La bibliothèque départementale des Côtes-d'Armor
Bernard Plouzennec
La BDP des Côtes-d'Armor a été créée en 1982 sur un terrain situé à l'entrée d'une zone d'aménagement concerté. Les architectes ont su tirer partie des données topographiques particulières, la forme extérieure de la construction a l'allure d'un navire en partance, les espaces intérieurs sont clairs et lumineux. Avantages et inconvénients de l'organisation interne, mais aussi possibilités d'extension dans l'avenir, sont évoqués dans cet article.
The departmental lending library in the Côtes-d'Armor has been created in 1982. The author underlines the fact that the architects knew how to use the particular topographic data and describes the outer shape of a building which looks like an outward bound ship, and the clear and luminous interior spaces. The advantages and drawbacks of the interior organization, but also the possibilities of extension in the future are mentioned.
Die BDP Côtes-d'Armor wurde 1982 auf einem Gelände gegründet, das neben dem Eingang eines Gebiets für konzertierte Raumplanung lag. Der Verfasser besteht darauf, daß die Architekten Nutzen aus der besonderen Topographie ziehen wußten; er beschreibt die äußere Gestaltung des Gebäudes, die ein startbereites Schiff erwähnt, und dessen helle und leuchtende Innenräume. Die Vor- und Nachteile der innerlichen Anordnung werden noch ausgelegt sowie die Vergrößerungsmöglichkeiten, da sich die Bibliothek in der Zukunft entwickeln soll.
Créée en 1982, la bibliothèque départementale des Côtes-d’Armor, à l’époque bibliothèque centrale de prêt (BCP) des Côtes-du-Nord, a été inaugurée par Jack Lang, ministre de la Culture et de la Communication, le 16 décembre 1988.
Œuvre de Jean-François Briand et Jean-Louis Cardin, sa construction a été entreprise dans le cadre du programme exemplaire pour les constructions publiques, auquel tous les grands ministères étaient associés, afin de donner, sous le patronage de la Mission interministérielle pour la qualité des constructions publiques, un nouvel élan à la création architecturale publique.
Le terrain, cédé par le département, situé à l’entrée d’une zone d’aménagement concerté (ZAC) en cours d’urbanisation, comportait des données incontournables : forme triangulaire, forte déclivité, recul de cinq mètres sur l’avenue, surplomb d’une ligne à haute tension imposant une hauteur maximale de quatre mètres.
Les architectes ont intelligemment utilisé les données topographiques en les accentuant : ils ont conçu un ouvrage s’organisant autour de deux axes orthogonaux. L’un offre une grande unité due à la présence d’horizontales continues qui se terminent par le volume courbe de la salle polyvalente, face au carrefour. L’autre, perpendiculaire, abrite le garage des bibliobus, dont l’entrée donne sur une cour de service : elle est en partie masquée depuis l’avenue.
Un navire en partance
Les architectes se sont également servis de la charge affective de l’adresse « Avenue du Chalutier le Forban », du nom d’un bateau disparu corps et bien dans la baie de Saint-Brieuc au cours d’une tempête, pour donner au bâtiment l’allure d’un navire en partance, évoquant la fonction propre d’une bibliothèque départementale de prêt : diffuser à travers le département, les biens culturels que sont les livres, les cassettes, les CD, les vidéogrammes et les expositions itinérantes.
Ils ont aligné sur l’avenue une longue coque, où l’arrondi de la salle polyvalente figure la proue, l’escalier du logement de service faisant fonction de cheminée, l’accès des piétons en caillebotis figurant l’échelle de coupée, les véhicules entrant et sortant par la poupe.
L’espace intérieur joue franchement sur l’effet de coursive, privilégiant la recherche de la luminosité et de la clarté. Une galerie centrale vitrée traverse les lieux et conduit du hall d’entrée au garage. La lumière naturelle pénètre par le haut, éclairant, en second jour, la salle informatique. Les bureaux des bibliothécaires se succèdent en enfilade et donnent tous sur une terrasse-passerelle ouverte sur un paysage resté rural.
Le garage est éclairé par une immense baie vitrée. La salle polyvalente est entièrement fermée côté carrefour, mais s’ouvre par de larges baies vitrées, côté jardin, sur une pelouse limitée par un talus bocager.
Cette construction, blanche et lisse, marque fortement l’entrée de la zone pavillonnaire de Plérin, proche du centre de Saint-Brieuc, à proximité des grands axes routiers desservant l’ensemble du département.
L’usage
Huit ans plus tard, la satisfaction l’emporte toujours. La clarté et la luminosité venant de la verrière et des baies vitrées dégagent une atmosphère de calme et de sérénité qui surprend les visiteurs et favorise le travail du personnel, qui dispose de vastes bureaux.
Cependant, tout n’est pas parfait. Les architectes n’ont pas voulu revenir sur des choix dont les inconvénients leur avaient été signalés à la remise des plans. Le secrétariat n’ouvre pas directement sur le hall d’entrée : une courbe tendue en dissimule l’accès et désoriente les visiteurs.
On n’accède pas non plus directement du magasin au garage : il faut traverser la salle d’équipement et de réparation des livres qui, prévue pour former un espace de 100 m2, a dû être cloisonnée pour aménager un couloir permettant le passage des chariots à livres. La salle polyvalente, en quart de rond, est très sonore : il est difficile d’y travailler en petits groupes. L’abondance de baies vitrées, dont l’étanchéité n’est pas toujours parfaite, entraîne des déperditions de chaleur.
L’avenir
Une bibliothèque n’est jamais figée. Les modes de desserte évoluent. Le garage est déjà trop petit. Aux trois bibliobus, sont venus s’ajouter des véhicules de service, un vidéomusibus, une camionnette pour le transport des expositions itinérantes. Mais les bibliobus ne sont-ils pas appelés un jour à diminuer en nombre ?
Le parking ne suffit plus : les stages de formation, les rencontres diverses avec les responsables des bibliothèques du département sont de plus en plus nombreux et attirent de plus en plus de monde. L’aménagement intérieur des magasins devra certainement, dans l’avenir, être remodelé.
Heureusement, des possibilités d’extension existent : le bâtiment est exhaussé sur rue d’un demi-niveau, ce qui a laissé, à côté d’un deuxième magasin à demi-enterré et non encore entièrement utilisé, de vastes espaces (plus de 300 m2), à aménager sous le hall d’entrée et la salle polyvalente.
Mai 1996