Le jumelage de bibliothèques
Une nouvelle initiative de l'IFLA
Sara Gould
Grâce aux généreuses subventions du programme Unesco PGI (Programme général d’information), l’IFLA (International Association of Library Associations and Institutions) a entrepris d’élaborer une base de données internationale destinée à servir de point de convergence entre les bibliothèques intéressées par des accords de jumelage.
Ce système fonctionnera un peu sur le principe d’une agence matrimoniale : les bibliothèques enverront un descriptif sommaire de leur organisation, accompagné de quelques mots sur les bénéfices qu’elles-mêmes et leurs partenaires éventuels seraient susceptibles de retirer de ce type d’association. La constitution de cette base de données vise à coupler les bibliothèques afin de leur permettre de satisfaire le mieux possible leurs besoins.
Les accords de jumelage entre bibliothèques peuvent prendre bien des formes, ce dont tiendra compte la base de données. Le jumelage y est notamment défini comme « un rapport suivi entre deux bibliothèques de pays différents en vue d’améliorer les échanges entre bibliothèques au-delà des frontières nationales. Il serait souhaitable que les bibliothèques tirent de ce rapport des bénéfices mutuels, mais pas nécessairement équivalents. Chacune des parties engagées dans le jumelage devrait pouvoir reconnaître sans difficulté les bénéfices qui en découlent pour son établissement » 1.
Si le jumelage est généralement considéré comme une association entre bibliothèques des pays développés et bibliothèques des pays en développement, rien n’oblige à en limiter ainsi la portée. L’important est que les établissements qui s’y destinent aient quelque chose à proposer à leur éventuel partenaire et qu’ils tirent également profit de cette association. Ce type de partenariat peut être établi en fonction de plusieurs secteurs d’activité professionnels, notamment : – l’échange d’informations sur les bibliothèques en général ; – l’amélioration des possibilités d’accéder aux données bibliographiques publiées ; – l’échange d’informations en matière de gestion et de développement technologique et professionnel ; – les échanges de personnel ; – les échanges de matériel ; – l’instauration d’un prêt entre bibliothèques et de services de remise des documents ; – la formation professionnelle et l’évolution des besoins en personnel.
Le programme UAP (Accès universel aux publications), qui sera chargé de constituer la base de données de jumelage de l’IFLA, assurera dans un premier temps sa mise à jour. Les établissements postulants ne pourront pas consulter librement les notices adressées par les bibliothèques désireuses de s’engager dans ce type de partenariat. Ils devront envoyer leur descriptif au bureau, qui s’efforcera ensuite de trouver le partenaire qui leur convient.
Les postulants seront ainsi mis en rapport en fonction d’un certain nombre de critères d’importance variable selon les cas. Parmi les éléments pouvant entrer en ligne de compte dans cette recherche de partenaires assortis, il faut citer la taille de la bibliothèque, le public auquel elle s’adresse, le domaine ou le département intéressés, la localisation géographique de l’établissement, sa principale langue de communication, les moyens de communication envisagés (poste, courrier électronique, etc.), les bénéfices attendus du jumelage, les secteurs d’activité professionnelle mentionnés, les bénéfices à attendre par le partenaire éventuel 2.
Une fois que le bureau de l’UAP aura identifié deux candidats susceptibles de s’associer et qu’il les aura mis en contact, la définition des accords de jumelage incombera entièrement aux bibliothèques concernées. Ce nouveau service vise uniquement à identifier les partenaires potentiels. Il n’entre pas dans les attributions de l’IFLA d’organiser des rencontres entre eux ni de préciser dans les moindres détails leurs accords. La Fédération mettra toutefois une documentation à disposition des bibliothèques intéressées, qui peuvent d’ores et déjà se procurer un excellent guide pratique sur les accords de jumelage 3. Le succès des accords conclus reposant avant tout sur l’engagement et les efforts des deux parties, la décision de constituer une association de jumelage ne doit pas être prise à la légère. Si le bureau UAP de l’IFLA va s’efforcer dans toute la mesure du possible, de mettre en contact des établissements dont les besoins se correspondent, toute la responsabilité du succès reposera sur les candidats eux-mêmes.
Plusieurs organismes ont déjà effectué un excellent travail dans ce domaine, mais, jusqu’à présent, il manquait un service central auquel les bibliothèques quelles qu’elles soient puissent s’adresser pour trouver des partenaires. Ainsi l’UNAL (Unesco Network for Associated Libraries), l’INASP (International Network for the Availability of Scientific Publications) et l’Association des bibliothèques du Royaume-Uni représentent-ils trois des organismes que l’IFLA va étroitement associer à cette initiative. L’Association des bibliothèques du Royaume-Uni attache d’ailleurs tellement d’importance au jumelage des bibliothèques qu’elle a débloqué des crédits supplémentaires pour soutenir ce projet.