaises sont traitées dans le chapitre consacré à l'Europe de l'Ouest, et pas du tout dans le thème « bibliothèques publiques ». Mais ce désavantage est facilement corrigé par la présence d'index. De manière générale, l'utilisation du livre est très aisée, avec les références des articles clairement indiquées à la suite de chaque chapitre.

Plus ennuyeux, car difficile à éviter dans une bibliographie annuelle, est le retard pris sur l'actualité. Le monde bibliothéconomique change vite, dans ses aspects technologiques, cela va de soi, mais aussi dans sa chronique quotidienne. Le lecteur prudent devra donc prendre en compte l'âge de l'information répertoriée, surtout dans les chapitres qui balayent plusieurs années de bibliographie. D'autre part, la tendance à asseoir un exposé général sur des articles ou des ouvrages spécialisés et inclus dans une période donnée, engendre parfois des assertions un peu hâtives ou incomplètes, par exemple sur les pôles associés, les actions coopératives pour la conservation, ou la décentralisation, dont les bibliothèques départementales de prêt sont absentes.

Malgré ces quelques défauts, cet ouvrage est un excellent outil d'information et d'analyse. Il permet d'avoir accès aux comptes rendus des discussions et interventions dans les rencontres internationales, auxquelles beaucoup de bibliothécaires ne peuvent assister - conférences générales ou satellites de l'IFLA, programmes européens, congrès. Il fournit également de bons résumés en anglais d'articles très divers, qui resteraient pour la plupart inaccessibles, soit parce que publiés dans des revues qu'il n'est pas aisé de se procurer, soit parce qu'écrits dans des langues difficiles. Et surtout, il sensibilise l'esprit aux interrogations qui agitent le monde des bibliothèques, comme la question du meilleur accès aux collections, qui oppose les partisans du stockage sur place just in case et ceux de l'accès à distance just in time. Au total, c'est un livre qui ouvre l'horizon professionnel.